L’Algérie, qui ambitionne de rejoindre le groupe BRICS- lequel compte près de 40% de la population mondiale, 25% du PIB mondial et 18% du commerce international- peut déjà compter sur l’appui de Moscou et surtout de Pékin qui assure actuellement la présidence tournante.
L’Algérie veut désormais jouer dans la cour des grands et s’allier aux BRICS. Et, elle en a les épaules.
En effet, Alger ne cache pas son ambition d’intégrer les BRICS. A savoir l’acronyme du groupe économique très sélectif réunissant les grandes puissances émergentes: le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Pékin assure actuellement la présidence tournante.
Les atouts d’Alger
Quels sont les atouts qui plaident en faveur de l’adhésion de l’Algérie à ce bloc qui totalise aujourd’hui un PIB proche de celui des États-Unis. Alors qu’il est supérieur à l’ensemble des pays de l’Union européenne. Et représentant quelque 3 milliards d’habitants, soit 41% de la population mondiale?
D’abord, un programme de diversification économique adopté en 2016. Ensuite, l’accord de partenariat stratégique conclu avec la Chine. Enfin, une croissance économique du pays correspondant à celle suivie par les cinq membres des BRICS.
En effet, selon les données de la Banque mondiale ces dix dernières années, la Chine, principale locomotive de ce groupe, affichait une croissance moyenne de 7%, la Russie de 2,8%, l’Inde de 6%, l’Afrique du Sud de 1,4%, et le Brésil de 1%. L’Algérie, elle, indique une croissance de 2,2% en moyenne par an.
Selon de nombreux experts algériens, l’adhésion du géant maghrébin à ce bloc offre de nombreux avantages. Entre autres, l’accès aux financements via la Nouvelle banque de développement créée en 2014 et dont le siège se trouve à Shanghai, en Chine. Laquelle banque permet l’accès aux financements, de faire fructifier les échanges commerciaux. De même que d’avoir accès à un système de financement alternatif au dollar américain et au système financier international Swift.
Rappelons à cet égard que le président algérien Abdelmadjid Tebboune affirmait devant la presse le 7 août dernier que l’éventuelle adhésion de son pays à ce club de pays aux économies dites émergentes pourrait être rapide. « Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura bientôt de bonnes nouvelles », lançait-il.
Le BRICS pour se distancer du tiraillement des deux blocs
Dans son intervention, le chef de l’Etat algérien a qualifié le groupe BRICS de « locomotive » au niveau économique et politique. Et ce, afin de « se distancer de l’attraction des deux pôles ».
« L’adhésion à ce groupe mettrait l’Algérie, pays pionnier du non-alignement, à l’abri des tiraillements entre les deux pôles ». Ainsi plaidait le chef de l’État algérien. Précisant que « l’adhésion au groupe BRICS est tributaire de conditions économiques auxquelles l’Algérie satisfait en grande partie ».
Et d’ajouter: « Nos expériences passées nous ont clairement montré que le déséquilibre enregistré sur la scène internationale et la marginalisation des pays émergents au sein des différentes instances mondiales de gouvernance constituaient une source d’instabilité, de manque d’équité et d’absence de développement », a rappelé le président algérien. Tout en ajoutant: « Ces tiraillements nous font rappeler et font remonter à la surface la thèse avancée par l’Algérie, il y a près de 50 ans, sur l’impératif de veiller à l’instauration d’un nouvel ordre économique où régneront parité et équité entre pays ».
Si sa candidature est confirmée, Alger suivra les traces de l’Arabie saoudite, de la Turquie et de l’Égypte, qui cherchent à rejoindre l’Iran et l’Argentine en tant que candidats officiels à l’adhésion aux BRICS.
L’appui déterminant de Pékin
Bonne nouvelle pour le président algérien: la réception de Moscou et Pékin à la demande algérienne était des plus favorables.
Ainsi, « la Chine soutient l’Algérie dans son rôle de président tournant de la Ligue arabe et dans la bonne tenue du Sommet arabe. Et elle accueille favorablement son adhésion la famille des BRICS ». C’est ce qu’indiquait le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, à l’issue de sa rencontre avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Et ce, en marge de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU.
Moscou: un soutien désintéressé?
Pour sa part, l’ambassadeur russe à Alger, Valerian Shuvaev, a indiqué en septembre dernier, que le président Vladimir Poutine avait reçu de son homologue algérien la lettre de demande d’adhésion aux BRICS « qu’il a d’ailleurs acceptée ». Précisant à l’occasion que Moscou soutient cette demande.
Faut-il rappeler qu’en dépit de l’isolement international subi par la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, l’Algérie, un allié traditionnel de Moscou, s’est abstenue de condamner l’agression russe lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Du donnant-donnant?