Des pêcheurs de plusieurs régions du pays ont protesté, jeudi, devant le siège de l’UTAP, à Tunis, contre le rejet par l’organisation agricole, de la nouvelle approche adoptée par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.
Le département de l’agriculture avait en effet, proposé de faire bénéficier toutes les embarcations spécialisées dans la pêche du poisson bleu, des autorisations de pêche du thon rouge.
Hamad Jelili, pêcheur de Gabès, a indiqué que « les pêcheurs appellent le président de l’union agricole, Noureddine Ben Ayed, à leur communiquer les raisons de son rejet de la démarche entreprise par le ministère et de son attachement au premier accord conclu avec l’autorité de tutelle, selon lequel une liste de 4 embarcations doit être fixée par tirage au sort, pour bénéficier de toute nouvelle autorisation de pêche de thon rouge, pour porter la liste des bénéficiaires à 100 bateaux.
Il a estimé que la nouvelle proposition du ministère satisfait tous les pêcheurs, étant donné les problématiques en suspens du secteur de la pêche et la difficulté d’augmenter le nombre d’autorisations.
« Ben Ayed a refusé de rencontrer les pêcheurs protestataires, sous prétexte qu’ils ne sont pas affiliés à l’UTAP, mettant en doute leur qualité de pêcheurs, ce qui les a contraints à recourir à un huissier notaire pour consigner leur qualité et leur nombre ».
390 embarcations spécialisées dans la pêche des poissons bleus
Toujours selon lui «les pêcheurs protestataires ont tous un seul objectif et sont tous guidés par le même intérêt, indépendamment de leur affiliation ou pas à l’UTAP, et loin de toute considération politique ».
Le Directeur Général de la pêche et de l’aquaculture au sein du ministère de l’Agriculture, Ridha Mrabet, avait indiqué lors d’une conférence de presse, tenue le 14 septembre 2022, que « le ministère de l’agriculture œuvre à adopter une nouvelle approche visant à faire bénéficier les 390 embarcations spécialisées dans la pêche des poissons bleus, des autorisations de pêche du thon rouge».
« Cette approche vise à pallier aux difficultés rencontrées par le secteur, notamment l’enchérissement des intrants et des hydrocarbures et à la difficulté d’augmenter le quota de la Tunisie en thonidés, fixé actuellement 2640 tonnes, par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, ce qui entrave l’intégration de nouveaux navires ».
Il a aussi, fait remarquer que « l’approche du ministère n’a pas été approuvée par certaines parties concernées, notamment l’UTAP et certains pêcheurs qui s’opposent au partage des autorisations avec d’autres pêcheurs et qui ont déposé 64 plaintes au Tribunal administratif».
De son côté, le vice-président de l’UTAP, chargé de la pêche, Salah Hdider a indiqué, dans une déclaration à l’agence TAP, que « le ministère de l’agriculture est le responsable de cette situation conflictuelle car il n’a pas respecté le premier accord conclu avec l’union agricole ».
Il a avancé que « l’UTAP n’a pas été informée, préalablement, de la volonté des pêcheurs protestataires de rencontrer le bureau exécutif de l’Union, affirmant que ce bureau est actuellement en réunion avec d’autres pêcheurs pour préparer la réunion prévue jeudi après-midi avec le ministre de l’agriculture sur ce dossier ».
Il a exprimé la volonté de l’UTAP de défendre les intérêts de ses affiliés et d’élargir la liste des bénéficiaires des autorisations de thon rouge.
Il a souligné que « cette situation perdure depuis 2017, pour cause de refus des 20 propriétaires des autorisations de pêche de thon rouge de partager leurs autorisations avec d’autres embarcations, bien qu’ils se soient engagés à le faire ».
Il a estimé que « le choix du timing pour protester soulève plusieurs interrogations sur les parties derrière ces protestations ».
La pêche de thon rouge en Tunisie est soumise à un système de quotas annuels fixés par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique à laquelle la Tunisie a adhéré en 1997.
Avec TAP