Le bilan s’alourdit en Iran. Le pays connaît depuis plus de deux semaines des manifestations massives qui ont éclaté suite à la mort tragique de Mahsa Amini, arrêtée pour « port inapproprié » du voile.
En effet, en dépit d’un décompte macabre d’au moins 92 morts selon l’ONG Iran Human Rights, les contestations durement réprimées par le régime iranien ne faiblissent pas. Au contraire, des lycéennes ont pris le relais en retirant leur voile et en criant des slogans hostiles au régime conservateur des mollahs.
Ainsi, le régime des mollahs– une théocratie rétrograde, archaïque d’un autre temps, qui pèse, telle une chape de plomb, sur la société iranienne- est fortement contesté par un vaste mouvement de colère déclenché par la mort de Mahsa Amini; une jeune femme de 22 ans, décédée après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique qui oblige les femmes à porter le voile dit islamique.
Et si cette révolte inédite, conduite cette fois-ci par la jeunesse iranienne, en majorité des femmes, allait ébranler les fondements même d’un régime qui se maintient au pouvoir depuis la création de la République islamique par l’imam Khumaini par la seule arme de la répression?
Scènes insoutenables d’horreur
Et c’est la mort de cette kurde iranienne le 16 septembre, qui a mis le feu aux poudres.
Or, son cas n’est pas unique en Iran. Puisque une adolescente de 17 ans, Nikka Shakarami avait disparu dans une manifestation. Les forces de sécurité iraniennes ont daigné rendre le cadavre de la jeune fille à ses parents… avec le nez et le crâne fracturé!
Quant à Hadis Najafi, 20 ans, qui narguait les forces de l’ordre en enlevant son tchador, elle fut tuée par six balles dans la tête, le cou et la poitrine!
La peur a changé de camp en Iran
Depuis, la colère des Iraniennes s’est propagée tel un feu de brousse dans l’ensemble du pays. Sachant que le plus grave pour le régime, c’est que des écolières ont pris le relais en retirant leur voile et en scandant des slogans hostiles au régime conservateur des mollahs.
Ainsi, bravant ouvertement les Gardiens de la révolution, le bras idéologique et paramilitaire du régime des mollahs, lequel, à moto, tirait à balle réelle sur les manifestants, des jeunes filles débarrassées de leur foulard dans plusieurs collèges et lycées, à Téhéran et en province, lancent des slogans contre Ali Khamenei le guide suprême, première autorité politique et religieuse du pays. « Mort à Khamenei, à bas le dictateur ».Tels sont les mots d’ordre de plus en plus radicalisés.
Choc des générations
Selon les observateurs les plus avisés, le refus des jeunes iraniennes de porter le tchador reflète un choc des générations qui se manifeste par des revendications plus globales contre les fondements idéologiques de la République islamique: les droits des femmes bafoués par un système archaïque et la nécessaire séparation entre vie politique et vie religieuse. Le tout dans un contexte d’une grave crise économique: taux de chômage très élevé qui touche d’abord les jeunes générations, inflation galopante, etc; en partie due aux sanctions internationales contre Téhéran.
Et quelle est la réponse de l’ultra conservateur Ebrahim Raïssi, président de la République islamique iranienne? Demander aux forces de sécurité de s’opposer « avec toute leur force » aux manifestants.
La main de l’étranger?
Enfin, le guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei qui s’est distingué par un mutisme assourdissant lors de ces dernières semaines, a finalement pris la parole lundi dernier pour fustiger, dans un discours enflammé, la main de l’étranger.
« Je dis clairement que ces émeutes et l’insécurité sont l’œuvre de l’Amérique, du régime sioniste usurpateur et leurs agents salariés, avec l’aide de certains Iraniens traîtres à l’étranger ». C’est ainsi qu’il réagissait à la mort tragique de la jeune Mahsa Amini.
A 83 ans, l’actuel guide suprême de la Révolution islamique semble avoir tout compris. Conflit de génération oblige.