La Banque Mondiale vient de publier le bulletin de la Conjoncture de l’économie tunisienne intitulé: « Gérer la crise en temps d’incertitudes ». Dans une première partie, le bulletin met l’accent sur les dernières évolutions économique, perspectives et risques. « Pourquoi la Tunisie devrait réformer les subventions des céréales », tel est le thème de la deuxième partie.
Selon la Banque mondiale, la guerre en Ukraine et l’accroissement des prix sur les marchés internationaux sont venus exacerber les vulnérabilités de l’économie tunisienne durant les premiers mois de 2022. Les conséquences de la guerre ont commencé à se faire sentir dans la mesure où le déficit commercial s’est creusé de 56% durant les six premiers mois de 2022 atteignant 8.1% du PIB. La baisse de la production de pétrole-gaz et l’augmentation de la demande de produits énergétiques et agricoles ont aggravé la vulnérabilité de la balance commerciale aux aléas des marchés internationaux.
Perspectives de croissance très incertaines
Dans un contexte mondial difficile, la reprise semble plus faible que précédemment prévu. « Avec un taux de taux de croissance prévu de 2,7%, l’économie semble sur une trajectoire de croissance légèrement inférieure à celle précédemment prévue », souligne la Banque mondiale dans ce bulletin.
En effet, si le rythme de croissance continue (soit 0.8 point de croissance trimestrielle comme c’était le cas, en moyenne entre le deuxième trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022), l’économie pourra réaliser une croissance annuelle de 2.7% en 2022.
Cela permettrait au PIB d’atteindre 96.8% du niveau de 2019 (contre 95% en 2021). Toutefois, si la tendance de reprise pré-guerre se poursuit (1.27 point de croissance entre le deuxième trimestre 2021 et le premier trimestre 2022), l’économie pourra réaliser un taux de croissance de 3.1%.
Ce scenario optimiste est moins probable que le premier dans la mesure où l’effet rebond du second semestre de 2021 risque de s’estomper en raison des conséquences de la guerre.
En revanche, si la baisse de la demande européenne se confirme et les conséquences des restrictions budgétaires se font sentir à court terme (baisse de la consommation, baisse de l’investissement public), la tendance positive risque de s’inverser et un scénario pessimiste peut conduire à une croissance en 2022 de 2.4%.
L’accroissement du prix de l’énergie et des aliments sur les marchés internationaux se traduira par un accroissement du déficit budgétaire, ce qui exacerbe les déficits jumeaux. La pénurie de céréales sur les marchés internationaux risque d’entrainer de nouveaux risques au niveau de la disponibilité sur le marché domestique. Le déficit budgétaire risque d’atteindre 9.1% en 2022 contre 7.4% en 2021.
Les recettes fiscales pourraient augmenter grâce à quelques mesures pour mobiliser des impôts indirects supplémentaires. Les dépenses d’investissement pourraient diminuer en termes nominaux et en proportion des recettes fiscales. Et ce, si les réformes des subventions, de la fonction publique et des entreprises publiques ne sont pas mises en œuvre. Le financement du budget reste problématique vu l’importance du déficit budgétaire dans un contexte d’endettement stable à des niveaux assez élevés.
L’évolution des marchés internationaux rend plus urgent un solide programme de réformes, y compris du système des subventions alimentaires. Alors que la guerre en Ukraine a exacerbé les difficultés économiques, le gouvernement a annoncé un programme incluant plusieurs mesures pour soutenir l’économie et l’inclusion sociale. Une des propositions de réformes de ce programme est l’adoption d’un ajustement des prix des produits de base subventionnés. Tout en compensant les dépenses des ménages pour l’augmentation des prix qui suivra la levée progressive de la subvention.
(Source : Banque mondiale)
Nous y reviendrons