La Tunisie fête l’Evacuation de Bizerte, le 15 octobre 1963. La ville de Bizerte a été un haut lieu de la résistance au colonialisme. Après l’indépendance, en 1956, la France, qui l’a érigée en base navale, refusa de l’évacuer. Ce qui entraîna de nombreuses tensions entre la Tunisie de Habib Bourguiba et la France de Charles de Gaulle. Lesquelles atteignent leur paroxysme lors de la crise de Bizerte.
Le leader Habib Bourguiba mobilisa les nationalistes et engagea la bataille de l’Evacuation. Des manifestations furent organisées devant le portail de la caserne de Sidi Ahmed. Les troupes tunisiennes (armée, police et garde nationale) encerclèrent la base navale de Bizerte, occupée par les troupes Françaises. Du 19 au 22 juillet 1961, la bataille fit rage dans la ville, entre les militaires français et les nationalistes.
Alors, le général de Gaulle prend la décision de ne pas répondre aux doléances des Tunisiens et ordonne une intervention militaire: l’opération Bouledogue est aussitôt déclenchée. Sur son ordre, l’armée française bombarde la ville. Preuve de la violence de l’épreuve de force, les événements de Bizerte font officiellement de 24 à 27 morts et une centaine de blessés du côté des soldats français; contre 630 à 632 morts côté tunisien, dont la moitié appartiennent à l’armée régulière. Et environ 1 500 blessés. Selon le Croissant rouge tunisien, la bataille aurait fait plus de 5 000 morts.
Le 20 juillet, Bourguiba saisit le Conseil de sécurité de l’ONU puis annonça la rupture des relations diplomatiques avec la France. Dans la soirée, le GPRA publia un communiqué offrant son soutien en hommes et en matériel. Le Conseil de sécurité se réunit les 21 et 22 juillet: tous les États membres votèrent pour le retrait des troupes françaises, à l’exception du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France elle-même. Et ils demandèrent un début de négociations ainsi qu’un cessez-le-feu dans une résolution approuvée le 22 avec la seule abstention de la France, fermement opposée à tout retrait du territoire.
Quand l’ONU condamnait la France à l’Evacuation
Alors, le secrétaire d’État des États-Unis, Dean Rusk, s’impliqua personnellement dans les négociations, Bourguiba étant considéré comme un allié de l’Occident. Le 21, le Premier ministre français Michel Debré impute la responsabilité de la crise à la Tunisie. Mais se déclare « prêt à donner des instructions nécessaires pour étudier avec le gouvernement tunisien les conditions d’un cessez-le-feu ».
Le 24 juillet, le secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld arrive à Bizerte de sa propre initiative. Cependant, le gouvernement français conseille à Amman, le chef des troupes françaises, de ne pas s’entretenir avec lui. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères indiquant qu’il n’appartient pas au secrétaire général des Nations unies de discuter avec un chef militaire. Le 21 août, le problème est ramené devant l’Assemblée générale des Nations unies. Le 25, celle-ci condamne la France en adoptant une résolution afroasiatique par 66 voix contre 0 et 30 abstentions en l’absence de la délégation française qui la rejette aussitôt. Après des aléas, La France entre en négociations avec le gouvernement tunisien et décide de l’évacuation de Bizerte.
Faut-il sous-estimer cette grande victoire tunisienne, fêtée d’ailleurs par la présence des présidents Nasser et Benbella? Situation curieuse, la maire de Bizerte a refusé, le 13 octobre, les recommandations du gouverneur, de décorer la ville à cette occasion. Est-ce à dire que l’islam politique se propose d’occulter l’histoire tunisienne?