Elon Musk, le patron de Tesla est l’homme le plus riche du monde. Sa fortune s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars. En toute logique, il serait le plus grand perdant, si la planète était détruite par une guerre nucléaire. C’est ce qui l’a peut-être poussé à proposer un plan de paix à la guerre d’Ukraine.
Vu la célébrité de l’homme, son plan de paix pour l’Ukraine a été largement médiatisé dans les colonnes et sur les ondes de la presse internationale. De même que des dizaines de milliers d’usagers des réseaux sociaux le commentaient. Voici donc le plan en quatre points tel que l’a proposé Elon Musk, il y a quelques jours :
- Refaire, sous supervision de l’ONU, le référendum dans les régions annexées. La Russie se retirera si telle est la volonté du peuple.
- La Crimée fera partie de la Russie, comme elle l’a été depuis 1783 (jusqu’à l’erreur de Khrouchtchev).
- Le ravitaillement en eau de la Crimée sera assuré.
- L’Ukraine restera neutre.
Sans surprise, les responsables russes ont exprimé leur accord avec ce plan. Tandis que les responsables ukrainiens le rejetaient, en couvrant le milliardaire américain d’injures. L’ambassadeur ukrainien à Varsovie utilisait même un mot anglais vulgaire, « F*** off » comme réponse donnée à Elon Musk. Quant au Washington Post qui a supporté inconditionnellement toutes les guerres menées ou soutenues par les Etats-Unis, a tout simplement accusé le patron de Tesla d’être… « l’instrument de propagande russe ».
Mais, en Occident, il n’y a pas que les riches qui redoutent les conséquences de cette guerre en Ukraine. Il y a aussi et surtout les pauvres qui la vivent dans leur chair. En France, en Allemagne, en Espagne, en Italie et ailleurs, des millions sont dans l’incapacité de s’assurer les trois repas du jour, de payer leurs factures, leurs soins médicaux ou encore les frais de scolarité de leurs enfants.
Il n’est pas étonnant dès lors de voir pratiquement tous les jours, des manifestants par centaines de milliers défiler dans les villes d’Europe de Stockholm à Rome et de Londres à Prague. Les revendications sont pratiquement les mêmes : les classes politiques européennes sont priées de s’occuper plus de leurs populations en difficulté que d’une guerre que Londres et Washington veulent faire durer à tout prix.
Le problème central de l’Europe aujourd’hui est ce hiatus de plus en plus large qui sépare les classes politiques des peuples. Alors que les Français appellent à l’arrêt de la guerre, leur président Macron répond par l’envoi de plus d’armements à l’Ukraine et l’entrainement de 2000 soldats ukrainiens.
Alors que les citoyens européens crient leur ras-le-bol de la guerre et leur colère de ses conséquences, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’Espagnol Josep Borrell, ne trouve rien de mieux à faire que de jeter l’huile sur le feu en affirmant présomptueusement : « Nous détruirons l’armée russe si Poutine utilise les armes nucléaires »…
Quelques remarques au passage: M. Borrell est l’un des dirigeants du Parti socialiste ouvrier espagnol. Les socialistes européens sont connus pour leur atlantisme effréné et leur alignement servile derrière Washington. Ainsi, bien qu’il occupe le poste de responsable de la sécurité européenne, M. Borrell n’hésite pas à menacer de destruction une armée en possession de six mille têtes nucléaires…
Parce que Washington et Londres interdisent de parler de voie diplomatique pour la paix en Ukraine, aucun dirigeant européen n’ose évoquer un tel sujet qui reste tabou huit mois après le déclenchement de cette guerre dévastatrice.
Les voix et les pays qui veulent une solution diplomatique pour ce conflit ne sont pas entendues par ceux qui, à Washington et Londres, détiennent le pouvoir de décision. A titre d’exemple, le 9 octobre dernier, l’ancien chef d’état-major de l’armée américaine, l’amiral Mike Mullen, a déclaré : « Les Etats-Unis doivent faire tout leur possible pour trouver une solution. Blinken et les autres diplomates sont tenus de chercher les voies et moyens d’amener Zelinsky et Poutine à la table des négociations. » Son appel pour la paix est tombé dans l’oreille des sourds de la Maison-Blanche, du département d’Etat et du Pentagone.
Après un mois d’efforts déployés par la Turquie en vue de trouver une solution diplomatique, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Casuvoglu, a fait état de sa frustration en ces termes : « Il y a des pays au sein de l’OTAN qui ne veulent pas que la guerre s’arrête. Ils veulent qu’elle se poursuive en vue d’affaiblir la Russie. »
Evidemment, c’est loin d’être un scoop. Mais M. Casuvoglu aurait dû parler au singulier, car, au sein de l’OTAN, même s’il y a trente pays qui discutent, il y a un seul qui décide.
Il ne faut pas perdre de vue l’idée que les développements effarants que connait la guerre d’Ukraine ont pour cause réelle non pas « le comportement insensé du diable Poutine », mais la propension maladive des dirigeants occidentaux à pratiquer la politique des deux poids et deux mesures; à croire qu’ils sont dans le vrai et les autres dans le tort; à traiter d’ennemi quiconque ne leur obéit pas au doigt et à l’œil; et à diaboliser tout pays qui tente de suivre un autre chemin que celui tracé par la « Communauté internationale », c’est-à-dire en gros les Etats-Unis et le Royaume Uni.
Le drame dans tout cela est que plus cette guerre dure, plus les risques d’une confrontation directe Etas-Unis/Russie se précisent. Et si cette confrontation se concrétisait, il n’y aucune assurance que les belligérants ne recourraient pas à leurs arsenaux nucléaires. Et si, à Dieu ne plaise, la guerre nucléaire avait lieu, il n’y a aucune assurance que la planète survivrait. Comme quoi, la bêtise humaine est si illimitée que la civilisation et la vie sur Terre tiennent à un fil.