La comparution des principaux chefs d’Ennahdha devant le pôle anti-terroriste d’El Aouina de la gendarmerie nationale, et ensuite devant le pôle judiciaire anti-terroriste, pour le tasfir « organisation des opérations d’envois de jeunes pour être enrôlés par Daech » en Syrie était attendue depuis longtemps par tous les observateurs avertis.
L’appareil judiciaire qui, il n’y a pas si longtemps était sous le contrôle des islamistes et leurs différents alliés, avait sciemment tenté d’étouffer cette grave affaire du terrorisme qui porte atteinte à la sûreté et la souveraineté de l’Etat tunisien. Sans parler de ses conséquences sur les familles des jeunes, garçons et filles qui furent expédiés pour mourir pour la cause « djihadiste », et massacrer des milliers de citoyens syriens qui n’ont jamais porté un tort à notre pays.
Le nombre de ces jeunes devenus terroristes s’élèvent à plus de 12 000. Tous envoyés dans des charters organisés à partir de notre territoire. Souvent par des agences bien établies et ayant pignon sur rue, et avec de vrais passeports délivrés par les services tunisiens de l’époque. Lesquels étaient sous la responsabilité d’Ali Laârayedh.
Les sponsors du « printemps tunisien » en avaient voulu ainsi, à dessein. Et les terroristes d’hier sont devenus les maîtres de la Tunisie d’après le 14 janvier 2011.
La main des services étrangers
Quelles que soient les conclusions et les décisions prises par le système judiciaire tunisien actuel, concernant ce dossier, une chose est certaine: des services étrangers, notamment américains, français, européens et turcs, ont organisé cette plus grande opération de recrutement, d’envoi, d’entrainement et d’infiltration dans le territoire syrien, du plus grand nombre de terroristes, de toute l’histoire. Et la Tunisie n’était qu’un maillon de cette chaîne gigantesque.
Au cœur de ce dispositif guerrier se trouve l’organisation de Ansar al-charia, créée aussi par des services étrangers, et bras armé de la mouvance islamiste tunisienne. Le mouvement Ennahdha, qui contrôlait à l’époque tous les rouages de l’Etat était le maître d’œuvre de toute l’opération en Tunisie. Une sorte de sous-traitant dont le rôle idéologique était de légitimer religieusement le « djihad » contre d’autres musulmans (les citoyens et le régime syrien). Ainsi que de présenter cela comme une défense de la cause démocratique, de la liberté et des droits de l’Homme.
C’est ainsi qu’on a vu le ministre du culte d’Ennahdha et ses principaux chefs se mobiliser pour inciter les jeunes à s’enrôler dans les organisations terroristes syriennes, Daech et Jabhet al nousra. Cette dernière étant tout simplement une création de la C.I.A.
Les massacres perpétrés contre des civils syriens par ces phalanges de la mort sont terribles. Et les terroristes tunisiens ont été classés parmi les plus cruels et les plus redoutables, de vrais anges de la mort.
Ennahdha était allé plus loin, en organisant sur notre propre territoire, en connivence avec le Président de l’époque, Moncef Marzouki, un pion américano-qatari, une réunion d’un prétendu front pour « libérer » la Syrie. Et où ont été conviés tous les agents des services étrangers d’origine syrienne, pour donner une couverture politique à la plus grande agression contre un pays arabe souverain après l’Irak.
« […] Le rôle idéologique était de légitimer religieusement le « djihad » contre d’autres musulmans (les citoyens et le régime syrien) et présenter cela comme une défense de la cause démocratique… »
Pour dire que le rôle d’Ennahdha était essentiel pour « légitimer » cette guerre qui ne profitait qu’à Israël et aux Américains. C’était la dernière digue qu’il fallait détruire et qui empêchait le « printemps arabe » de triompher. Mais ce fût la première digue sur le mur duquel se sont cassées les vagues « révolutionnaires ». Avant que le sursaut égyptien ne vienne anéantir les derniers espoirs des Américains et autres pays occidentaux dont la France de Sarkozy et de Hollande, à en finir avec les velléités nationalistes et patriotiques des peuples arabes. Les Russes, les Iraniens et les combattants de Hezbollah ont donné la tocade finale à cette agression contre un pays souverain.
Ennahdha, depuis, avait compris qu’il avait perdu définitivement la partie et qu’il s’agissait de « changer » de look et de s’allier avec ses ennemis d’hier. Ce qui fût réalisé grâce à la bienveillancede Béji Caïd Essebsi, sous incitation américaine. Comme il l’avoua lui-même, en invoquant le « grand pardon » !
Les islamistes ont compris alors qu’avec la fin de leur rôle de sous-traitant des guerres américaines, comme ils l’ont fait pour l’Afghanistan, la Bosnie, la Libye, ils ne pouvaient plus compter que sur les alliances avec des forces politiques locales. Ce qu’ils ont réussi d’ailleurs brillamment. Le dernier étant la création du fameux « front du salut », simple épouvantail qu’ils contrôlent complètement et qu’ils agitent à leur guise pour couvrir leurs graves crimes !
