La Banque Centrale Européenne (BCE) devrait avancer une série de hausses de taux au détriment de la croissance en raison de la flambée de l’inflation qui devrait atteindre les deux chiffres au cours des prochains mois. Une augmentation de 75 points de base est fortement probable. L’idée est que les hausses anticipées peuvent avoir un impact plus important sur les attentes en matière d’inflation qu’une approche plus graduelle.
L’arrêt récent des livraisons de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 1 n’a pas seulement fait baisser les actions et augmenté le risque de récession. Il a également fait grimper les rendements sur les marchés obligataires pour certains pays, comme l’Italie. Cela signifie que Rome doit payer plus cher pour emprunter. Ce qui renforce les inquiétudes quant à la lourdeur de sa dette qui a été à l’origine de plusieurs crises financières ces dernières années.
Qui paiera la facture ?
Le risque d’une récession plane sur les économies de la Zone Euro. D’ailleurs, les consommateurs ressentent la douleur et réduisent leur consommation. Et les entreprises luttent contre les prix élevés de l’énergie.
Alors que les gouvernements vont partiellement payer la facture, il y a des limites à la mesure dans laquelle le secteur privé peut être protégé de ce choc de revenus. Ainsi, la baisse de la confiance des ménages, qui a atteint un niveau record au cours des derniers mois, indique qu’ils sont conscients de ces limites. Il y a également de plus en plus de témoignages que les entreprises des secteurs à forte consommation d’énergie sont en train de réduire leur production.
Question de crédibilité
A cause de ces perspectives d’inflation, le cycle de hausse des taux sera moins sensible à la récession. La mission principale de la BCE est, in fine, la lutte contre la hausse des prix. Il y a des prévisions qu’à la fin de ce cycle, le taux sera à 2,5% contre zéro actuellement. Pour rappel, le niveau optimal pour une économie stable se situe entre 1% et 2%. Bien entendu, cela soulève également la question du resserrement quantitatif, donc la réduction de la taille du bilan de la BCE. La vente d’actifs n’a pas encore été envisagée pour le moment.
Le dérapage inflationniste nuit à la crédibilité de la BCE. Le moindre doute quant à sa capacité de garder les prix sous contrôle rend sa mission plus difficile parce que les parties prenantes (marchés, entreprises, consommateurs) vont commencer à ajuster à la hausse leurs estimations. Ce qui pourrait enclencher une spirale infernale, ancrant l’inflation en profondeur dans le système économique. C’est pourquoi le Conseil de la BCE va intervenir; même si cela n’aura peut-être que peu d’impact sur l’inflation réelle.