Le mirage de l’eldorado européen tue, chaque jour que Dieu fait, des centaines d’enfants, d’hommes et de femmes qui tentent de franchir son rideau de fer new look intitulé le ‘Les frontières Schengen’. Ces dernières semaines, des centaines parmi nos compatriotes ont péri noyés, dont des enfants en bas âge, des vieillards, des femmes enceintes, qui n’étaient pas tous miséreux. Puisqu’il y a des professeurs, des hauts cadres de l’administration et même des médecins. Des milliers d’autres ont été sauvés in extremis par nos gardes côtes et notre armée.
Cette nouvelle vague de fuite collective, souvent de familles entières, et de jeunes qui occupaient jusqu’alors un emploi, certes modeste, mais qui permet de vivre une vie meilleure que celle qui les attend, en traversant les frontières, dans les pays de la rive nord de la Méditerranée, où ils seront transformés en esclaves modernes, payés à la moitié du salaire légal, sans couverture sociale et seront victimes des marchands du sommeil qui les abriteront à un prix exorbitant et dans des conditions d’insalubrité extrêmes. Tout cela pendant de longues années, puisqu’il devient pratiquement impossible de légaliser leur situation, pour des raisons strictement politiques, dues notamment à la montée de l’extrême droite xénophobe.
Partir ou périr
Une hystérie collective touche actuellement l’ensemble du peuple tunisien, toutes classes sociales confondues. En effet, il veut tronquer sa patrie contre d’illusoires terres d’immigration, qui tout en faisant miroiter le mirage de pays prospères, vivent une crise économique et sociale. La plus grave, depuis la Seconde guerre, qui jettent dans les rues des centaines de milliers de sans abris, citoyens sur le papier, de ces mêmes pays; hantant les trottoirs des grandes villes dans une température hivernale, glaciale; ou squattant des parcs publics pour dresser des tentes par milliers, sur le bord de la Seine et ailleurs, nourris seulement grâce au secours d’ONG. Lesquelles tentent désespérément de les sauver de la mort et des maladies incurables qui les guettent.
Les conditions dans lesquelles vivent les « clandestins » en France sont les pires depuis la Seconde guerre, auxquelles des êtres humains sont confrontés. La raison principale est le refus catégorique des autorités françaises, quelles que soient leurs couleurs politiques de régulariser ces clandestins, qui sont là depuis des années et qui contribuent au noir à faire tourner des secteurs entiers de l’économie française, dont le grand secteur de la restauration et des services, sans parler du prêt-à-porter.
Les médias européens ne se privent pas de montrer quotidiennement la situation inhumaine dans laquelle vivent des millions de réfugiés de la misère, mais cela n’émeut plus personne.
Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la misère ou le chômage qui pousse nos citoyens à fuir le pays. Ce n’est pas non plus la guerre civile et ses affres, ni la dictature et sa répression, ni la famine. C’est la grande désillusion par rapport à leur propre pays et les grandes illusions qu’ils se font des autres, notamment européens.
Et dans les deux cas, la faute revient aussi aux médias européens, accessibles grâce aux réseaux sociaux à tous les jeunes en âge de manipuler un i phone. Notre peuple est gravement intoxiqué, surtout après la dite « révolution » et est atteint d’une hystérie collective.
« Ce n’est pas la misère ou le chômage qui pousse nos citoyens à fuir le pays. Ce n’est pas non plus la guerre civile et ses affres, ni la dictature et sa répression, ni la famine et la misère »
Depuis quelques années, des élites, composées de médecins, d’ingénieurs, de hauts commis de l’Etat, d’artistes, d’informaticiens, ont choisi de leur propre gré de s’expatrier à la recherche d’une meilleure rémunération, qu’ils méritent certainement, puisque le système en Tunisie pénalise le plus méritant et gratifie le plus médiocre. Et cela dans tous les domaines, à commencer par le domaine politique.
C’est la pyramide inversée et le nivellement par le bas qui criminalise l’ambition de s’enrichir, considérée comme une forme de corruption et élève la médiocrité et le manque d’ambition au rang d’une valeur patriotique absolue.
Combien d’hommes politiques ont prétendu qu’ils se sacrifient pour le peuple et la patrie et n’ont aucune ambition matérielle, avant qu’on ne découvre qu’ils étaient les pires escrocs. Et qu’ils n’aillent se réfugier dans des pays où ils ne craignent plus d’êtres renvoyés chez eux si jamais leurs dossiers tombent entre des mains ennemies?
Une grande partie de la classe politique de la décennie noire a menti délibérément au peuple lui faisant miroiter un mode de vie semblable à celui des pays occidentaux qui ont mis trois siècles, deux guerres mondiales et l’occupation coloniale de toute la planète et l’exploitation des richesses de nos pays pauvres pour l’atteindre.
