Maintenant que les débats sur les augmentations salariales de la fonction publique se sont calmés, il est temps d’analyser l’accord Gouvernement – UGTT la tête froide. Objectivement, la Kasbah a bien remporté la manche.
Certains ne comprennent pas toujours comment cette hausse des rémunérations est un point positif dans les négociations avec le FMI. Ce dernier a toujours réclamé la baisse de la masse salariale. En fait, tout réside dans la façon avec laquelle cette hausse est interprétée.
A vos calculettes
La clé est la prise en compte de l’inflation qui permet de s’intéresser au salaire réel, c’est-à-dire au salaire nominal rapporté au niveau des prix. La dynamique des salaires réels traduit, à la fois, l’évolution du pouvoir d’achat des salariés et celle du rendement moyen d’un emploi pour les entreprises, à productivité donnée. Dans ce cas, et avec une inflation galopante, les 3,5% n’aboutissent pas à des salaires réels plus importants. Le FMI ne demande pas en réalité d’appauvrir les gens, mais de synchroniser toute revalorisation avec la croissance et la productivité.
Cet accord permet même de défier le constat habituel de la formation des rémunérations de la fonction publique, habituellement contra-cycliques. A savoir qu’elles augmentent moins vite que celles du privé en période de croissance; mais plus vite en période de récession. Puisque le modèle économique de la Tunisie ne permettra pas une évolution du PIB plus rapide que celle actuelle, l’Etat pourra se féliciter de la gestion de la masse salariale réelle pour les trois prochaines années.
Coup politique
Maintenant, la signature d’un accord avec le FMI se rapproche. Jihed Azour, le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds l’a confirmé hier dans une déclaration à asharqbusiness (Bloomberg).
Politiquement, c’est un coup de maître pour un Gouvernement qui a longtemps été accusé d’incapacité à prendre les lourdes décisions et de sauver les finances publiques.
Concrètement, aucune équipe qui a occupé la Kasbah, n’a pu augmenter autant les prix des carburants et faire avaler à la population la pilule des pénuries répétitives, malgré leur gravité.
En grande partie, ce succès est dû à la forte confiance en la personnalité de Kaïs Saïed en qui croit une majorité écrasante des Tunisiens. Il faut faire des concessions pour que le pays se débarrasse de ceux qui l’entravent de partir vers l’avant. C’est ce qu’avancent les partisans du Président.
« Aucune équipe qui a occupé la Kasbah n’a pu augmenter autant les prix des carburants et à faire avaler à la population la pilule des pénuries répétitives, malgré leur gravité »
L’accord avec la force syndicale ouvre la voie à d’autres dans des dossiers plus brûlants, essentiellement celui des entreprises publiques. L’UGTT, qui s’est montrée flexible et consciente de la situation réelle du pays, attend maintenant que le Gouvernement lui renvoie l’ascenseur. En tenant en considération les soucis de son partenaire social.
La réalité fait que ces entreprises publiques ne sont pas vendables. Quoi qu’il en soit, une restructuration est nécessaire Ce qui fait l’affaire des deux parties à court et moyen termes.
Dans l’ensemble, le pays est sorti vainqueur. Maintenant, il faut organiser la gestion publique surtout dans les dossiers de l’endettement. Quant à la vie politique, elle se calme de plus en plus. Elle n’attire plus l’attention des Tunisiens.