Coincée entre l’Italie, gouvernée désormais par les fascistes et la Libye, par les islamo-terroristes, la Tunisie, est un bateau ivre qui chavire.
Même si elle essaye de se cramponner à son voisin de l’ouest, l’Italie, à coup de concessions diplomatiques honteuses, la situation interne, qui annonce une crise politique sans précédent et une détérioration de la situation économique et sociale jamais atteinte depuis l’indépendance, est des plus graves.
La responsabilité n’incombe pas au seul gouvernement actuel nommé par Kaïs Saïed. Mais bien à tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011, qui ont dilapidé l’argent public, endetté le pays et appauvri la majorité de la population. S’il n’y a pas de justice humaine pour condamner les vrais coupables, il y en a une certainement, mais divine! Cette dernière n’attend toujours pas l’au-delà pour s’exécuter, certains en sont actuellement la cible, via la justice humaine évidemment. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à dénombrer le nombre d’interpellations par la police ou la justice qui se multiplient et se succèdent, visant le même cercle d’anciens maîtres du pays. Si l’on ne fait pas toujours confiance aux juges, faisons quand même confiance à Dieu. Il n’a pas la réputation d’être un tendre quand il s’agit de terrorisme ou de blanchiment d’argent.
Un gouvernement qui ne gouverne pas
La faute du gouvernement actuel est de naviguer à vue, au quotidien, de se résigner devant les menaces du FMI, dont il a commencé à exécuter les directives depuis des mois. Dans l’espoir de se voir prêter quelque trois milliards de dollars environ, pour disposer de quelques liquidités. Lesquelles couvriraient en partie les déficits budgétaires de cette année et de l’année prochaine. Ce gouvernement n’a pas de vision et de feuille de route pour sortir de la crise. Tout juste, il essaye de gagner du temps, jusqu’aux élections, après lesquelles, il doit mettre la clef sous le paillasson. En effet, KS semble avoir d’autres projets pour le pays, comme l’exécution de son système où « le peuple désire et gouverne ».
Les raisons des pénuries sont connues de tous, et notamment l’incapacité du gouvernement à mobiliser les fonds nécessaires, pour importer les denrées alimentaires qui manquent ainsi que les quantités de pétrole et d’autres produits de première nécessité.
Cette incapacité est structurelle et est due à la nature même de cette formation gouvernementale choisie uniquement par le Président de la République. Des technocrates, comme le veut même la nouvelle constitution, et comme l’a voulu avant KS. Il doit par conséquent en assumer l’entière responsabilité.
On se rappelle qu’il avait lui-même écarté d’autres candidatures du poste de Premier ministre, pour des raisons qui n’échappent plus à personne. KS lui-même les a annoncées et le projet de la toute nouvelle constitution le prouve. Seuls des fonctionnaires, disciplinés et apolitiques peuvent désormais prétendre occuper les plus hautes fonctions de l’Etat. Or, le pays a besoin impérativement d’une vision politique. Ne serait-ce que pour sortir le pays de la crise politico-économique.
Mais ce gouvernement n’a pas cette prétention. Il ne gouverne donc pas. Il gère tout au plus du mieux qu’il peut les conséquences catastrophiques économiques et sociales de cette situation bloquée.
Seul ministère qui échappe à ce marasme, celui de l’Intérieur. Car quoi qu’en disent les détracteurs de l’actuel ministre, que nous ne connaissons ni d’Eve ni d’Adam, jamais depuis des années, le front du terrorisme n’a été aussi inquiété et ce n’est pas rien. Certes, certains agents tentent d’outrepasser la loi ou ont tendance à user plus facilement de la matraque que de la persuasion. Mais cela ne peut pas encore être considéré comme une politique de répression systématique.
La sécurité est à vue d’œil rétablie sur tout le territoire. Comme le prouve la saison estivale, où des millions de femmes et d’enfants, tunisiens et touristes, se sont pavanés sur les artères des villes balnéaires jusqu’à des heures tardives, sans jamais êtres inquiétés. Cela ressemble étrangement à l’époque Ben Ali. Et c’est bon pour le tourisme et le commerce. C’est aussi ce qui fait la popularité de KS, jamais démentie par les sondages.
