Heureux sont ceux qui par cette canicule se permettent de louer une villa meublée à Kélibia la Blanche. Une plage de sable fin et une eau limpide sont au rendez-vous d’un séjour agréable. Bien agréable si ce n’est le comportement de quelques « samasar ».
A Kélibia la Blanche, les rues ne portent pas de nom. Les pancartes invitant les passants à prendre contact avec un « samsar », sorte d’agent immobilier chargé par les propriétaires à louer leur demeure, sont par contre nombreuses et variées. On en trouve partout, aux quatre coins de rues, sur les portes des maisons, sur les clôtures, sur les poteaux d’éclairage public,…
Ces « samsar » sont les maîtres des lieux louant les demeures cossues à la semaine. Toutes ou presque comportent trois chambres et bien plus, quelquefois sur un ou deux étages. Elles sont, aux dires de Nouredine, « samsar » de son état, des résidences secondaires. Leurs propriétaires exercent des professions libérales ou sont installés à l’étranger. Quelques demeures sont inachevées et sont en chantier. Les camions transportant les matériaux de construction ou encore les grues et autres trax et pelles mécaniques sont du reste bien visibles.
7 ème plage
Entre 1500 et 2500 dinars la semaine, tel le prix de la location qui débute et se termine généralement le dimanche. Et ce, entre fin juin jusqu’à la mi-septembre. La plage est du reste toute proche, à cinquante mètres ou beaucoup moins. Une plage parmi les belles de Kélibia, connue sous le nom du Petit Paris. C’est sans doute en pensant à cette plage que le magazine américain « Daily News Dig », spécialisé dans le voyage et le divertissement, a classé la plage de Kélibia 7 ème meilleure plage de la Méditerranée.
La plage du Petit Paris est une plage de sable fin, avec une eau limpide, qui s’étend sur environ 1 kilomètre et qui est bordée aux extrémités par quelques espaces rocheux. Une plage bondée notamment les week-ends et les jours fériés. Période au cours de laquelle, les voitures des estivants se garent sur une centaine de mètres tout le long de la chaussée qui descend de la plage vers le quartier d’Al Mansoura, situé en contre-bas. « Cela ressemblerait quelquefois au « Gange », fleuve sacré de l’Inde, lieu de pèlerinage », fait remarquer, sans une pointe d’humour, Samir B.M., homme d’affaires habitant Tunis, qui habite les environs. La ville de Kélibia triplerait sa population (40 000 habitants) en juillet-août !
Pendant le séjour tout se passe souvent bien. Excepté les désagréments causés par quelques « samsar » « avec lesquels il faut bien négocier les prix », assure Samir B., originaire d’Hammam-Lif, dans la banlieue sud de Tunis, qui dit avoir risqué d’être « roulé dans la farine ». Grand, short et tee-shirt gris, cheveux en broussaille, notre interlocuteur nous dit que les « samsar » ne sont pas toujours « très corrects ».
Ils mangent à tous les râteliers
« L’un d’entre eux m’a donné un prix très élevé et lorsque j’ai appelé le propriétaire que je connais bien, je me suis rendu compte qu’il avait ajouté 200 dinars au prix convenu ». En fait, déclare un estivant, les « samsar » mangent, pour ainsi dire, à tous les râteliers : ils se servent auprès du propriétaire et du locataire. Ce qui est de bonne guerre : ils vivotent pendant le reste de l’année vivant de petits métiers et la saison estivale est bel et bien pour eux « celle des moissons ».
Mais ce n’est pas tout : les maisons dites meublées ne sont pas « aussi meublées que ça », explique Ezzedine qui a dit avoir été un tant soit peu « arnaqué ». Ce commerçant de Béjà témoigne. « Il n’y avait pas assez de cuillères et de fourchettes, en plus le four micro-onde ne fonctionnait pas et le boucan du climatiseur nous empêchait ma femme et moi de dormir ». « En plus, une fois l’argent reçu, le « samsar » ne s’est plus manifesté ; et ce, malgré les incessants appels », ajoute-t-il.
Il faut reconnaître que les locataires en sont pour quelque chose : ils ne prennent que peu soin des équipements et du mobilier. Les « samsar » ne sont pas, par ailleurs, bien derrière. Ils n’assurent pas le suivi et les améliorations qui s’imposent.
Des locations qui se font sans que la municipalité de Kélibia et les services des impôts de la région n’interviennent. Et Ezzedine réclame qu’il est « nécessaire de donner un bon coup de pieds dans la fourmilière » en organisant l’activité de la location estivale des villas. Nécessité donc pour lui que des contrats de location soit établis et que les propriétaires s’obligent à s’acquitter de leur devoir fiscal. « Ce qui serait mieux pour tout le monde », conclue-t-il.