Revenant sur l’affaire du « don britannique » qui aurait été accordé à la Tunisie en 2018 durant son passage au Palais de La Kasbah, l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed, a catégoriquement démenti l’existence même de ce don et encore moins des 18 millions de dollars. Accusant certains médias de faire le buzz en échafaudant des scénarii montés de toutes pièces.
L’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est-il senti personnellement visé quand le président de la République, Kaïs Saïed, évoquait le dossier des prêts et dons octroyés à la Tunisie la dernière décennie ?
Plusieurs milliards détournés
Car, recevant, mercredi 3 août, la ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale pour évoquer les résultats de la mission d’audit menée sur les crédits et dons accordés à la Tunisie, les dix dernières années, le Chef de l’Etat avançait que d’énormes fonds ont été octroyés à la Tunisie et que les dépassements dans leur gestion sont « graves ». Affirmant que « des personnes ont bénéficié des dons octroyés à la Tunisie sans qu’elles ne soient inquiétées par la justice » et que « la justice fera son travail pour poursuivre ces personnes et restituer ces fonds, un bien du peuple tunisien ».
Pour rappel, il y a un an, le locataire du palais de Carthage avait indiqué le 27 août 2021, à l’occasion d’une réunion avec l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers, que « plusieurs milliards de dinars provenant de dons étrangers en faveur de la Tunisie auraient été détournés par certains responsables et versés dans leurs comptes personnels ».
Youssef Chahed : démenti indigné
Bien que le Président soit resté dans le flou, c’est son péché mignon, sans avancer des chiffres précis ni dévoiler le nom des responsables qui auraient détourné en leur faveur les dons étrangers, Youssef Chahed, ancien chef du gouvernement sous la présidence de feu Béji Caïd Essebsi, est revenu sur l’affaire du don britannique qui aurait été accordé à la Tunisie durant son passage au Palais de La Kasbah. Et ce, pour démentir, dans un post publié jeudi 4 août en cours sur sa page FB, l’information selon laquelle il aurait illégalement disposé de ce don. « La Tunisie n’a reçu ni fonds, ni don britannique et encore moins 18 millions de dollars », a-t-il souligné.
« Les dons, a-t-il expliqué doctement, sont soumis à des normes et à des accords entre les pays ; et la Grande-Bretagne n’a accordé aucun don à la Tunisie ».
« En effet, il existe un programme de renforcement des capacités et d’assistance technique entre la Tunisie et la Grande-Bretagne, lancé depuis 2014. Ce programme est soumis à un audit précis et à un plan préparé par des experts. Il consiste à faire appel à des experts et à des techniciens en planification, stratégie et communication pour appuyer les capacités de l’administration tunisienne. Cette coopération technique est menée par la Tunisie avec de nombreux pays et se poursuit encore aujourd’hui », a encore ajouté M. Chahed.
Et de marteler : « Le gouvernement n’a pas reçu de financement ou de don britannique. Le montant de 18 millions de dollars n’existe pas non plus. D’ailleurs, cette information a été démentie par l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie».
D’autre part, le président et fondateur de Tahya Tounes a menacé de poursuivre en justice les médias qui ont publié de « fausses informations portant des accusations sans la moindre preuve ou fondement en dépit du démenti, à plusieurs reprises, de l’ambassade britannique ».
Cette presse qui court après le buzz
«Nonobstant l’exigence qu’imposent la charte de la presse et les codes déontologiques, certains médias font tout pour le buzz en échafaudant des scénarii complètement imaginaires, lesquels sont relayés par des pages FB payantes. Et ce, sur la base d’un rapport d’audit sur les prêts, lequel n’a pas été encore publié, ni même consulté. Ce comportement est indigne et immoral ». Ainsi s’étranglait l’ancien chef du gouvernement.
Graves accusations
Selon des sources « bien informées », relayées par certains médias, le rapport de la commission relevant du ministère des Finances, remis, hier, au Président Kaïs Saïed, mentionne que le gouvernement de Youssef Chahed a gardé secret le montant du don britannique sans qu’il soit mentionné dans les sections du budget de l’État.
Une partie, ajoutent ces sources, a été dépensée au profit des journalistes et des sites médiatiques pour « donner une meilleure image du gouvernement Chahed » et « dénigrer » les protestations populaires qui ont éclaté entre janvier et février 2018, afin de faire croire qu’elles sont l’œuvre « de délinquants et de voleurs ».
Une affaire explosive. Nous y reviendrons.