Coup de tonnerre diplomatique: le souverain marocain, Mohammed VI assisterait en personne au prochain Sommet de la Ligue arabe prévu les 1er et 2 novembre prochain en Algérie. Une information complètement inattendue dont l’impact géopolitique sur la région sera énorme.
L’annonce, pour le moins surprenante, et dont certains observateurs comparent l’importance, toute proportion gardée, à la visite du président égyptien Anouar Sadate à Tel-Aviv en 1977, a été faite par Jeune Afrique. Alors, cette information qui pourrait augurer d’un climat de décrispation totalement nouveau entre le Maroc et son voisin, représente-t-elle les prémices d’une nouvelle ère dans les relations entre Rabat et Alger?
La question mérite d’être posée à la lecture de l’information publiée par le média parisien. En effet, dans son édition de lundi 12 septembre 2022, le magazine panafricain a révélé en exclusivité que, selon des sources diplomatiques marocaines « bien informées et fiables », le roi du Maroc, Mohamed VI, prendra part personnellement au sommet de la Ligue arabe, à Alger, les 1er et 2 novembre 2022.
Un revirement spectaculaire
De plus, toujours selon la même source, « sur instructions des plus hautes autorités marocaines, des contacts ont été établis avec plusieurs pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Émirats arabes unis, Koweït, Bahreïn) pour les informer que le Roi Mohammed VI prendra part personnellement au 31ème sommet arabe qui se tiendra chez le voisin algérien.
Rabat aurait entrepris des démarches auprès des monarques et princes des pays du Golfe pour les inciter à participer au sommet d’Alger « à un très haut niveau ». Et ce, « afin d’en assurer le succès », souligne le média basé à Paris.
Toutefois, jusqu’à l’écriture de ces lignes, il n’y a eu aucune communication officielle de la part du palais royal ou du gouvernement marocain. En effet, il était attendu que le Maroc prenne part au sommet en dépit de la crise diplomatique entre les deux pays. L’incertitude était en revanche totale concernant le niveau de sa représentation.
Question de représentativité
Jusqu’à nouvel ordre, le ministre marocain de la justice, Abdellatif Ouahbi, était délégué pour représenter le royaume chérifien au sommet d’Alger. Alors que d’autres sources indiquaient que la délégation marocaine sera menée par le prince Moulay Rachid ou par le conseiller du monarque, Fouad Ali El Himma.
Sachant que la semaine passée, l’agence de presse officielle marocaine, MAP, a rapporté que l’Algérie va dépêcher son ministre de la Justice au Maroc pour remettre au roi Mohammed VI une invitation officielle du président algérien Abdelmadjid Tebboune pour assister au Sommet de novembre prochain.
La main tendue de Mohamed VI
Alors, en assistant personnellement au Sommet d’Alger, le souverain marocain cherchera-t-il à tendre la main à son homologue algérien, Abdelmajid Tebboune pour désamorcer les fortes tensions ou du moins calmer le jeu avec l’Algérie voisine à l’occasion de cette visite historique à tout point de vue?
D’autant plus que le sommet de la Ligue arabe est sans aucun doute un contexte propice à la démarche royale. De nombreux pays du Golfe arabe, notamment l’Arabie saoudite, veulent s’investir davantage pour rapprocher les positions, parfois diamétralement opposées, des deux géants du Maghreb.
Il convient de rappeler que cette information toute à fait spectaculaire a été diffusée au moment où l’Algérie a commencé à envoyer des émissaires dans certaines capitales arabes pour remettre des invitations officielles aux monarques et chefs d’Etat respectifs. Ils auraient d’ailleurs tous confirmé leur présence.
Des relations exécrables
Rappelons enfin que depuis plus d’une année, les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc sont rompues sur décision d’Alger. Une décision suivie immédiatement par la fermeture de l’espace aérien pour les avions marocains et le non renouvellement quelques mois plus tard du contrat de livraison de gaz algérien au Maroc et à l’Espagne, via le Gazoduc Maghreb Europe (GME).
Alors, assistons-nous aux prémisses d’une nouvelle ère dans les relations entre Rabat et Alger ? C’est du moins le profond souhait des générations entières bercées depuis plus d’un quart de siècle par le rêve du Grand Maghreb uni.