La Banque Mondiale, qui s’inquiète de l’inflation dans les pays de la zone MENA, donne sa recette pour contrer ce phénomène. Pour elle, il y a un besoin urgent de bonnes décisions politiques qui permettent une croissance durable. Tout en freinant la hausse des prix qui touche davantage les pauvres que les riches.
Ainsi, la Banque Mondiale détaille, en quatre politiques, ses recommandations.
1- Améliorer la qualité des dépenses publiques
Les pays de la région MENA, en particulier ceux importateurs de pétrole, ont une dette élevée et une marge de manœuvre budgétaire réduite. Ils doivent donc réorienter leurs dépenses dominées actuellement par les salaires, les subventions non ciblées et le service de la dette.
Même s’ils n’ont guère le choix à court terme, ces pays doivent améliorer la qualité de leurs dépenses. Et ce, en diminuant les subventions énergétiques non ciblées. De même qu’en réformant les entreprises publiques d’infrastructure; et en gérant la dette plus efficacement, afin de réduire son coût.
2- Renforcer la transparence de la dette
Par ailleurs, pour les pays actifs sur les marchés financiers souverains, il est important de ne pas surprendre les investisseurs. En particulier dans le contexte actuel d’endettement élevé et d’aversion au risque.
De ce fait, les autorités doivent garantir la confiance dans les données relatives à leur dette. L’expérience mondiale montre que les dettes cachées apparaissent souvent au pire moment, lorsqu’il y a déjà une crise.
Si pour le moment aucun incident de ce genre n’a eu lieu, les pays doivent être attentifs aux passifs éventuels. Et ce, qu’il s’agisse de garanties accordées à des entreprises publiques, que de garanties implicites ou d’autres passifs.
3- Echapper à la dépendance excessive à l’égard des banques centrales
La domination budgétaire désigne une situation où l’on s’attend à ce que les déficits et la dette publics soient monétisés. C’est-à-dire financés par les planches à billets.
Dans des circonstances ordinaires, la dette publique reste viable et sous contrôle grâce à une combinaison de croissance économique et de fiscalité. Mais les chocs et les mauvaises politiques peuvent pousser la dette à des niveaux insoutenables et conduire à des désirs que le Trésor public fasse appel à la Banque centrale.
Or, les banques centrales ne peuvent pas tout faire avec leurs réserves de change et la gestion de la monnaie et des systèmes bancaires. Elles ne peuvent pas en effet préserver la stabilité des prix si elles deviennent le prêteur de secours des gouvernements. Car, une fois la stabilité ébranlée, les réserves de change disparaissent rapidement.
Certains gouverneurs de banques centrales de la région MENA appellent déjà à une action urgente en matière de réformes structurelles et c’est compréhensible. Si les situations budgétaires s’aggravent et que les réformes structurelles ne progressent pas, la boîte à outils des banques centrales devient inefficace.
4- Protéger les pauvres et les personnes vulnérables
La flambée de l’inflation pousse déjà les ménages de la région vers la pauvreté. Car les dépenses alimentaires constituent une part importante de leurs budgets.
Alors que plusieurs pays évaluent les mesures qu’ils peuvent prendre pour réaffecter les dépenses, d’autres ont déjà mis en œuvre des programmes de réforme des subventions en faveur de mécanismes compensatoires ciblés pour protéger les pauvres de la hausse des prix des aliments et de l’énergie. De tels plans doivent être analysés pour s’assurer que les populations visées sont atteintes et reçoivent le bon montant de soutien.
La Tunisie est encore loin
Pour la Banque Mondiale, et malgré toutes les crises auxquelles la région MENA est confrontée et qui risquent d’affecter les réalisations de la dernière décennie en matière de développement, de bons choix politiques peuvent contribuer à améliorer la situation. Il est donc essentiel de limiter les programmes de subventions universelles et d’utiliser des systèmes de protection sociale basés sur des transferts en espèces. La Banque reste prête à aider les gouvernements à prendre ces décisions difficiles grâce à ses analyses, ses opérations de financement et son soutien aux politiques.
Concernant la Tunisie, nous pouvons dire que toute réforme dans ce sens reste difficile à accepter par la population. Cibler les subventions signifie les réduire; alors que les attentes réelles sont plutôt d’une plus grande générosité. La réduction de la masse salariale est impossible, idem pour les plans sociaux. Les entreprises publiques sont accablées par des dettes garanties par l’Etat. En réalité, et en dépit de toutes les bonnes intentions, nous restons loin de ces politiques recommandées par la Banque Mondiale. Il y a du pain sur la planche pour les locataires de la Kasbah.