La guerre en Ukraine a renforcé la conviction d’accélérer la transition énergétique et environnementale afin de rendre l’Europe moins dépendante du pétrole et du gaz russes. Or, tout laisse entendre que le chemin du verdissement de l’économie est semé d’embûches.
• Une forte exposition du secteur bancaire au risque de transition pourrait être source de risque systémique.
Le durcissement de la politique monétaire pénalise les entreprises et les banques dans un contexte de transition. Une étude récente de la BCE a montré que les banques sont fortement exposées au risque de transition, compte tenu du poids des entreprises non-financières fortement impliquées dans l’industrie du fossile, et qui représentent près des deux tiers des revenus bancaires.
• Le risque de s’installer dans la « greenflation » durant toute la période de la transition.
L’énergie fossile sera nécessaire dans la transition verte, alors que les sources d’approvisionnement sont en plein tarissement. Une situation qui risque de générer des remises en cause des restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Vouloir rompre avec les énergies fossiles rapidement risque de faire flamber le prix des inputs du renouvelable et compliquer la construction d’une économie plus propre.
• Une décarbonisation à un rythme différencié pèsera sur le secteur bancaire.
Il sera difficile pour les banques d’évaluer et de bien gérer le risque de transition, lorsque certains secteurs trainent dans le processus de migration vers le renouvelable. Les résultats des stress tests dans le secteur bancaire soulignent le coût élevé d’un engagement tardif et plaident pour l’engagement rapide qui est de loin le moins coûteux.
• La montée d’une résistance sociale grippant le processus de transition. Le cuivre fait partie des métaux les plus utilisés dans l’industrie du renouvelable.
Ceci n’a pas empêché des mouvements écologistes de bloquer, récemment, une nouvelle mine de cuivre en Alaska, jugée nocive pour la région ! Il y a aussi le cas de la résistance des gilets jaunes en 2018 en France contre la taxe sur le carburant de Macron, qui est inscrite dans la transition énergétique ! Pour contrecarrer ces menaces, il est impératif d’établir des cartes de risques de transition, à la fois régional et sectoriel, d’une part, pour faciliter la détection des foyers de vulnérabilité et d’autre part, pour concevoir les politiques publiques en harmonie avec les objectifs des accords internationaux sur le climat.
Article paru dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 854 du 12 au 26 octobre 2022