Le gouvernement continue sa gestion hyper prudente de son budget. Au cours des six premiers mois, le déficit a été limité à -470,8 MTND. Un montant largement acceptable par rapport aux réalisations du premier semestre 2021 (-1 900,9 MTND) et des prévisions pour l’ensemble de l’exercice 2022 (-9 308 MTND).
Pour qu’une telle performance du budget soit atteinte, le gouvernement a tenté de maximiser ses recettes propres qui ont totalisé 19 323,3 MTND. Soit une hausse de 22,2% en rythme annuel. Les recettes fiscales se sont établies à 17 471,9 MTND. En amélioration de 19,0% par rapport à la même période en 2021. Ces chiffres sont le résultat des changements réglementaires des dernières années. Durant lesquelles il y a eu des réformes qui ont touché les sources clés de revenus fiscaux. A savoir les impôts sur le revenu (5 210,2 MTND) et la TVA (4 958,9 MTND). Ensemble, ils représentent 58,2% des recettes fiscales de la période.
Contrôle des dépenses
En parallèle, les dépenses publiques n’ont évolué que de 7,7% à 18 980,7 MTND. Comme attendu, la priorité est aux rémunérations (10 551,3 MTND) ; soit 55,6% de l’ensemble des charges totales. En d’autres termes, pour chaque dinar de recettes fiscales, 604 millimes sont attribués aux salaires. Toutefois, il faut tenir en compte du fait qu’il s’agit d’une masse salariale brute, donc une partie est récupérée sous forme d’impôts sur le revenu.
Les dépenses d’intervention ont totalisé 4 051,9 MTND, dont 2 111,8 MTND de subventions. Ainsi, pour chaque dinar de recette fiscale, 120 millimes vont à la Caisse de compensation. Cette enveloppe a été répartie entre 400 MTND de subventions des matières de base, 296,8 MTND pour le transport et 1 415 MTND pour les carburants.
Investissement public en berne
Cette gestion signifie qu’il reste très peu de ressources pour l’investissement public qui n’a consommé que 1 502,2 MTND. L’Etat continue à minimiser le recours à l’endettement, avec un endettement net de -342,6 MTND. En dépit de toutes les difficultés, la Tunisie est parvenue à mobiliser 5 393,5 MTND de dettes extérieures, dont 2 089,4 MTND grâce à l’accord avec l’Afreximbank, 966,1 MTND auprès de l’Union Européenne, 861,6 de l’Algérie et 498,9 MTND de la Banque Mondiale.
Globalement, le premier semestre reste très soft. Toutefois, il ne faut pas oublier que le déficit aurait été plus important si l’Etat a remboursé ses fournisseurs locaux et étrangers. Le paiement des dettes ne pose pas de soucis, et le Trésor a pu gérer les échéances sur le marché local. Le remboursement des prêts extérieurs continue selon le calendrier prévu (2 983,2 MTND fin juin 2022, soit 49% des estimations pour l’ensemble 2022).
Le plus dur reste à affronter lors des mois à venir, surtout le dernier trimestre. D’ailleurs, la mobilisation de ressources a été lancée avec la nouvelle tranche de l’Emprunt obligataire national, sans oublier les pourparlers avec le FMI. C’est également crucial pour le budget de l’année prochaine, en pleine phase de préparation.