A l’heure actuelle, avec l’amendement de la loi électorale, il n’y aura plus de place aux partis politiques. Ainsi la prochaine Assemblée des représentants du peuple comptera 161 élus au lieu de 217.
La question du débat pour ou contre ne peut plus avoir lieu. Ainsi, à deux mois des élections législatives, la classe politique et les acteurs de la société civile se retrouvent devant le fait accompli. Que peut-on en déduire depuis l’annonce de la publication de la loi électorale au JORT?
Moez Attia, universitaire et analyste politique, nous livre son point de vue dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Il déclare dans ce contexte: « A mon sens, cette loi a été publiée sans surprise. Pour la simple raison qu’il n’y a eu aucun débat concernant les législatives, encore moins de concertations ni avec les acteurs politiques ni avec la société civile, encore moins avec les organisations nationales ».
D’autant plus, selon ses dires, que l’ISIE n’avait pas non plus le choix de donner son avis vis-à-vis de ces amendements. Tout en précisant dans ce contexte: « Une fois de plus, l’ISIE n’a pas eu le temps de donner son avis. Et si elle l’avait fait, y aurait-il eu du changement? ».
Pour revenir au contenu, Moez Attia a fait savoir que le Chef de l’Etat maintient son projet en voulant imposer un mode de scrutin uninominal. Ce qui veut dire voter pour des personnes dans des délégations.
Et de poursuivre: « On passe de 217 députés à 161. Or si on prend un député pour 61.000 habitants, et un autre député pour un nombre réduit d’habitants ne dépassant pas les 5000 habitants, nous aurons des disparités régionales entre les circonscriptions. Ce qui laisse entendre également que ce sont les personnes influentes dans ces délégations qui imposeront leur diktat électoral. Autrement dit, nous aurons une loi électorale populiste qui impose la construction démocratique par la base ».
Par ailleurs, l’analyste politique met l’accent sur l’absence de la représentation féminine, mais également des binationaux qui eux aussi ne peuvent pas y participer.
Il conclut: « Mais une chose est sûre, avec cette loi, cela va donner un Parlement éparpillé où on n’aura pas des représentants du peuple, mais uniquement des représentants des délégations. Ce qui entraînera des tensions au sein du prochain Parlement. Et une fois de plus, nous dévions malheureusement du processus démocratique ».