On en conclut que « le peuple veut » d’abord la sécurité et l’ordre après une décennie marquée par le terrorisme et l’anarchie. Le cas des deux policiers sanctionnés, pour avoir tabassé un journaliste dans les locaux d’un poste à Tunis, est assez édifiant. De quoi couper l’herbe sous les pieds de l’opposition « salutaire » qui tente de nous convaincre que nous vivons dans une « dictature » !
Tout au plus nous sommes sous une autocratie constitutionnelle, anti-islamiste. Se tromper de diagnostic pour une opposition, c’est aller directement dans le mur.
On n’est pas non plus dans une démocratie, puisqu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs. Et que l’actuelle constitution a complètement assujetti les deux pouvoirs judiciaire et législatif au pouvoir exécutif. La Tunisie, encore, un cas à part, que nous gagnons à étudier, loin des pensifs importés d’outre-mer !
L’Italie, ce voisin dont on a tant besoin
Ce pays avec lequel nous partageons une histoire millénaire et qui est notre voisin immédiat, va être désormais gouverné par une coalition dite de droite, dont le parti post-fasciste vainqueur des élections.
La campagne électorale a été menée sur une base anti-immigrés, à connotation xénophobe. Cela s’est produit à une semaine d’intervalle de la plus grande vague d’immigration clandestine via la Méditerranée, partant des côtes tunisiennes, où des centaines de cadavres ont été repêchés par la Garde nationale ou rejetés par la mer.
Il est évident que le nouveau gouvernement italien va se saisir de « cette opportunité » pour mettre en exécution ses promesses électorales anti-immigrés. Il y a même fort à craindre que la première victime de cette montée du fascisme chez nos voisins soit les relations tuniso-italiennes. Au moment même où la Tunisie a le plus besoin du soutien de l’Italie non seulement pour les relations bilatérales mais aussi pour son soutien au sein de l’Union Européenne.
S’ajoute à cela le fait que la leader post-fasciste est aussi anti-européenne. Ce qui n’est pas pour simplifier les choses. Déjà que nos relations avec cet organisme européen battent de l’aile, en raison de la politique poursuivie par KS. Il y a donc fort à parier que la première visite du futur ministre des Affaires étrangères italien sera pour notre pays où il va tancer les autorités tunisiennes. Il faudrait tout simplement s’y préparer.
L’Italie est aussi un acteur important en Libye, qui soutient les autorités de Tripoli contre celles de Benghazi.
Les combats entre milices dans la capitale ont repris de plus belle et ont fait des dizaines de victimes. Et la solution « politique » ne semble pas être pour demain. D’autant plus que le nouveau commissaire de l’ONU pour ce pays ne semble pas être accepté par Alger. A savoir, un autre acteur important sur la scène libyenne et qui tente de faire aligner les positions tunisiennes sur les siennes.
L’enjeu est évidemment le pétrole libyen et l’Italie travaille de concert avec l’Algérie. En même temps que ce pays tente de mettre la main sur cette précieuse source d’énergie qui permet à l’Europe de chauffer ses foyers; alors que le gaz russe est coupé par le Kremlin.
C’est donc une période où les changements politiques dans les pays de la rive nord auront un impact direct sur les pays du sud et notamment le nôtre.
Entre les islamo-terroristes à nos frontières sud et les post-fascistes à nos frontières nord, la Tunisie doit déployer une diplomatie agressive. Et ce, pour desserrer l’étau qui vient empirer la crise globale que nous vivons.
Ce dossier crucial, qui devait accaparer l’attention de nos citoyens, est carrément ignoré par nos médias notamment audio-visuels. Lesquels sont plutôt intéressés par la mort d’un vieillard déjà moribond depuis des années, le nommé al-Qardhaoui, ou les déclarations sur la polygamie d’un apprenti-politicien.
Complètement déconnectés du réel, tout ce qui les intéresse, c’est la course à l’audimat qui génère de l’argent facile. Même nos pseudo-politiciens semblent être sur une autre planète. Comme si nous vivons en autarcie totale. Alors que plus que jamais, quand un pays européen tousse, en l’occurrence l’Italie, nous éternuons.
Comme ces pays considèrent pour la majorité qu’ils sont concernés par nos affaires intérieures, nous devons définitivement comprendre que leurs affaires intérieures, non seulement nous concernent mais au plus haut point, s’agissant de notre sécurité intérieure. Imaginons un instant que l’Italie du gouvernement post-fasciste décide de renvoyer chez eux nos centaines de milliers de jeunes qui campent illégalement sur leur territoire?