C’est fait. Le Kremlin a accueilli hier la cérémonie de signature des documents relatifs à l’intégration de quatre régions d’Ukraine (Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia) dans la fédération de Russie.
Avant la signature, le président russe Vladimir Poutine a tenu un long discours dans lequel il a affirmé d’emblée que « le choix du peuple à Donetsk, à Lougansk, à Zaporijjia et à Kherson est fait, nous n’allons pas le discuter. La Russie ne le trahira pas ». Il est à rappeler à cet égard qu’un référendum a été tenu le 27 septembre dans ces quatre régions d’Ukraine où la population a massivement voté pour leur intégration dans la fédération de Russie : 93% à Zaporijjia, 87% à Kherson, 98% à Louhansk et 99% à Donetsk.
Dans son discours devant l’élite russe invitée pour l’occasion au grand palais du Kremlin, Poutine s’en est pris avec virulence à l’Occident. Pour lui, « la raison de la russophobie de plusieurs siècles, de la méchanceté non dissimulée des élites occidentales envers la Russie résidait dans le fait que nous ne nous sommes pas laissé voler pendant la période des conquêtes coloniales ».
Le président russe a affirmé que les Occidentaux « ont noyé la vérité dans un océan de mythes, d’illusions et de fake news, utilisant une propagande incroyablement agressive. Ils mentent impudemment, comme Goebbels. Plus le mensonge est incroyable, plus ils y croient. C’est ainsi qu’ils fonctionnent sur ce principe ».
Il s’est dit convaincu que « rien ne serait plus jamais comme avant dans le monde » et que « la destruction de l’hégémonie occidentale est irréversible ».
Un tournant dans les relations internationales
Il va sans dire que les Occidentaux n’ont pas tardé à réagir contre ce qu’ils appellent « les annexions frauduleuses des territoires ukrainiens ».
Outre les « sévères sanctions » qu’ils comptent imposer de nouveau à la Russie, les Etats-Unis ont averti qu’ils sanctionneront, en accord avec le G-7 « tout pays, individu ou entité qui fournirait un soutien politique ou économique aux tentatives de la Russie de s’emparer illégalement de territoires en Ukraine ».
De son côté, accusant Moscou de « mettre en danger la paix mondiale », l’Union européenne « rejette et condamne l’annexion illégale de quatre régions ukrainiennes ». Les 27 ont promis en outre qu’ils continueront à apporter « un soutien économique, militaire, social et financier solide aussi longtemps qu’il le faudra ».
L’intégration des quatre régions ukrainiennes dans le giron russe en ce 30 septembre 2022 constituera sans doute un tournant dans les relations internationales, quelle que soit la suite des événements. Un tournant d’autant plus certain que le président Poutine a martelé deux idées-force dans son discours : les nouveaux venus dans la fédération russe y resteront pour toujours ; la destruction de l’hégémonie occidentale est irréversible.
A ce point de l’évolution du conflit ukrainien, les deux termes de l’alternative qui se présentent sont les suivants : ou l’Occident accepte que l’Ukraine s’asseye à la table des négociations tout en acceptant d’être amputée des quatre régions en question et de la Crimée ; ou il s’implique directement dans la guerre en décrétant la mobilisation des forces de l’OTAN. Auquel cas, la voie sera grande ouverte à la troisième guerre mondiale, avec un risque élevé de recours aux armes nucléaires.
Pure hypocrisie
Pourquoi il n’y a que ces deux termes de l’alternative ? Parce que l’armée ukrainienne, seule, n’arrivera jamais à récupérer les territoires perdus, quels que soient le volume d’armement occidental et la cadence de son cheminement vers l’Ukraine. Ceci d’une part. D’autre part, la Russie ne rendra jamais les territoires annexés, même si cela devrait aboutir à une conflagration générale.
En attendant, l’Occident continue de protester avec véhémence en mettant en avant la violation du droit international par la Russie. Pure hypocrisie. Car, tout le monde sait que tout événement qui se déroule dans n’importe quel coin dans le monde est considéré comme conforme au droit international, s’il est conforme aux intérêts de l’Occident, et il est une violation de ce droit, s’il est contraire à ces intérêts.
La Serbie a été amputée du Kosovo par la force des bombardements de l’OTAN. Cette partie du territoire serbe a très vite été déclarée Etat indépendant, parce que tel était le désir de l’Occident.
Le Soudan a été amputé de sa partie sud et transformé en deux Etats, parce que tel était le désir de l’Occident. Cela fait 60 ans qu’Israël annexe des territoires qui ne lui appartiennent pas et opprime sauvagement leurs propriétaires.
Et l’Occident, non seulement se fout comme d’une guigne du droit international, mais qualifie de terroristes ceux qui se montrent déterminés à défendre leurs biens contre le colon oppresseur.