Un citoyen tunisien a été tué mercredi 7 septembre 2022 en plein centre-ville entre le Passage et la rue des Salines par des agents douaniers. Et tous les experts estiment qu’il s’agit d’une bavure. Pourquoi cette descente ciblant, spécialement, la voiture et son conducteur alors que la zone est réputée pour être le fief des points de vente et des dépôts de marchandises puisées dans le marché parallèle.
Sans se poser trop de questions en l’absence d’informations fiables, il est plus indiqué d’attendre les résultats de l’enquête tout en veillant à ce qu’elle soit transparente et conforme aux procédures légales et sans le moindre parti pris. Et d’un !… Le différend entre la Tunisie et le Maroc, né suite à l’accueil officiel réservé par le Président de la République, Kaïs Saïed, au chef du Front Polisario lors de la réunion à Tunis de la Conférence de la Ticad 8, n’a pas été réglé comme l’a laissé entendre un responsable de la Ligue des Etats arabes, puisque le ministre marocain de Affaires étrangères, en personne, a démenti cette info. Et de deux !…
Pratiquement, tous les produits en rupture de stock sont le monopole de l’Etat
Et au moment où les membres du gouvernement de Najla Bouden reconnaissent l’existence d’une crise structurelle à l’origine de l’absence partielle ou totale de certains produits alimentaires depuis plusieurs dizaines de jours, le chef de l’Etat persiste à parler de monopole.
D’ailleurs, en rencontrant, jeudi, la cheffe du gouvernement, Kaïs Saïed a mis l’accent sur la nécessité de «faire face à la hausse des prix et au monopole répandu à travers tout le territoire tunisien, tout en exhortant les administrations concernées à assumer leurs responsabilités». Et de trois !…
Un fait est certain : le marché commence à manquer de beaucoup de produits de base, en l’occurrence des médicaments, du sucre, du café, du riz, de la semoule, de la farine, de l’huile végétale, du tabac, des carburants et toutes sortes de produits à base de sucre, etc.
Or, le marché tunisien n’est pas habitué à ce genre de pénuries. Et le consommateur est un peu sous le choc de ces pénuries en plus de l’inflation galopante. Pire encore, la pénurie semble s’installer dans la durée. Et aussi contradictoire que cela puisse paraître, pratiquement, tous ces produits sont le monopole de l’État. Et de quatre!…
Le Président de la République «divise» les Tunisiens entre citoyens sincères et autres comploteurs
En ces moments difficiles, Kaïs Saïed continue à faire la sourde oreille à tous ceux qui veulent lui parler, tout en persistant à «diviser» les Tunisiens entre citoyens sincères et autres comploteurs et corrompus. Entre ceux ayant le droit de participer à la chose publique et ceux devant être bannis, alors que le pays est placé face à une échéance cruciale, à savoir les élections législatives.
Après avoir taillé, tout seul et sur sa propre mesure, la consultation électronique, la nouvelle Constitution et le référendum, le chef de l’Etat assure qu’il va en faire de même pour le Code électoral, censé régir le prochain scrutin concernant les législatives. Même Zouheir Maghzaoui, un des politiciens «sincères» n’en sait rien des détails.
Reçu par le président de la République, mais sans le communiqué officiel habituel sur la page officielle Facebook de la présidence, Maghzaoui affirme qu’il soutient «l’âme du 25 juillet», mais qu’il est contre la gestion des affaires économiques et sociales du pays. «On n’est pas dans une faculté de droit», ironise-t-il.
Prié de dire avec qui les élections seront organisées, le secrétaire général d’Echaâb répond: «Il y aura nous, il y aura « la Tunisie en avant » et… c’est tout». Autrement dit, presque personne, sachant que s’il continue sur sa lancée critique, Maghzaoui pourrait fort bien se retrouver, lui et son parti, hors du cercle des sincères avant d’être jugé comme étant «opportuniste».
Peut-on le qualifier autrement s’il avoue, lui-même, qu’il n’a pratiquement aucun point commun avec son «maître» ?!
Ainsi, tous les faits confirment que le chef de l’Etat s’en balance royalement de ce que pensent et proposent les citoyens et les experts de l’attitude à adopter, tout en continuant à agir en catimini et en solitaire sans accorder la moindre importance aux avis des autres qu’il finit, toujours, par placer devant les faits accomplis suite à ses passages en force facilités par le fait que ses adversaires savent très bien qu’il dispose, jusqu’à présent, de l’appui des forces détentrices des armes.
Le Code électoral, encore un fait accompli taillé sur la mesure de Saïed et de son projet personnel
Mais en regardant de près ses démarches pour l’organisation des élections, on constate qu’il est trop loin des normes exigées par le respect de la démocratie et des droits de l’Homme, plus particulièrement l’Organisation des Nations unies et le Conseil de l’Europe qui disposent, tous les deux, d’un siège à Tunis.
Le hic est de savoir si Kaïs Saïed va tenir compte de leurs avis ou bien va-t-il les traiter comme il l’avait fait avec les agences de notation qualifiées «d’Ommek Sannéfa» et passer outre leurs observations.
Sans vouloir paraître pessimiste, il est fort probable que le chef de l’Etat poursuivra son bonhomme de chemin, ceux qui l’ont connu de près assurent qu’il tient à avancer, «tel un bulldozer», conformément aux idées qu’il a en tête.
A titre d’exemple, certains de ses anciens proches affirment que lors du choix du candidat au poste de chef du gouvernement, il avait désigné Elyes Fakhfakh contre l’avis par écrit de la majorité des partis en place à l’époque parce qu’il n’aurait pas voulu obtenir le vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Cela lui aurait ouvert les portes de la dissolution du Parlement et la prise de la totalité des pouvoirs
C’est de l’histoire passée certes, mais cela a le mérite de donner un aperçu sur le mode de pensée du «Président» qui a réussi à «mater» tout le monde et à faire cavalier seul en s’appropriant tous les pouvoirs. L’avenir et l’histoire se chargeront bien de dire s’il va continuer à «avoir raison» jusqu’au bout…