L’éclatante victoire, dimanche dernier, de la coalition de l’extrême droite dirigée par Giorgia Meloni aux élections législatives italiennes aura un impact direct sur la Tunisie. Et ce, eu égard à sa proximité géographique, aux intérêts économique communs; ainsi qu’au flux migratoire incessant entre les deux rives de la Méditerranée. Analyse.
Myopie politique, incapacité d’anticipation? Il est curieux de constater qu’alors que l’Europe retenait son souffle en attendant les résultats des élections législatives en Italie, que la victoire du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni était presque annoncée d’avance; qu’officiellement les autorités tunisiennes étaient tenues au devoir de réserve. En effet, la classe politique tunisienne est passée à côté d’un séisme géostratégique majeur qui a frappé le pays de Garibaldi.
Pourtant, ce pays situé géographiquement à environ 60 km de nos côtes est notre premier partenaire économique. L’échange entre les deux pays en 2021 ayant atteint 10.786,2 MD. En plus de l’existence d’une communauté tunisienne en Italie, composée d’environ 94.246 personnes. Sans compter les immigrés clandestins qui, par famille entières, bravent quotidiennement la mort dans des embarcations de fortune. Et ce, à la recherche d’un Eldorado qui n’existe que dans leur imagination.
C’est dire que notre pays ne peut se désintéresser de ce qui se passe chez notre voisin du Nord. Tellement la victoire de l’extrême droite italienne pure et dure et le programme qu’il véhicule aura un impact direct sur notre quotidien.
Un fan de Mussolini au pouvoir
C’est un fait sans précédent depuis la Deuxième guerre en Europe. Puisque le parti d’extrême droite, Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni. Une Romaine de 45 ans, qui, jeune militante, disait admirer ouvertement Mussolini est arrivée en tête des élections législatives italiennes avec 26% des voix, dimanche 25 septembre.
Une victoire due à l’alliance tripartite entre: ce parti ultraconservateur, identitaire et nationaliste à souhait; le parti conservateur Forza Italia du douteux milliardaire Silvio Berlusconi; et la Ligue du Nord (la Lega) anti migrants et populiste de Matteo Salvini.
Sachant que le parti Fratelli d’Italia aura connu une fulgurante remontada. Effectivement, il passe de 4,3% il y a quatre ans, à environ un quart des voix. Devenant ainsi le premier parti du pays et étant quasiment sûr de remporter la majorité absolue des sièges aussi bien à la Chambre des députés qu’au Sénat.
A noter également que plus de 50 millions de citoyens ont eu à choisir les 400 députés et 200 sénateurs qui formeront le prochain Parlement. Sachant que le taux de participation a été le plus faible jamais enregistré dans l’histoire d’après-guerre du pays.
Un programme à droite toute
Rappelons que Giorgia Meloni a revendiqué dès dimanche soir la direction du prochain gouvernement. « Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia », déclarait-elle lors d’une brève allocution à la presse à Rome. « Nous gouvernerons pour tous les Italiens. Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple ». Faisant allusion à la « violente et agressive » campagne électorale.
« Les Italiens nous ont confié une responsabilité importante. Et il nous incombera de ne pas les décevoir et de faire de notre mieux pour restaurer la dignité et la fierté de la nation ». Ainsi a commenté lundi Mme Meloni sur sa page Facebook officielle.
Populisme
Mais en quoi réside le secret du succès de ce parti post-fasciste dirigé par « La Meloni », comme la surnomme ses fans?
Dans une Italie surendettée, qui risque cet hiver de grelotter de froid faute de gaz russe le tout dans le contexte de récession et de cherté de vie, la future première femme à accéder à la présidence du Conseil italien, promet pêle-mêle des baisses d’impôts, des mesures favorisant le « made in Italy », le blocage des migrants traversant la Méditerranée; ainsi qu’une politique familiale ambitieuse pour relancer la natalité dans un pays vieillissant.
Avec quel programme? Bien entendu les thèmes chers à l’extrême droite: immigration zéro; nationalisme farouche et sourcilleux; opposition à Bruxelles et aux institutions européennes. Enfin repli identitaire sur la chrétienté de l’Italie. Le tout doublé du rejet viscéral de la « violence islamiste » et de « l’islamisation de l’Europe ».
Vers un blocus naval?
D’ailleurs, Giorgia Meloni ne cache pas sa ferme intention de défendre les frontières italiennes et européennes. Quitte à établir un « blocus naval » sur la Méditerranée afin de faire barrage aux vagues migratoires qui déferlent sur les plages italiennes. Et ce, dans le cadre d’une « mission militaire européenne » avec le concours des autorités libyennes.
Vaste programme populiste, mais difficile à réaliser eu égard à la complexité du dossier de l’immigration illégale. Dossier sur lequel les prédécesseurs de Mme Meloni se sont cassés les dents.