La question des entreprises citoyennes fait l’objet de discussions et de débats, depuis le lancement de la première entreprise citoyenne en Tunisie à Beni Khiar, de la part du Chef de l’Etat. On se demande si ces entreprises citoyennes pourront contribuer à la croissance économique de la région ou du pays et par quels moyens?
Il faut dire que les entreprises citoyennes seront pires que les coopératives des années 60. C’est ce qu’a fait savoir Sana Ghenima, présidente de l’Association Femmes et leadership.
Elle précise dans ce contexte: « Le lancement de l’entreprise citoyenne à Beni Khiar donne un indicateur du régionalisme. Pour la simple raison que le président a préféré sa ville natale pour lancer son projet. Et ce, pour avoir de la sympathie et de la reconnaissance auprès des habitants. » Alors qu’il aurait dû commencer par une zone où la précarité est de taille.
Et de poursuivre: « Il s’agit d’un mauvais indicateur pour Kaïs Saïed en termes de chances égalitaires. Ainsi ces entreprises citoyennes arrivent à un moment où il y aura un déséquilibre entre le bien communautaire et le bien de l’Etat. Et ce, en créant des confrontations entre les habitants. »
Il est clair que les entreprises citoyennes ressemblent aux coopératives. A cet effet, Sana Ghenima tire la sonnette d’alarme. « La population tunisienne, quand elle entend le mot coopérative, cela lui évoque de la peur. Un truc qui est resté dans la mémoire collective. Ce qui fait qu’il aurait fallu traiter ce sujet avant de se lancer dans de nouvelles expériences. Plus encore, je prédis un très mauvais avenir par rapport à cette initiative qui sera à mon avis de très courte durée. Car on ne commence pas une initiative parce qu’elle plait au président. »
Même constat pour Faouzi Ben Abderahmane, ancien ministre de la Formation et de l’Emploi. Ainsi, il évoque via un post les difficultés qui seront engendrées dans la mesure où ces entreprises voient le jour. Pour un monde du 21ème siècle, est-il logique de revenir sur la politique du collectivisme?
Moez Attia: « Les entreprises citoyennes font partie du projet du président de la République depuis 2011″
Moez Attia, analyste politique, rappelle que les entreprises citoyennes font partie du projet du président de la République depuis 2011. Selon lui, les critères de ces entreprises n’ont aucun sens. Pourquoi imposer 50 personnes et qu’elles doivent être inscrites au registre électoral?
Il estime que ce sont des indicateurs très inquiétants. Car cela laisse entendre d’une connotation politique où ces entreprises seront financées en partie par de l’argent spolié. Mais le plus grave aussi, est l’implication des gouverneurs à l’échelle locale. Car ils auront un droit de regard et voudront interférer.
Et de conclure: « Cependant, je ne vois pas pourquoi ne pas appliquer la loi de l’économie sociale et solidaire qui est plus générale, en donnant la chance aux jeunes dans la région et se contenter des entreprises citoyennes dont le temps est bel et bien révolu. »
En somme, entre progresser ou revenir à l’âge de pierre, les orientations divergent sur ce qu’on entend par projets d’avenir.