« Une grande partie de la classe politique de la décennie noire a menti délibérément au peuple lui faisant miroiter un mode de vie semblable à celui des pays occidentaux »
A la moindre crise de l’énergie, leurs économies et leurs standings sociaux risquent de dégringoler subitement. Comme actuellement après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Mais cela nos concitoyens ne veulent pas y croire!
Ils préfèrent vivre la misère noire là-bas que la gêne sociale parmi leurs compatriotes. Mais ce qui reste une énigme, c’est pourquoi choisissent-t-ils d’affronter la mort, et la faire encourir à leurs enfants, plutôt que de rester chez eux, même dans la pauvreté; mais en s’épargnant une fin aussi terrible que de mourir noyé?
Il est clair que les motivations de la vague d’immigration des années soixante et soixante-dix, ne sont plus valables actuellement. On ne part plus pour subvenir aux besoins vitaux de sa famille; mais pour s’enrichir, quitte à faire perdre la vie à sa famille et à soi même. Le coût actuel de la traversée, souvent mortelle, varie entre 15 000 et 18 000 dinars. Une famille de quatre personnes doit économiser entre 60 000 et 72 000 dinars. Ce qui constitue une fortune qui aurait pu être investie sur place et générer un revenu suffisant pour se nourrir et se loger.
L’Etat défaillant?
Les gardes côtes tunisiens déploient un effort continue pour sauver, non seulement les clandestins tunisiens; mais aussi les Africains de l’Afrique sub-saharienne qui partent des frontières libyennes. Les limites de ces efforts sont imposées par le peu de moyens logistiques et financiers dont ils disposent. Après tout, ce n’est pas leur rôle de protéger les frontières des pays voisins de la rive nord.
Pourtant nombreuses sont les arrestations opérées dans les milieux des commerçants de la mort et les opérations de prévention. Sauf que le flux va en grandissant et la folie collective qui s’empare du peuple tunisien, qui consiste à fuir son pays, où affluent pourtant des millions de touristes ainsi que des milliers de travailleurs africains qui occupent tous les emplois laissés ou délaissés par nos compatriotes, s’avèrent au dessus des moyens d’un Etat presque en situation de faillite financière.
Si les Occidentaux craignent des boat people par milliers chaque jour, ils n’ont qu’à user de leur influence pour contraindre la BM et le FMI à mettre la main à la poche, ainsi que l’Union Européenne d’ailleurs, qui s’amusent à distiller des « aides », qui ressemblent de plus en plus à un chantage politique!
« Si les Occidentaux craignent des boat people en milliers chaque jour, ils n’ont qu’à user de leur influence pour contraindre la BM et le FMI à mettre la main à la poche »
Si la digue « Tunisie » cède, c’est toute la côte nord de la Méditerranée qui sera noyée par le flot humain venu d’Afrique.
Pire encore, il suffit que la Tunisie « tousse » pour que l’Italie soit enfiévrée; déjà que l’extrême droite s’y apprête à prendre le pouvoir.
La France aussi, on l’a vu avec la montée d’un Zemmour et d’une Marie Le Pen. La prochaine fois sera la bonne si la France continue sa politique migratoire actuelle.
Quant à la responsabilité de l’Etat tunisien, il faut arrêter de s’auto-flageller! D’abord l’état actuel de l’Etat est le fruit de ce que les pays occidentaux ont convenu d’appeler « le printemps tunisien », certes un euphémisme!
On ne peut pas cueillir le jasmin sans récolter aussi ses épines. Un Etat affaibli, par plus de dix ans de révolution continue, sous les applaudissements des dirigeants occidentaux, qui pousse toujours plus loin, vers la dislocation de l’Etat et la perte de son autorité, ne peut protéger efficacement ses frontières maritimes, avec plus de 1800 km de côtes. Et une population ensorcelée grâce aux mêmes médias de ces pays, qui y voit la terre de ses rêves et un eldorado à conquérir !
D’abord l’état actuel de l’Etat est le fruit de ce que les pays occidentaux ont convenu d’appeler « le printemps tunisien », certes un euphémisme!
Les Européens ne font ainsi que récolter le fruit de leur aveuglement à vouloir suivre les Américains dans leur folie planétaire de voire s’établir la pax-americana, selon leurs critères. Pour leur rafraichir la mémoire il n’y a qu’à leur rappeler le cas libyen, dont ils ne finiront jamais de payer le prix.
Quant au gouvernement actuel, qui peine déjà à payer le salaire de ses employés et à verser la retraite pour plus de deux millions de personnes, ne lui demandez pas ce qu’il ne peut offrir!
Il a les poches vides et peut être aussi les têtes, sans évidement généraliser. Quant aux victimes de cette folie qui saisit le peuple entier, toutes classes et catégories sociales confondues, elles ressemblent aux victimes expiatoires! Une malédiction divine peut être? L’or ou la mort devient la devise de toute une génération.