Parions que la justice tunisienne n’ira pas enquêter sur les ramifications internationales de l’affaire du « tasfir », pour des raisons évidentes et qu’elle se limitera à l’opération de « l’envoi ». Or l’envoi ne concerne pas de simples harragua, comme il est de coutume, mais des terroristes tunisiens recrutés contre des dollars, entrainés souvent en Tunisie, par l’organisation de Ansar chariaa de Abu Iiad, tué mystérieusement par un drone en Libye. Comme le fameux abu-Bakr al-Hakim, commanditaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, tué lui aussi mystérieusement, par un drone, mais cette fois-ci en Syrie.
Ainsi, les fils pour remonter la filière sont toujours coupés. Les agents d’exécution toujours liquidés à temps. Sauf que cette fois ci, les sous-traitants locaux tunisiens sont bien vivants et qu’il y a seulement quelques mois, ils étaient les maîtres du pays.
« Parions que la justice tunisienne n’ira pas enquêter sur les ramifications internationales de l’affaire du « tasfir », pour des raisons évidentes et qu’elle se limitera à l’opération de « l’envoi » ».
Plus maintenant, et c’est alors que la justice tunisienne commence à peine à lever le voile sur ce crime odieux contre la Nation, dont fût le théâtre, pendant quelques années notre pays. Jusqu’à mériter le titre, peu envieux, de plus grand fournisseur de terroristes de la planète. Et dont certains étaient revenus pour massacrer leurs propres compatriotes, au Bardo, à Sousse, à Ben Guerdane, à Tunis et ailleurs. Pendant toute cette époque Ennahdha ‘gouvernait’ notre pays et nous délivrait son discours insipide sur la démocratie.
C’est comme si un vendredi, en faisant la prière du vendredi, vous découvrez que l’imam est celui qui a cambriolé la veille, en votre présence, votre maison ! Qui vous croira si vous le dénoncez ? « Hamiha haramiha » dit le proverbe arabe, (son cambrioleur est bien son protecteur )!
La défense d’Ennahda, joue la vierge effarouchée du terrorisme
Le système de défense d’Ennahda est classique: nier tout et jouer la victime d’un système politique « dictatorial ». Et surtout, mobiliser leurs amis étrangers pour arrêter l’enquête et les poursuites. C’est un système qui a par le passé fait preuve d’efficacité.
Rappelez-vous de leur histoire sous Bourguiba et Ben Ali ! Il s’est toujours trouvé des « âmes sensibles » pour les croire et voler à leur secour en essayant d’entraver le cours de la justice. En mobilisant toujours les mêmes organisations internationales et nationales. Celles-ci n’ont pas pipé un mot pour défendre les millions d’Irakiens, de Libyens, de Syriens qui sont morts sous les bombes américaines ou européennes. Mais elles remuent ciel et terre quand les protégés des puissances qui les financent, toujours au nom de la démocratie et des droits de l’Homme, se trouvent pris la main dans le sac ! Sauf qu’aussi bien Bourguiba et Ben Ali sont passés outre ces considérations « humanistes » quand il s’agissait de la sécurité nationale et de la défense de la patrie.
La justice sous Kaïs Saïd aura-t-elle le courage d’aller jusqu’au bout ? Certains en doutent et plusieurs raisons accréditent cette thèse. Surtout lorsqu’un correspondant d’un prestigieux journal français révèle que les islamistes tunisiens sont sous la protection d’un pays frère, dont il cite le nom et qu’aucun démenti n’ait été opposé. Quand on sait l’influence grandissante de ce pays dans nos affaires intérieures, on ne peut que se ranger parmi les sceptiques.
« La justice sous Kaïs Saied aura-t-elle le courage d’aller jusqu’au bout ? Certains en doutent et plusieurs raisons accréditent cette thèse »
Toujours est-il que les Nahdhaouis semblent pris sérieusement dans le piège de la justice qui ne les lâchera plus. Mais ils peuvent en ralentir la marche en recourant aux manœuvres procédurales. Et ce, pour faire reculer la date du verdict, dans l’attente d’un éventuel renversement des rapports de force politiques en leur faveur. D’ailleurs, c’est ce qu’essayent de faire leurs avocats.
Mais l’une des conséquences de cette opération menée par la justice est bien l’affaiblissement croissant de toute la mouvance islamiste et particulièrement du parti Ennahdha qui ressemble de plus en plus à un groupuscule qui n’arrive plus à mobiliser que quelques dizaines de militants, composés essentiellement de politiciens aigris à la recherche d’une nouvelle virginité qu’ils croient pouvoir octroyer grâce à un discours droit de l’hommiste qui ne convainc plus personne.
En concentrant leurs attaques contre KS et en le diabolisant à outrance, les islamistes jouent la même partition qu’ils avaient jouée contre Ben Ali et Bourguiba.
Sauf que les temps ne sont plus les mêmes et que leur rôle en tant qu’agent déstabilisateur n’a plus d’intérêt. Surtout dans un pays que les maîtres de ce monde veulent garder stable.