Le forum afro-nippon TICAD 8 a-t-il tenu ses promesses? Si l’Afrique semblait rafler la mise avec une enveloppe de 30 milliards de dollars promise par Tokyo durant les trois prochaines années, la Tunisie n’aurait ramassé que des miettes. Pourtant, tout dispose notre pays, de par son emplacement géostratégique, à attirer les investissements des grandes puissances. En l’occurrence la Chine, l’Inde, le Japon, les États-Unis et l’Europe, soucieux de mettre un pied économique en Afrique.
Il ne faut pas bouder son plaisir. L’organisation matérielle de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement en Afrique (TICAD 8)- initiée par le Japon avec les Nations unies, la Banque mondiale et l’Union africaine, les 27 et 28- a été impeccable. Et d’ailleurs unanimement saluée par l’ensemble de nos invités dont le Japon, pays organisateur. Lequel n’a pas tari d’éloges sur la qualité de l’accueil réservé par la Tunisie à tous ses convives.
Une parfaite organisation
En effet, l’organisation logistique jusqu’à l’accueil et le niveau de participation ont démontré une fois de plus le savoir faire tunisien dans ce genre d’organisation événementielle. Preuve que nous sommes capables du meilleur, à condition que la volonté politique existe.
Au final, un roi, Mswati II du royaume d’Eswatini, huit présidents (Sénégal, Comores, Gambie, Seychelles, Guinée-Bissau, Burundi, Centrafrique et Madagascar), 50 délégations et près de 5 000 participants ont participé à ce forum économique. En dépit de l’absence du Premier ministre japonais Fumio Kishida, pour cause de Covid, qui semble avoir influé sur la participation des chefs d’État.
Sur le plan politique, notons qu’une demande formulée par l’ensemble des pays africains et appuyée par le Japon, réclame deux sièges permanents et cinq non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’Afrique rafle le jackpot
Et que dire du volet économique et financier? Le jackpot est revenu à l’Afrique, le Japon accordera au continent une enveloppe de 30 milliards de dollars durant les trois prochaines années. Ajoutant que « les investissements dans les secteurs public et privé seront d’un montant d’environ 4 milliards de dollars à travers l’Initiative de croissance verte en Afrique ».
De plus, au total, plus de 30 accords ont été signés entre le pays du soleil-levant et les pays africains durant cet évènement. Lequel a enregistré la participation de 300 hommes d’affaires, dont 100 japonais représentant les 50 plus grandes entreprises économiques japonaises et internationales, 100 hommes d’affaires africains et 100 hommes d’affaires tunisiens.
Des miettes pour la Tunisie
Et qu’en est-il de la Tunisie dont la part du gâteau semble modeste, voire au dessous de nos espérances?
Ainsi, le coordinateur médiatique de la conférence, Mohamed Trabelsi, a précisé lors dune conférence de presse à la clôture du Sommet afro-nippon, que la part de la Tunisie sur le total des accords signés est de trois accords relatifs au financement de projets pour les start-up et le secteur des assurances. En plus d’un projet de dessalement d’eau de mer.
A noter que le secteur privé tunisien a présenté une liste de projets d’investissement d’une valeur de 2,7 milliards de dollars, dont 81 projets, des secteurs des énergies renouvelables et les nouvelles technologies.
Pour sa part, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a indiqué que la Tunisie a proposé 47 projets bilatéraux et en partenariat entre les secteurs public et privé. Notant que l’étude des projets « devra être plus approfondie avec une programmation des financements sur les trois prochaines années ».
A signaler également que selon le vice-président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat Hichem Elloumi, le volume des investissements japonais en Tunisie s’élève à 864 millions de dollars. Et ce, majoritairement dans les secteurs industriels, notamment celui des composants automobiles.
« Le secteur privé tunisien a présenté une liste de projets d’investissement d’une valeur de 2,7 milliards de dollars, dont 81 projets, des secteurs des énergies renouvelables et les nouvelles technologies »
Toujours selon M. Elloumi, les investissements japonais en Tunisie offrent environ 14 000 emplois. Alors que la balance commerciale entre les deux pays penche en faveur du Japon, qui exporte vers la Tunisie des biens d’une valeur de 500 millions de dinars. En contrepartie, les exportations tunisiennes ne dépassent pas 140 millions de dinars.
Enfin, et en signe de conclusion, et quand on prend en compte le fait que tout le monde veut mettre un pied économique en Afrique, y compris la Chine, l’Inde, les États-Unis, l’Europe… Mais aussi l’ex-empire du Soleil-levant, dont un peu plus de 500 entreprises sont présentes en Afrique et 70% des investissements se concentrent sur l’Afrique du Sud. Il est donc impératif pour nous de saisir cette occasion en or.
D’autant plus que la Tunisie de par son emplacement géostratégique et la qualité de sa main-d’œuvre ne doit pas se contenter d’un modeste rôle de « passerelle » qu’on enjambe allègrement pour s’ouvrir sur le continent africain. Nous valons mieux que cela…