Alors qu’il était pressenti par certains médias pour trôner au palais de la Kasbah, le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine a vivement démenti ces rumeurs. En affirmant « ne pas être intéressé par ce poste ». Tout en rendant un vibrant hommage à la cheffe du gouvernement, Najla Bouden. En effet, il lui attribue visiblement le mérite de la normalisation par la France de la délivrance de visas en Tunisie.
Bonne surprise au milieu de la grisaille ambiante. Le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine et son homologue français Gérald Darmanin viennent d’annoncer en grande pompe la normalisation par la France de la délivrance de visas en Tunisie avec « effet immédiat ». Serait-ce l’aboutissement logique de la dernière visite de Mme Najla Bouden?
Punition
Que de chemin parcouru. Car, souvenez-vous, l’automne dernier, la France décidait d’une manière cavalière et même avec une certaine arrogance de durcir les modalités d’octroi des visas aux ressortissants des pays maghrébins. Et ce, « afin d’inciter ces pays à faire des efforts en matière de coopération et de lutte contre l’immigration illégale. Ainsi que pour améliorer l’accueil de leurs ressortissants sous le coup d’une expulsion de France ». Dixit le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal sur Europe 1 le 28 septembre 2021. Celui-ci ajoutait que « certains pays refusent de délivrer des laissez-passer consulaires qui permettent d’éloigner une personne et de la reconduire dans son pays d’origine ».
« C’est une décision drastique, c’est une décision inédite. Mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France ». Ainsi finissait-il par reconnaitre.
Un mois après cette annonce, plusieurs demandeurs de visa avaient du mal à décrocher un rendez-vous auprès du centre TLS. Des universitaires, médecins et étudiants virent leur demande rejetée.
Revirement
Revirement spectaculaire. Le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine a eu hier soir, mercredi 31 août, une communication téléphonique avec son homologue français, Gérald Darmanin. Et ce, dans le cadre du suivi des résultats de la visite effectuée par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, en France.
Lors de l’entretien, « le ministre de l’Intérieur français a fait part à son homologue tunisien de la décision de son pays de revenir, immédiatement, à la cadence normale, en matière d’octroi des visas aux ressortissants tunisiens ». C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué rendu public par le département de l’Intérieur tunisien. Ainsi, tout est bien qui finit bien!
Au ministère de l’Intérieur français, on nous explique que la Tunisie était le premier des trois pays à lever les tests sanitaires demandés pour pouvoir entrer sur le territoire. En outre, on souligne « les grands progrès réalisés » par la Tunisie en matière de coopération. Sachant qu’il était prévu que le dispositif de réduction du nombre de visas délivrés par la France aux ressortissants de ces pays pouvait être revu en fonction des « efforts » accomplis.
Pour sa part, l’ambassade de France en Tunisie a annoncé, lundi 1er août 2022, que 50.000 demandes de visas avaient été traitées entre janvier et mai 2022. Précisant qu’avec une moyenne de 500 dossiers traités par jour, le nombre de demandes de visa pour la France était deux fois plus supérieur qu’à celui de 2020 et 2021. Et que les Tunisiens venaient en quatrième place sur le classement des nationalités à qui la France a délivré le plus de visas.
Le doigté de Mme Bouden
Alors, peut-on déduire que le « geste » français est l’aboutissement logique de la dernière visite de Mme Najla Bouden en France, où elle fut chaleureusement accueillie à Matignon? « J’ai redit ce matin à Najla Bouden, cheffe du gouvernement tunisien, mon attachement à la relation qui unit nos deux pays ». Ainsi déclarait Mme Borne, Première ministre de la France, sur son compte twitter.
Oui, si on se référait à la visite de travail qu’elle a effectuée à Paris, entre le 29 et le 31 août 2022. Durant laquelle, la cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, s’est réunie mardi 30 août 2022, avec Élisabeth Borne.
Sachant qu’au cours de la séance de travail à Matignon, Mme Bouden réussissait manifestement à convaincre son homologue française d’assouplir les mesures restrictives autour de l’octroi des visas et cartes de séjour. Mission accomplie.
Hommage
D’ailleurs, le ministre de l’intérieur Taoufik Charfeddine a rendu un vibrant hommage à la locataire du palais de la Kasbah. En exprimant « sa grande considération à la cheffe du gouvernement Najla Bouden ».
En effet, s’exprimant devant des journalistes, jeudi 1er septembre 2022, au Club de la sécurité nationale à la Soukra, M. Charfeddine a affirmé « que le travail exercé par Najla Bouden est très honorable ». Tout en réitérant « son grand respect à la cheffe du gouvernement ».
D’autre part, il affirme, dans une assez cocasse déclaration, que contrairement à ce que laissent croire certaines sources « je ne suis pas qualifié pour le poste de chef du gouvernement. Et je n’ai aucune ambition politique ». Surprenant!