L’optimisme affiché aussi bien par la DG du FMI que par le gouvernement Bouden, quant à la conclusion imminente d’un accord de prêt avec la Tunisie, risque d’être douché par la réticence de la centrale ouvrière. Laquelle est hostile aux réformes douloureuses imposées par les bailleurs de fonds. Avec notamment l’éventuelle levée de la compensation sur « le pain du citoyen ».
Faut-il encore accorder du temps au temps pour que les négociations interminables avec l’institution de Bretton Woods aboutissent enfin. Et ce, à la conclusion d’un accord final sur le prêt compris entre deux et quatre milliards de dollars sur une période de trois ans. Alors que tous le indicateurs économiques sont au rouge et que l’explosion sociale risque de se déclencher à tout moment. Eu égard, entre autres, à une insoutenable inflation qui tutoie désormais les 9,1% et qui grignote déjà les maigres augmentations salariales dans le secteur public?
Vers un imminent accord avec le FMI?
Bonne nouvelle. « Le FMI est à un stade de discussion très avancé avec la Tunisie et l’Egypte. Et des accords pourraient être signés bientôt au niveau des experts, dans les prochains jours ou semaines, c’est difficile à prévoir. Mais ce sera très rapide ». Ainsi déclarait lundi 3 octobre à Ryadh, la Directrice Générale du Fonds, Kristalina Georgieva.
Sachant qu’une délégation composée du ministre des Finances, de son collègue de l’Economie et de la Planification ainsi que du gouverneur de la BCT se rendra du 10 au 16 octobre prochain à Washington. En effet, elle participera à l’édition 2022 des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale (GBM) qui se tiendra, du 10 au 16 octobre à Washington. Et ce, pour l’obtention du crédit tant attendu et tant espéré.
Pour rappel, l’octroi de ce crédit aura des répercussions positives sur le budget du gouvernement en raison de son effet d’entrainement. « Cet accord va faciliter l’accès au financement du budget de l’Etat à travers des accords bilatéraux avec le Japon ou les pays du Golfe ». C’est ce que confirme le gouverneur de la Banque centrale, Marouane El Abassi.
Optimisme prudent
Deuxième bonne nouvelle. Le porte-parole du gouvernement, Nasreddine Nsibi, déclarait le 19 septembre 2022 à la TAP, qu’après la signature de l’accord entre le gouvernement et la centrale syndicale, un dossier complet comprenant les grandes réformes sera présenté au FMI. Lequel dossier, selon ses estimations, sera approuvé au cours des prochaines semaines.
Alors, comment expliquer l’optimisme affiché aussi bien par la responsable du FMI que par le gouvernement Bouden?
La réponse réside dans la signature d’un accord, le 15 septembre 2022, entre le gouvernement et l’UGTT sur: les majorations salariales concernant les années 2023, 2024 et 2025; la révision de la fameuse circulaire n°20; et la restructuration des entreprises publiques.
Par conséquent, ce consensus arraché au forceps et ayant nécessité l’intervention du président de la République en personne, a sans aucun doute balisé la voie à l’accord avec le FMI. Répondant donc au souhait des bailleurs de fonds, le FMI en tête. Et ce, quant à la nécessité d’un large consensus entre le gouvernement et la puissante centrale ouvrière sur les douloureuses réformes qu’il faudra nécessairement engager.
Alors, faut-il en conclure prématurément que l’accord avec le FMI est dans la poche?
Les lignes rouges de Taboubi
C’est aller trop vite en besogne. Car, en présidant hier mercredi le congrès régional de son organisation à la Manouba, le SG de l’UGTT Noureddine Taboubi a opposé un niet catégorique à deux réformes essentielles exigées au préalable par les bailleurs des fonds. A savoir: la suppression des subventions de l’Etat et la cession des entreprises publiques.
Mais, c’est sur le premier point que le patron de la Place Mohammed Ali ne compte pas lâcher du lest. A cause des conséquences dévastatrices sur « le pain du citoyen » d’une éventuelle levée de la compensation sur les produits de première nécessité.
Et ce, dans le contexte explosif marqué par la pénurie récurrente de certains produits alimentaires de base, ainsi qu’une inflation qui cumule à 9.1%. Pour lever la compensation, ironise Noureddine Taboubi, il faudrait que le salaire minimum atteigne mille dinars; alors qu’il est actuellement à 400 dinars.
On n’est pas sorti de l’auberge.