L’inflation galopante et la hausse annoncée des prix des carburants sont les principaux soucis économiques actuels.
Le cycle infernal n’est pas totalement maitrisé par les autorités monétaires car certains facteurs clés sont exogènes. Il faut examiner les tendances sur les marchés mondiaux des matières premières pour comprendre ce qui nous attend.
Stabilisation des prix des céréales
Pour les matières premières alimentaires, Fitch Ratings a indiqué que les prix mondiaux des céréales ont fortement chuté ces dernières semaines. Il y a de fortes chances que cette tendance baissière soit confirmée l’année prochaine.
L’amélioration de l’offre grâce à l’augmentation de la production par certains pays (Australie) et les livraisons programmées par l’Ukraine pourrait injecter 20 millions de tonnes de céréales sur les marchés. Soit une part importante des 45 millions de tonnes de céréales exportées par l’Ukraine l’année dernière.
Des facteurs macroéconomiques mondiaux poussent également dans cette direction. Le resserrement de la politique monétaire de la Fed fait craindre un ralentissement de l’économie mondiale l’année prochaine. Le ralentissement de la production industrielle globale est également compatible avec une baisse des prix des matières premières.
En même temps, quelques risques pèsent encore. La flambée des prix du gaz naturel européen, utilisé dans la production des engrais, pourrait inverser cette tendance et affecter le rendement des cultures. Le retour attendu du phénomène de La Niña plus tard cette année pourrait également perturber les récoltes.
Incertitudes pour le pétrole
Pour le pétrole, et après les pics des prix de juin, les contrats à terme sur le Brent ont cédé du terrain. Les préoccupations relatives au ralentissement économique mondial l’ont emporté sur l’impact des sanctions occidentales sur les approvisionnements en pétrole russe.
L’incertitude croissante quant aux fondements de l’offre et de la demande dans les mois à venir, l’éventail des prévisions de prix du pétrole s’est élargi au cours des dernières semaines.
Goldman Sachs, optimiste, voit les contrats à terme sur le baril de Brent atteindre une moyenne de 135 dollars entre le second semestre de 2022 et le premier semestre 2023. Standard Chartered estime un prix moyen du Brent de 103 dollars cette année.
Pour 2023, l’écart de prévision du Brent se creuse encore. Goldman s’attend à ce que le Brent atteigne en moyenne 125 dollars, soit 50 dollars de plus que Citigroup.
En moyenne, les banques d’investissement et les spécialistes prévoient un prix moyen du Brent de 112 dollars le baril cette année, un niveau qui devrait baisser pour atteindre une moyenne de 100 dollars en 2023.
L’inflation va perdurer
Nous devrons donc rester sur une tendance inflationniste élevée au moins durant la première moitié de 2023. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Les moyennes attendues pour les prix du pétrole confirment qu’il y aura encore des ajustements des prix à la pompe. Car le Budget ne supportera pas le coût de la compensation. Même avec la baisse du dollar et le retour à la normale pour les chaînes d’approvisionnement, il serait difficile de voir l’indice des prix à la consommation retrouver rapidement son niveau de fin 2021, les produits alimentaires et l’énergie représentant 33,7% de l’IPC.
Si la loi de Finances 2023 prendra l’hypothèse d’un baril à 100 dollars et d’un dollar dans les moyennes de 2022, vous pouvez imaginer les conséquences sur les dépenses; mais surtout sur les mesures nécessaires pour mobiliser les ressources. Un exercice difficile et qui pousserait les techniciens à un nouveau, et inévitable, tour de vis fiscal.