Prochaine mise en place de la Cour constitutionnelle; nouveau Code électoral dont la promulgation des textes sera annoncée dans les prochains jours; nouvelles politiques; restauration de la valeur du travail. Tels étaient les principaux sujets évoqués par le président de la République, Kaïs Saïed. Et ce, lors de son discours télévisé dans la soirée du mercredi 17 août en cours. Retour sur un discours, somme toute consensuel et fédérateur dans sa globalité. Et c’est une nouveauté.
Ainsi, à l’occasion de la ratification de la nouvelle Constitution après la proclamation des résultats définitifs du référendum du 25 juillet par l’Instance supérieure indépendante pour les élections, le chef de l’Etat a affirmé, lors d’un discours télévisé dans la soirée du mercredi 17 août, qu’aujourd’hui, « nous vivons un jour historique. Lequel n’est en aucun cas moins important que celui du 25 juillet de l’année en cours et celui de l’année dernière ».
Triple légitimité
Car, « lors de ce 25 juillet, le peuple fait coïncider la légitimité des urnes à la légitimité populaire ; voire la légitimité révolutionnaire ».
Et de s’emporter, lyrique: « Vous faites l’admiration du monde entier et ce depuis le 17 décembre 2010. Les historiens témoigneront que vous avez ouvert des perspectives illimitées avec vos moyens limités. Nous avons rectifié ensemble la trajectoire de la révolution et de l’histoire. Bien que l’obscurité ait régné depuis plus d’une décennie, le peuple n’a pas perdu espoir ». Pourtant, a-t-il conclu, « la route n’était pas pavée, mais semée d’embûches ».
Kaïs Saïed: « Une promesse est une promesse »
Pourtant, ajoute le chef de l’Etat « nonobstant la pandémie de Covid-19, la conjoncture mondiale, certains avaient tenté par tous les moyens de remettre en cause tout le processus. Ils avaient tenté de faire échouer le référendum, tout comme ils l’ont fait avec la consultation électronique. Mais nous avons tenu notre promesse et organisé le référendum à la date fixée, une promesse étant une promesse. Les Tunisiens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur volonté. Plusieurs autres Tunisiens n’avaient pas réussi à se déplacer, non pas parce que ce fut leur volonté, mais pour des raisons que vous connaissez. Ils ont tenté par tous les moyens de tout remettre en cause, mais vous les avez démentis ».
Kaïs Saïed enchaîne en affirmant: « Durant la période à venir, une nouvelle loi électorale sera mise en place. Même si les lois électorales ont un rang inférieur aux constitutions, leur impact n’en est pas moindre sur les institutions. »
Une nouvelle politique, mais laquelle?
Revenant sur le volet social, le Président reconnait que la majorité de nos concitoyens souffre d’appauvrissement. « Il est donc temps de mettre en place de nouvelles politiques et des législations différentes. Et ce, dans le cadre d’une approche nationale globale et non dans le cadre d’approches sectorielles isolées ayant déjà démontré leur échec »
Et d’ajouter: « Notre jeunesse constitue une richesse. Il faut lui accorder les moyens nécessaires pour contribuer au développement. Et c’est pour cela que nous avons prévu la chambre nationale des régions et des districts. Avec ces choix, le travail retrouvera sa valeur et la justice escomptée sera réalisée, tout comme la dignité nationale. Nous travaillerons ensemble, durant la prochaine période, avec la même détermination et la même volonté ».
Allusion aux collectivités locales, à ses yeux moteurs du développement économique régional? Un projet chimérique inspiré par un dogmatisme d’un autre âge, voué de surcroît à l’échec par les froides exigences de l’économie.
Garde-fou
Mais, trêve de discours enflammé et place aux actes. A cette occasion, le président de la République a devancé le vœu le plus cher de toute la classe politique tunisienne en promettant que la Cour constitutionnelle « sera installée dans les plus brefs délais ». Et ce, dans le but « de protéger la nouvelle Constitution. Mais aussi pour préserver les droits et les libertés, qui sont, désormais, plus nombreux que ceux indiqués dans l’ancienne constitution de 2014 ».
« La Cour constitutionnelle sera un rempart pour les droits et les libertés inclus dans la Constitution », assure le locataire du palais de Carthage.
Kaïs Saïed ne croyait pas si bien dire. Car, dans un régime présidentialiste où tous les pouvoirs sont concentrés dans une seule main, la Cour constitutionnelle représente à l’avenir un rempart et un garde-fou contre toute tentation de dérive autoritaire. Donc, à priori contre lui-même…