Alors que les sécheresses s’aggravent dans le monde, les investisseurs mettent davantage de pression sur les entreprises qui gaspillent l’eau. Ainsi, ils tentent de choisir des gagnants parmi une poignée de sociétés cotées de niche qui cherchent à résoudre le problème, déclare Reuters.
La crise de la pénurie d’eau douce a attiré l’attention des décideurs politiques et a donné à des millions de citoyens une nouvelle fenêtre sur l’état stressé de la planète, du Kenya à la Californie et à environ 50% du continent européen.
Dans ce contexte, un groupe d’investisseurs qui gèrent environ 10 000 milliards de dollars a déclaré récemment qu’il prévoyait d’intensifier ses efforts pour faire pression sur les conseils d’administration. Et ce, afin qu’ils gèrent mieux cette importante ressource et puissent voter contre les dirigeants des entreprises en retard.
En effet, l’avantage tiré de cette action est clair. Car l’analyse de la plateforme de divulgation environnementale en mai dernier a montré que les sociétés cotées pourraient subir des pertes d’au moins 225 milliards de dollars en raison des risques liés à l’eau.
« Ces événements ne sont plus loin de nous, ils se produisent déjà ». Ainsi souligne Dexter Galvin, directeur mondial des entreprises et des chaînes d’approvisionnement chez Environmental Disclosure.
Le risque élevé de sécheresse incite les entreprises à rechercher des solutions
Toyota a également suspendu les opérations de production dans une usine de la province chinoise du Sichuan. Et ce, en raison d’une pénurie d’électricité due à la sécheresse, récemment.
Selon les Nations Unies, la prise de conscience de la gravité de la situation, avec 2,3 milliards de personnes vivant actuellement dans des pays en situation de stress hydrique, a conduit un certain nombre de gestionnaires d’actifs à lancer des fonds d’actions afin de tirer parti de l’intérêt croissant des investisseurs pour aider à trouver une solution.
Les données mondiales de la plateforme Morningstar Direct partagées avec Reuters montrent que 23 fonds de l’eau ont été lancés au cours des cinq dernières années. Avec des actifs collectifs de 8 milliards de dollars à la fin du mois de juillet dernier.
Le stress hydrique affecte les performances des centres de données des géants de la technologie
Par ailleurs, les centres de données sont devenus partie intégrante d’une économie mondiale alimentée par l’information numérique. C’est ce qui ressort d’une déclaration du site web de la radio nationale américaine NPR.
Cependant, de nombreuses installations dépendent de l’eau pour se protéger contre la surchauffe. Cela met donc à rude épreuve les ressources en eau dans des endroits comme la Californie. Où le lac Oroville est sur le point de disparaître, à cause de graves sécheresses alimentées par le changement climatique.
Or, des centres de données émergent partout dans le monde pour gérer le torrent d’informations provenant du vaste réseau d’appareils ancrés dans la vie des gens et dans l’économie. La gestion du flux d’informations numériques est une tâche essentielle qui s’accompagne de coûts environnementaux souvent cachés.
Selon un article co-écrit l’année dernière par Arman Shehabi, chercheur au Lawrence Berkeley National Laboratory, la dépendance à l’eau pose un risque croissant pour les centres de données. Car les besoins informatiques augmentent de façon exponentielle en même temps que le changement climatique exacerbe les sécheresses.
D’ailleurs, environ 20 % des centres de données aux États-Unis dépendent déjà de bassins versants soumis à un stress moyen à élevé dû à la sécheresse et à d’autres facteurs.
Cependant, relativement peu d’entreprises ont accepté de parler publiquement de la question en raison de l’attention limitée qu’elle reçoit encore. Stainalitics, qui évalue les risques liés aux problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance, a récemment déclaré avoir examiné 122 entreprises qui exploitent des centres de données. Et elle a constaté que 16% avaient divulgué des informations sur leurs plans de gestion des risques liés à l’eau.