Il y a aujourd’hui ce qu’on pourrait appeler une crise au niveau de l’approvisionnement du café. Cela s’observe à l’œil nue. Mais, nos dirigeants n’en parlent pas. Comme si l’opinion n’avait pas droit à un éclairage. Et les déclarations répétitives sur les spéculateurs et autres malfrats ne suffisent plus à convaincre.
Circulez y’a rien à voir. Voici, pour résumer, l’attitude adopté par nos gouvernants concernant nombre de questions relatives à leur vécu quotidien. On le voit ainsi pour des préoccupations comme c’est le cas ces jours-ci celles concernant la pénurie constatée au niveau de certains produits ou encore ce qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un rationnement ; celui du café. Les citoyens n’étant autorisés qu’à acheter 200 grammes au plus.
A se demander souvent si nos gouvernants comprennent qu’il y a dans le pays une opinion publique et que celle-ci a droit d’être mise au parfum de ce qui se passe. Pour le comprendre, il suffit d’observer ce qui se passe dans d’autres démocraties, maintenant que nous prétendons avoir assuré la mutation d’un régime dictatorial à un régime où le peuple est roi.
Informer l’opinion
Sous d’autres cieux, donc, les questions vitales ne sont jamais passées sous silence. Et quand on n’agit pas, comme on le fait, encore une fois aujourd’hui, pour informer les citoyens des tenants et aboutissants des affaires qui le concernent, on se révolte contre ceux qui pêchent dans les eaux troubles et qui font propager les rumeurs les plus folles.
N’y a-t-il pas lieu de ce fait lieu d’organiser des briefings réguliers ou encore de publier des communiqués pour informer l’opinion ? Ou faut-il laisser cette dernière dans l’opacité pour des sujets qui la concernent au premier chef ? Là aussi, il faut ouvrir les yeux sur ce qui se fait dans le monde. A commencer dans les pays qui se situent dans nos environs.
Pour le citoyen rien ne change
Et à force de pratiquer la politique du motus et bouche cousue, on ne fait que détériorer le capital-confiance dont pourrait bénéficier tout gouvernement. Car, il ne faut pas pratiquer la politique de l’Autriche et ignorer que l’opinion se pose des questions sur les pénuries et les rationnements auxquels elle est régulièrement exposée. A moins de considérer, comme on dit, qu’elle compte pour du beurre. Et, dans le cas d’espèce, les quelques déclarations faites régulièrement au sujet des spéculateurs et autres malfrats qui perturbent l’écoulement des produits ne résolvent pas les problèmes. D’autant plus qu’elles sont répétitives sans que l’on voie le bout du tunnel.
Pour le citoyen rien ne change, et ce malgré les accalmies observées de temps à autres : la pénurie n’est pas du reste permanente. Il faut le reconnaître : il y a et au-delà des spéculateurs, une question d’approvisionnement du marché. Et incontestablement un manque de liquidités au niveau de l’Etat qui, par les temps qui courent, est en manque de sous pour satisfaire les besoins de consommation de la population.
Absence d’empathie
Et dans le même ordre d’idées, il est clair qu’il y a quelque part du côté de nos gouvernants une quasi absence d’empathie et sans doute une courte vue. Donc, une difficulté qu’ils puissent se mettre à la place des opérateurs et des citoyens. Comment expliquez, par exemple, que, dans cette histoire de pénurie ou rationnement de café, l’on ne puisse pas prendre en considération le fait que cela va inéluctablement avoir des conséquences sur l’emploi. Et supposons qu’un cafetier licencie un de ses employés parce qu’il n’a plus les moyens de satisfaire toute la demande, cela ne peut-il pas avoir des conséquences sur les versements opérés au profit de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS)? Elémentaire, mon cher Watson, aurait dit quelqu’un de fort connu.
Et l’on ne pourra peut-être terminer cet article sans évoquer cette réflexion de l’ancien député d’avant 2011 et un commis de l’Etat, Lazhar Dhifi, qui a déclaré, au sujet de ce qui ressemble bien au rationnement du café, que celle-ci sera bien ressentie par les classes populaires, dont beaucoup de membres fréquentent les cafés. Ces derniers ressentiront alors l’acuité de la crise que traverse le pays et l’incapacité de l’Etat à lutter contre elle ». Sans oublier que ceci « constituera, à coup sûr, un des thèmes évoqués dans les cafés ». Il fallait y penser. Mais, arrive-t-il encore à nos dirigeants de penser ?