La nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss, qui sera confrontée dès les premiers jours à une grave crise socio-économique, s’inspire de recettes ultralibérales héritées de son modèle: la terrible Maggy qui incarnait l’essence du conservatisme britannique.
Le Royaume-Uni de retour aux années du Thatchérisme? Liz Truss, 47 ans, est officiellement devenue hier mardi 6 septembre la 15ème Première ministre britannique. Après avoir été reçue par la reine Elizabeth, lors d’une audience au château écossais de Balmoral. Une première pour la souveraine de 96 ans, qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.
Elle est la troisième femme à occuper ce poste, après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019).
« Je suis honorée d’être élue cheffe du Parti conservateur. Merci de me faire confiance pour diriger notre grand pays. Je prendrai des mesures audacieuses pour nous permettre à tous de traverser ces moments difficiles, de développer notre économie et de libérer le potentiel du Royaume-Uni ». Ainsi a posté sur son compte Twitter la nouvelle Première ministre britannique, peu après l’annonce de sa victoire.
Aussitôt, l’ancienne ministre des Affaires étrangères au gouvernement Boris Johnson- élue par 57% des quelque 142 000 membres votants du parti conservateur, contre 43% pour son rival l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak- a dévoilé mardi soir la composition de son gouvernement. Avec aux postes-clés, des personnalités issues de la diversité.
Une diversité inédite
A noter que pour la première fois dans l’histoire britannique, aucun des trois principaux portefeuilles du cabinet (Finances, l’Intérieur et Affaires étrangères) n’est occupé par un homme blanc.
Ainsi, Kwasi Kwarteng, fils d’immigrés du Ghana de 47 ans, est promu au poste de ministre des Finances. Suella Braverman, ancienne avocate de 42 ans, d’origine indienne, est nommée à l’Intérieur. Tandis que James Cleverly, 53 ans, originaire de Sierra Leone, est propulsé à la tête du ministère des Affaires étrangères.
Ce dernier, fidèle parmi les fidèles de la nouvelle cheffe du gouvernement, aura à gérer des dossiers sensibles. Tels que: la guerre en Ukraine; les relations de plus en plus tendues avec la Chine; ainsi que la confrontation avec l’Union européenne sur le statut post-Brexit de l’Irlande du Nord.
Contexte explosif
Outre le volet des relations étrangères, la nouvelle locataire de Downing Street devra prendre à bras-le-corps une situation socio-économique le moins que l’on puisse dire explosive. A savoir: une inflation qui dépasse les deux chiffres et qui est loin de se tasser; ainsi qu’une hausse exorbitante des factures d’énergie qui menace aussi bien les ménages que les écoles, les hôpitaux et les entreprises.
Recettes thatchériennes
Quelle est sa recette Baisse des impôts pour relancer l’économie et gel des factures d’énergie. « Comme une conservatrice, je présenterai un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie », a promis Liz Truss après l’annonce de sa victoire.
Elue pour aider des millions de Britanniques confrontés à des factures d’énergie qui grimpent en flèche, elle a également promis de s’attaquer à la crise énergétique. « En m’occupant des factures d’énergie des gens. Mais aussi en m’occupant des difficultés à long terme d’approvisionnement en énergie », a-t-elle encore ajouté. Refusant toutefois de préciser la nature concrète des mesures qu’elle comptait prendre.
En effet, la nouvelle Premier ministre propose des recettes ultralibérales (baisses d’impôts massives, coupes dans l’administration, limitation du droit de grève), semblables à celles prônées jadis par son modèle Margaret Thatcher. La « Dame de Fer » qui fut Première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990 et qui incarnait l’essence du conservatisme britannique.
Erreur de jeunesse
Pourtant, Elizabeth Truss née le 26 juillet 1975 à Oxford dans une famille « très à gauche » et ayant fréquenté l’université prestigieuse d’Oxford où elle étudiera les sciences politiques, la philosophie et l’économie, avait dans sa jeunesse des idées plutôt progressistes. Sur le campus, elle militera même pour l’abolition de la monarchie. « Une erreur de jeunesse », comme elle l’a reconnue l’été dernier lors d’un meeting conservateur.