Installé depuis cinq ans à la tête de MAE Assurances, Lassaad Zarrouk ne manque pas de projets pour son entreprise. Une entreprise qui veut s’inscrire sur une voie difficile mais néanmoins nécessaire : assurer une performance économique et défendre des valeurs.
L’interview réalisée à l’occasion du 60ème anniversaire de la MAE, un des fleurons de l’action mutualiste et du secteur financier en général. 60 ans et pas la moindre ride. L’institution se porte bien. La progression de son chiffre d’affaires se situe au-dessus de la moyenne du secteur des assurances. Une progression continue, dont Lassaad Zaroouk assure qu’elle ne pourrait perdurer que grâce à une dynamique de modernisation. Celle-ci prend en compte un ensemble de variables au service du progrès alliant, comme il le précise, réussite économique et éthique au service de tout un écosystème. Et aussi pour le bien d’une économie sociale et solidaire. Entretien exclusif.
La MAE a choisi, avec notamment son symposium international sur « les mutuelles d’assurances pour un monde qui change », une commémoration studieuse de son soixantième anniversaire ?
Tout à fait. Nous avons, par ce biais, voulu mener une opération de réconciliation des Tunisiens avec le mutualisme. Il y avait, dans notre pays, quatre mutuelles. Ce nombre a baissé depuis les années 2000. Nous sommes à présent seulement deux et, pour ainsi dire, sur une tendance plutôt négative. Pourtant, le mutualisme est une troisième voie de collectivité qui sert à développer une stratégie au service de deux objectifs : la performance économique et l’intérêt général. Nobles objectifs en somme et de ce point de vue, nous avons voulu que la commémoration de notre soixantième anniversaire (la MAE est née en 1962) ne soit pas à caractère seulement festif. Riche de notre appartenance à Euresa (association méditerranéenne de coopération et de mutualisation entre sociétés d’assurances européennes appartenant à l’économie sociale) et à la GAIF (Fédération générale arabe des assurances), et dans l’esprit de solidarité et de mutualisme qui nous anime, nous voulons servir l’humain et nous voulons aussi que cette préoccupation serve au mieux les intérêts des Tunisiens. Il faut savoir aussi que le mutualisme est un acteur important de l’économie mondiale, avec une moyenne de 10% du PIB, voire de 15% dans les pays scandinaves, de 20% en Espagne…
Mais, en Tunisie, nous sommes bien en deçà de ces chiffres ?
Nous sommes à 1 ou 2% du PIB. Je veux préciser, ici, que nous ne perdons pas espoir de développer le mutualisme, eu égard à ce qu’il peut apporter à notre économie et que nous ne sommes pas en concurrence avec les autres formes qui composent le secteur économique.
Le mutualisme n’a-t-il pas, par ailleurs, vocation à intégrer le secteur informel ?
Vous avez bien fait de le souligner. L’objectif est précisément que les acteurs économiques se prennent en charge. Avec évidemment, l’appui d’institutions et de mutuelles.
Mais comment cet appui peut-il se matérialiser ?
Le principal atout est, ici, le financement. Le mutualisme peut mobiliser des moyens importants. Vous savez que l’argent est le nerf de la guerre. Et lorsqu’on évoque le développement régional et local, lorsqu’on met en exergue le développement des activités féminines, lorsqu’on parle également de startups, il faut savoir que le mutualisme est un acteur majeur qui peut apporter beaucoup. Il prend en charge des promoteurs qui ne peuvent, faute de moyens, aller frapper aux portes des banques.
La suite de l’interview est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 854 du 12 au 26 octobre 2022