Le Liban est sur le point de conclure un accord avec Israël sur un différend maritime impliquant des gisements de gaz offshore. Mais le pays à court d’argent est toujours confronté à une lutte acharnée pour débloquer les richesses potentielles en hydrocarbures, selon les analystes.
« Un accord marquerait un pas en avant, mais cela ne signifie pas que le Liban est devenu un pays producteur de gaz ou de pétrole ». Ainsi déclarait Marc Ayoub, chercheur associé à l’Institut Issam Fares de l’Université américaine de Beyrouth.
« On parle d’un délai de cinq à six ans […] avant le premier gaz ». Et ce, si des réservoirs commercialement viables sont effectivement trouvés. C’est également ce que déclare à l’AFP l’expert en énergie, qualifiant le délai d' »optimiste ».
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Alors que la demande de gaz augmente dans le monde entier, en raison d’une crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Liban espère qu’une découverte offshore atténuerait son ralentissement financier sans précédent.
Mais plus d’une décennie après avoir déclaré ses frontières maritimes et une zone économique exclusive, il n’a toujours pas de réserves prouvées de gaz naturel.
En effet, un puits foré en 2020, par un consortium de géants de l’énergie TotalEnergies, Eni et Novatek, n’a montré que des traces; mais aucun gisement de gaz commercialement viable.
D’autres forages d’essai, dans un bloc près de la frontière, ont été entravés par le différend frontalier maritime entre le Liban et Israël. Ces derniers étant techniquement toujours en guerre.
Cependant, après des années de négociations sous la médiation des États-Unis, les États rivaux semblent maintenant être sur le point de s’entendre. Et ce, après qu’un projet de proposition de Washington ce week-end a été bien accueilli par les deux parties.
Un accord permettrait donc « aux activités d’exploration offshore de se poursuivre. Mais cela ne signifie pas que le Liban est devenu riche, ou que sa crise a été résolue », déclare M. Ayoub.
Découverte d’importants réservoirs
En réalité, une étude sismique réalisée en 2012 sur une zone offshore limitée par la société britannique Spectrum estimait les réserves de gaz récupérables au Liban à 25,4 billions de pieds cubes (tcf). Les autorités libanaises, quant à elles, annonçaient des estimations plus élevées.
A cet égard, le bloc 9 près de la frontière avec Israël contient le champ dit de Qana ou réservoir de Sidon. Et il sera une zone majeure d’exploration offshore par TotalEnergies et Eni qui ont obtenu un contrat en 2018.
Après avoir été en partie revendiqué par Israël, le champ de Qana devrait revenir entièrement au Liban. Et ce, dans le cadre de l’accord sur la frontière maritime, selon des responsables libanais.
« Si nous avons une découverte, il faudra pas moins de trois à cinq ans après l’exploration »; et ce, avant que la production puisse démarrer.
Ce délai, selon M. Ayoub, suppose qu’il n’y a pas de retard de la part des autorités libanaises. Lesquelles sont déjà largement blâmées pour la corruption et la mauvaise gestion derrière le krach financier du pays.
De son côté, Roudi Baroudi, un consultant en énergie, estime que la production de gaz ou de pétrole pourrait démarrer d’ici trois ans. Et ce, si des réservoirs commercialement viables sont trouvés.
Mais pour attirer les entreprises énergétiques et bénéficier des découvertes potentielles, le Liban a désespérément besoin de se réformer, souligne-t-il à l’AFP.