Alors que les universités américaines caracolent au Top 10 du dernier classement Shanghai des meilleurs établissements d’enseignement supérieur au monde; à l’image du pays, aucune université tunisienne ne figure dans les 1.000 meilleures universités du monde. N’est-ce pas un signe de la faillite du système éducatif tunisien dans son ensemble? A méditer.
C’est sans surprise que la nouvelle édition 2022, publiée lundi dernier, du classement mondial des meilleurs établissements d’enseignement supérieur et réalisé depuis 2003 par le cabinet indépendant Shanghai Ranking Consultancy, reflète, une fois de plus, la domination absolue des établissements anglo-saxons. Lesquels comme l’an dernier, caracolent au Top 10. Avec, en effet, huit universités américaines et deux britanniques. Au total, 39 universités américaines figurent dans le top 100 contre 19 établissements de l’Union européenne … Qui dit mieux?
Les Anglo-saxons sur le podium
Ainsi, pour la 20ème fois consécutive, Harvard devance sa compatriote Stanford. Alors que pour cette année, une autre université américaine, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), occupe la troisième place du podium, reléguant la britannique Cambridge en quatrième position.
Suivent dans la tête du peloton, les universités américaines Berkeley (5ème) et Princeton (6ème) puis la britannique Oxford (7ème). L’américaine Columbia University figure au 8e rang, suivie par California Institute of Technology (9ème) et l’University of Chicago (10ème).
Les Français tirent leur épingle du jeu
A signaler que la France occupe la troisième après les Etats-Unis et le Royaume Uni. Ainsi, trois universités françaises figurent dans les 100 meilleures mondiales, en ayant également reculé de quelques places par rapport à l’an dernier. Ce sont: l’université Paris-Saclay, qui regroupe les ENS; l’université de Paris-Dauphine; et Mines-ParisTech, est classée 16ème. Celle-ci est d’ailleurs la première institution non anglo-saxonne du classement. Elle perd cependant trois places par rapport au classement de 2021.
La Sorbonne perd quant à elle huit places pour se retrouver en 43ème position. Néanmoins, elle brille pour ses formations en mathématiques et en océanographie (classées 3ème mondiale).
Arrivent ensuite, dans l’ordre, parmi les 1000 universités classées: l’université Paris Cité / Aix-Marseille / Grenoble-Alpes et celle de Strasbourg.
Avec les établissements français, 19 établissements de l’Union Européenne sont présents dans le Top 100 premières place. Parmi lesquelles également quatre en Allemagne et trois en Suède. La Chine est représentée par huit universités. L’établissement chinois le mieux classé, l’Université de Tsingua, figure à la 26ème place. Un classement tout à fait honorable.
Rigueur
Rappelons à cet égard que le cabinet indépendant Shanghai Ranking Consultancy prend en compte dans son classement six critères. A savoir: le nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les diplômés; le nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les enseignants-chercheurs; le nombre de publications dans les revues Science et Nature; le nombre de chercheurs les plus cités dans leurs disciplines; le nombre d’articles indexés dans Science Citation Index et Social Sciences Citation Index; enfin la performance académique, mesurée par ces cinq indicateurs, divisés par le nombre d’enseignants-chercheurs.
Soft power
Faut-il rappeler à ce propos l’importance qu’accordent les Etats et les établissements supérieurs au classement de Shangai?
Pour les universités, c’est l’opportunité d’accroître leur notoriété à l’international, d’attirer les meilleurs étudiants de l’étranger et de recruter des professeurs de talents.
Pour les Etats, ce classement est un outil majeur de soft-power permettant de montrer au monde entier l’efficacité de ses politiques publiques et d’attirer les meilleurs talents des quatre coins du monde.
Pourtant, le classement de Shanghai qui demeure une référence pour les milieux académiques mondiaux, ne manque pas de détracteurs qui lui reprochent de ne pas prendre en compte parmi ses six critères les innovations pédagogiques, le bien-être des élèves ou encore le taux d’insertion sur le marché et les perspectives de carrières.
Ces considérations expliquent, selon les voix qui critiquent la démarche de ce classement, la domination du classement par les universités américaines qui sont dotées de moyens considérables par comparaison aux autres pays. Cela s’explique notamment par la hauteur des frais de scolarité demandés à leurs étudiants. Pour rappel, une année à Harvard en undergraduate coûte environ 51 000 dollars auxquels s’ajoutent pour l’université les nombreux dons perçus tous les ans. A titre d’exemple, Standford dénombre plus de 79 000 donataires qui lui apportent plus d’un milliard par an depuis 2012.
Déclin
Enfin, que dire du déclin des universités tunisiennes? En comparaison avec les universités égyptiennes dont huit sont classées. Sachant qu’une est classée entre la 301 et la 400ème place. Ou des universités saoudiennes avec sept universités classées, dont deux entre la 101 et la 150ème place?
De la misère. Car, aucune université tunisienne ne figure dans le nouveau palmarès de Shanghai des 1000 meilleures universités du monde. Ainsi, l’Université de Tunis El Manar, qui était classée entre à la 901ème position en 2021, n’apparaît plus dans le nouveau classement. Elle figure, cependant, dans le classement thématique en santé publique, mathématiques, médecine clinique et économie.
Pour sa part, l’Université de Sfax était classée entre la 801 et la 900ème position en 2018. Depuis, elle n’est jamais réapparue dans ce classement. Elle figure, cependant, dans le classement thématique en science et technologie alimentaires.
Que dire de plus? Les chiffres parlent d’eux mêmes. No comment.