L’euro est passé sous la barre des 99 cents pour la première fois en 20 ans, ce matin. La monnaie commune s’échangeait autour de 0,9918 par rapport au dollar à midi heure de Tunis. Et ce, après avoir atteint un plus bas de 0,9881 plus tôt dans la journée.
L’indice du dollar, qui mesure le billet vert par rapport à six grandes devises, a également atteint un nouveau sommet en deux décennies. Alors que la livre sterling a glissé en raison des craintes concernant l’approvisionnement en énergie et la croissance économique européenne.
La bombe russe
Vendredi, Gazprom a déclaré qu’il ne reprendrait pas ses livraisons de gaz naturel à l’Allemagne par le gazoduc Nord Stream 1, en raison d’une turbine défectueuse. Cette annonce a été faite quelques heures après que le G7 s’est mis d’accord sur un plan visant à plafonner le prix du pétrole russe. Le prix du gaz s’est envolé à 282,5 € par mégawattheure.
L’annonce intervient aussi quelques jours avant une réunion de la Banque Centrale Européenne ce jeudi. Au cours de laquelle les économistes s’attendent à ce qu’elle relève son taux de dépôt de référence de 0% à 0,5%, ou même 0,75%. Il y a une inquiétude profonde sur la capacité de l’Europe à répondre à ses besoins énergétiques cet hiver ainsi que sur la croissance. Dans les salles de marché, les investisseurs cherchent à vendre à découvert l’euro et les obligations souveraines européennes, dont les rendements ont connu une flambée au cours du mois dernier en raison de ces anticipations de hausse des taux d’intérêt.
Possible intervention des Etats
Concrètement, les marchés sont en train de vendre toute mauvaise nouvelle liée aux flux de gaz russe. Tout en étant réticents à se rallier à toute amélioration marginale de la crise énergétique. Cependant, il y a une chance que ces mauvaises nouvelles deviennent progressivement bonnes.
En fait, les marchés sous-estiment la possibilité d’une intervention politique de la part des gouvernements afin de réduire les risques de stagflation sur le continent. Cela signifie qu’en réalité, la probabilité d’une hausse de l’euro contre le dollar ne diffère significativement pas de celle d’une nouvelle baisse. Un premier signe est venu de l’Allemagne, où le gouvernement allemand a annoncé un paquet de 65 milliards d’euros pour réduire les factures énergétiques des consommateurs et soutenir les entreprises.
Enfin, un nouveau cycle haussier des prix des carburants n’est pas à exclure; après la décélération des prix ces dernières semaines. Pour Tunis, il faut être vigilant. Car l’effet combiné de l’appréciation du dollar, du cours du baril et des taux d’intérêt est nocif. Les hypothèses du budget 2023 seront très rigides et vont peser sur la marge de manœuvre du gouvernement.