L’Arabie saoudite rejette les déclarations critiquant le Royaume. Et ce, après la décision de l’OPEP+, la semaine dernière, de réduire son objectif de production de pétrole; malgré les objections des États-Unis. « La décision de l’OPEP+ était unanime, tenait compte de l’équilibre entre l’offre et la demande. De plus, elle visait à réduire la volatilité du marché ». Ainsi déclarait le Ministère saoudien des Affaires étrangères, dans son communiqué. « Le contexte est purement économique », ajoutait-il.
La réaction de Riyad intervient après les promesses de Joe Biden qu’il y aura des conséquences à cette réduction de production; et ce, au niveau des relations de son pays avec l’Arabie saoudite. Washington accuse le Royaume de faire des courbettes à Moscou. Ce dernier s’opposant à un plafonnement du prix du pétrole russe en réponse à son invasion de l’Ukraine.
Réaction violente
En effet, les États-Unis ont appelé à plusieurs reprises l’alliance énergétique, qui comprend la Russie, à pomper davantage. Et ce, pour aider l’économie mondiale et faire baisser les prix du carburant, avant les élections de mi-mandat du mois prochain.
A cet égard, les spécialistes de l’énergie estiment que les importantes réductions de production pourraient avoir un effet négatif sur l’Arabie saoudite, pivot de l’OPEP. D’autant que la Maison-Blanche laissait entendre que le Congrès chercherait bientôt à limiter l’influence du groupe que domine le Moyen-Orient sur les prix de l’énergie.
L’arme réglementaire est prête
Parmi ces outils, il y a le No Oil Producing and Exporting Cartels Act (NOPEC). A savoir: un projet de loi sur l’interdiction des cartels de production et d’exportation de pétrole. Il vise à protéger les consommateurs et les entreprises des États-Unis contre les hausses artificielles du prix du pétrole.
Cependant, la promulgation de la législation américaine, qu’adoptait une commission du Sénat au début du mois de mai 2022, n’a pas encore eu lieu. Car la Maison-Blanche s’y oppose. Elle pourrait exposer les pays de l’OPEP et leurs partenaires à des poursuites judiciaires. Et ce, pour avoir orchestré des réductions de l’offre qui font augmenter les prix mondiaux du brut. Pour prendre effet, le Sénat et la Chambre des représentants doivent adopter ce projet de loi; avant sa promulgation par le Président.
Sachant que les principaux ministres de l’OPEP ont déjà critiqué le projet de loi. Avertissant que la législation américaine entraînerait un plus grand chaos sur les marchés de l’énergie.
Décision à court terme?
A ce propos, notons que trois mois auparavant, Biden arrivait en Arabie saoudite pour l’inciter à augmenter sa production, afin de contribuer à la baisse des prix de l’essence. Le voyage faisait partie d’un effort pour améliorer les liens diplomatiques avec Riyad, effondrés après le meurtre de Jamal Khashoggi en 2018.
Quelques semaines plus tard, l’OPEP+ augmentait la production de pétrole d’un minuscule 100 000 barils par jour. Dans ce qui fut largement interprété comme une insulte à Biden.
Pourtant, l’impact réel des réductions de l’offre du groupe pour le mois de novembre devrait être limité. De plus, il y a une quasi-unanimité à affirmer qu’il est actuellement difficile pour l’OPEP+ de se forger une opinion à plus d’un mois ou deux dans l’avenir. Car, le marché de l’énergie fait face à l’incertitude de nouvelles sanctions européennes à l’encontre de la Russie. Et ce, notamment en matière d’assurance maritime, de plafonnement des prix et de réduction des importations de pétrole.
Autre élément à prendre en considération: l’agressivité du passage aux énergies renouvelables. Le rythme actuel ne suffit plus pour une émancipation rapide des énergies fossiles. De nouvelles étapes inciteraient les producteurs à faire baisser les prix, mais c’est loin d’être garanti.