Plusieurs articles ont été publiés ces derniers mois sur la question d’une éventuelle récession économique aux États-Unis, dans la zone euro et dans le reste du monde. Il est clair que l’économie mondiale fait face à plusieurs vents contraires importants et connaît un fort ralentissement en 2022. Il est moins clair que nous assisterons réellement à une récession mondiale.
Cette semaine, nous définissons et évaluons le risque de récession aux États-Unis, dans la zone euro et à l’échelle mondiale avant de conclure sur les conséquences que cela pourrait avoir sur les perspectives économiques.
La définition reconnue d’une récession est de deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB. Toutefois, la croissance du PIB mondial est si robuste que cette condition est rarement remplie et de nombreux analystes qualifient vaguement de récession un ralentissement brutal.
Tout d’abord, nous considérons l’économie américaine, qui ralentit rapidement et rend pour le moins optimiste l’idée que la Réserve fédérale (Fed) puisse organiser un atterrissage en douceur. Les indicateurs avancés, dérivés des enquêtes PMI, des marchés boursiers et des marchés du Trésor américain, indiquent tous une détérioration des conditions macroéconomiques américaines. En effet, le ralentissement de l’accumulation des stocks a déjà conduit à deux trimestres de contraction du PIB américain au premier et au deuxième trimestre 2022. Bien que cela puisse être interprété comme une récession technique, le Bureau américain d’analyse économique (BEA) pourrait décider de ne pas la considérer comme une récession officielle, car la consommation et d’autres indicateurs clés restent assez forts. Peut-être plus important encore, la Fed est devenue de plus en plus agressive dans le resserrement de sa politique, car l’inflation élevée s’est avérée plus persistante que prévu. La hausse des taux d’intérêt aura pour effet d’assombrir davantage les perspectives économiques des États-Unis et nous voyons maintenant une légère récession, avec de légères baisses du PIB probables au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 (graphique 1).
Ensuite, nous considérons la zone euro, qui voit une divergence entre le secteur manufacturier et les services. D’une part, la production industrielle souffre des blocages de la chaîne d’approvisionnement, de la hausse des coûts des intrants et de sentiment d’affaiblissement. D’autre part, le secteur des services bénéficie toujours d’un rebond de réouverture post-pandémie. À cela s’ajoute la dépendance de l’Europe à l’égard de l’énergie russe, qui est fortement restreinte par la guerre en Ukraine et qui pousse les prix européens de l’énergie à des sommets insoutenables. Même si la situation ne s’aggrave pas, le vent contraire des prix élevés de l’énergie devrait faire entrer la zone euro en récession, avec de légères baisses du PIB probables au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 (graphique 2).
Enfin, nous examinons les perspectives économiques pour le reste du monde (RdM). Le principal moteur de la croissance du PIB mondial est la réouverture continue des économies, les niveaux élevés de vaccination permettant de minimiser l’impact résiduel de la pandémie dans la plupart des pays. La Chine fait exception à la règle, mais les mesures de relance devraient permettre une reprise modeste, avec une croissance supplémentaire et sans risque de récession, malgré la stratégie Covid-Zéro de la Chine qui constitue un vent contraire persistant.
Dans l’ensemble, la progression continue de la Chine et du reste du monde devrait suffire pour éviter une récession mondiale, malgré la probabilité de récessions aux États-Unis et dans la zone euro (graphique 3). Ces perspectives supposent que les prix de l’énergie n’augmentent pas de manière significative et que les hausses de taux d’intérêt des principales banques centrales ne provoquent pas une crise financière avec un atterrissage brutal. Il est intéressant de noter que la prévision de croissance du PIB mondial d’environ 3 % en 2022 n’est que légèrement inférieure au taux de croissance moyen composé de 3,4 % depuis 1992.
Source : Analyse QNB