L’économiste tunisien Ezzeddine Saidane revient, aujourd’hui 19 septembre, sur la possibilité d’obtenir un crédit du Fonds monétaire international (FMI). Il s’exprimait sur les ondes radiophonique de Shems FM.
« Nous considérons que l’obtention d’un crédit du FMI est une victoire nationale. Cependant l’obtention d’un crédit n’est qu’une implication encore dans la perspective de l’endettement extérieur ». C’est ce que regrette Ezzeddine Saidane.
Ainsi, il rappelle que le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a déclaré que le montant du prêt que la Tunisie pourrait obtenir se situe entre 2 et 4 milliards de dollars. « Donc pourquoi le gouvernement a demandé 4 milliards de dollars? Alors que le système du quota du FMI affirme que la Tunisie ne peut pas obtenir un crédit de 4 milliards de dollars. Et que le montant maximum qu’elle pourrait obtenir est de 4 milliards de dollars, avec un autre plafond annuel de 1 milliard de dollars ».
A cet égard, notons que les pourparlers et négociations entre la Tunisie et le FMI sont en cours depuis 16 mois. Et pourtant la Tunisie n’a pas encore obtenu le crédit en question.
Par ailleurs, M. Saidane évoque l’accord portant sur les augmentations salariales entre l’UGTT et le gouvernement. Il affirme que les négociations qui ont abouti à la signature de l’accord ont fait perdre un temps précieux.
Le crédit du FMI en ligne de mire
« Cet accord améliore les chances de la Tunisie d’obtenir le crédit, mais il ne le garantit pas. Car, il ne faut pas oublier que cet accord n’a pas abordé les autres réformes économiques. Notamment la réforme du système de compensation et celle des entreprises publiques ». Et de rappeler que la Tunisie s’est engagée en 2013, 2016 et 2018 à adopter ces réformes, mais sans les appliquer. Pour l’économiste, la question est de savoir si « le FMI ignorera ces réformes et signera avec la Tunisie l’accord. Ce qui est possible, mais pas évident ».
L’économiste a tenu à avertir que même en cas de signature de l’accord avec le FMI, il ne sera pas possible pour la Tunisie de sortir sur les marchés internationaux. « L’accord avec le FMI était un feu vert permettant de sortir sur les marchés internationaux avant la dégradation de la note souveraine de la Tunisie ccc avec perspective négative ». Cependant la signature de l’accord en question pourrait faciliter l’obtention de crédit de la France, de l’Arabie-Saoudite et du Japon. « Nous avons enregistré un retard pour mettre en place les réformes nécessaire. D’où l’importance de recourir à des solutions tuniso-tunisiennes », lance-t-il.
Ezzeddine Saidane: le scénario libanais exclut
Alors, le scénario libanais est-il envisageable pour la Tunisie? A cette question, l’économiste exclut cette possibilité. Tout en affirmant que chaque pays a ses propres spécificités. L’essentiel pour lui est d’éviter le recours au rééchelonnement des dettes. Surtout que faire partie du club de Paris est une possibilité parmi d’autres. Et ce, à la lumière de la situation actuelle, même en cas d’obtention de crédit du FMI.
« Si on n’entame pas des réformes effectives, on assistera à la régression des réserves en devise. Ce qui donnera des messages négatifs aux bailleurs de fonds. Si on entame des réformes réelles, les aides des bailleurs de fonds seront plus importantes », dit-il sur un ton affirmatif. « La Tunisie a besoin d’un gouvernement sans ambitions politiques pour mener à bien les réformes nécessaires », conclut-il.