L’information du weekend était l’accord, au titre du mécanisme élargi de crédit, entre les services du FMI et les autorités tunisiennes. Et ce, en appui aux politiques économiques du pays. Le programme s’étend sur quatre ans pour un montant d’environ 1,9 milliard de dollars.
La philosophie de cet accord avec le FMI est simple. A savoir: mener une série de réformes (fiscalité, climat d’affaires, gouvernance) sur la période de l’accord. Lequel permettra de financer une partie des coûts générés par la mise en place de ces mutations dans les politiques publiques.
En contrepartie, le filet de protection sociale sera élargi. Et ce, pour limiter l’impact de la dégradation de la conjoncture internationale; ainsi que la flambée des prix des produits de base.
En effet, le contexte mondial fait que la croissance devrait ralentir à court terme. Avec des pressions sur l’inflation et les soldes extérieur et budgétaire.
Ainsi, l’objectif ultime est de rétablir la stabilité macroéconomique. Mais aussi de promouvoir une croissance plus forte, plus verte et plus inclusive.
Les axes de la politique publique connus
Le communiqué du FMI nous donne déjà une idée sur les axes des prochaines actions du gouvernement.
Tout d’abord, au niveau fiscal, la priorité sera donnée à l’intégration progressive du secteur informel dans l’économie réelle; ainsi que l’élargissement de l’assiette fiscale. Ce qui permettra d’équilibrer les contributions entre les professions. Les mesures d’incitation à l’investissement seront simplifiées et rationalisées.
Ensuite, au niveau budgétaire, c’est la maîtrise des dépenses qui sera le premier souci de l’exécutif. Dégageant de la sorte une marge de manœuvre budgétaire allouée à l’aide sociale.
Les premiers pas sont déjà pris, comme le contrôle la masse salariale de la fonction publique et la levée graduelle des subventions.
Côté social, le filet de sécurité consistera en des transferts monétaires ciblés aux catégories vulnérables de la population.
En outre, le chantier des entreprises publiques n’est pas à oublier. Avec l’adoption d’un nouveau cadre réglementaire les régissant, donc une nouvelle gouvernance.
De plus, le climat des affaires sera amélioré avec des réformes structurelles. Lesquelles stimuleront la concurrence et la création d’un environnement transparent et équitable pour les investisseurs.
Quant aux politiques publiques, elles vont travailler sur la résilience aux changements climatiques. Et ce, en encourageant l’investissement dans les énergies renouvelables.
Enfin, le FMI encourage la préservation du pouvoir d’achat des Tunisiens. Il approuve aussi le resserrement de la politique monétaire actuel de la BCT.
Prêt vraiment utile ?
Par ailleurs, le montant, plus faible que les chiffres qui ont circulé depuis des mois, a suscité des interrogations sur l’utilité d’un tel crédit.
Il faut savoir que la finalité d’un tel accord n’est pas la fourniture de tous les financements nécessaires à l’économie tunisienne. Car le mécanisme élargi de crédit vise à apporter un concours aux pays qui sont aux prises avec de graves déséquilibres de paiements. Et ce, en raison d’obstacles structurels ou d’une croissance lente. De même que d’une position de balance des paiements intrinsèquement fragile.
Il offre donc une aide à l’appui de vastes programmes. Ces derniers prévoyant les mesures nécessaires pour corriger les déséquilibres structurels sur une période prolongée.
Notons à ce propos que les accords élargis sont généralement approuvés pour une durée de trois ans. Mais ils peuvent être approuvés pour une période allant jusqu’à quatre ans. Et ce, pour mettre en œuvre des réformes structurelles profondes et soutenues.
Les montants tirés à ce titre doivent être remboursés dans un délai de 4,5 à 10 ans, en douze versements semestriels égaux.
Un accompagnement aux réformes et non une ligne de financement classique
Sur les quatre prochaines années, la Tunisie devrait rembourser 11,039 milliards de dollars. Soit: 4,536 milliards de dettes multilatérales; 1,537 milliards de dettes bilatérales; et 4,966 milliards de dettes privées.
En effet, les 1,9 milliard vont juste rassurer les bailleurs de fonds qu’il y a un programme sérieux pour les réformes. Et que le pays est capable de refinancer ses dettes et de les rembourser.
Le rôle des autres prêteurs, et surtout la capacité de l’économie tunisienne à générer des ressources en devises, sont largement plus importants que celui du Fonds.