La décision commune du ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Santé imposant d’importer certains produits directement de l’usine du pays exportateur aura certes un impact sur plusieurs acteurs économiques. Quelles seront donc ses retombées sur le tissu économique? Tel est le thème du débat organisé mercredi 19 octobre par L’Economiste Maghrébin, réunissant quatre acteurs économiques au siège du magazine.
La première partie des discussions a porté sur la décision prise par les trois ministères imposant aux importateurs d’importer certains produits directement de l’Usine. En quoi consiste-t-elle finalement?
Hatem Meziou, Président de la chambre syndicale de la parfumerie et de la cosmétique reelvant de l’UTICA, a souligné que cette mesure entraînera un déséquilibre de la balance commerciale.
M. Meziou estime que cela ne fera qu’aggraver la situation économique du pays. Tout en précisant « qu’il aurait fallu simplifier les procédures administratives relatives à l’importation; plutôt que de prendre une telle décision, sans faire le bilan des années passées ».
La totalité des importations ne représente même pas 10% de la balance commerciale
De son côté, Mehdi Abdelmoula président de la chambre nationale des chaînes de magasins, a rappelé que la totalité des importations des produits concernés par cette décision ne dépasse pas 10% de la balance commerciale. Tout en ajoutant: « En tant que professionnels, il y a urgence à trouver un ensemble des solutions pour faire face au déficit de la balance commerciale. »
Ainsi, il estime que la mesure prise n’a pour objectif que de rallonger les délais de traitement des importations. L’impact serait donc de taille: des pertes d’emplois et la suppression des fonds de roulement des entreprises et des PME.
Pour sa part, Zied Jaouadi, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international, souligne que cette mesure soulève plusieurs interrogations. En effet, il relève que le problème à l’heure actuelle n’est pas lié aux réserves en devises, mais aux finances publiques et aux ressources financières.
Et de préciser: « Si on réduit 30% à 40 % des importations, le problème du déficit de la balance commerciale ne sera pas résolu totalement. C’est aux autorités de nous expliquer cette « situation floue ». » Autrement dit, il appelle à plus de communication et de transparence de la part du gouvernement.
Booster les exportations
Alors que Sami Ben Ayed, Directeur du bureau économique, considère que le premier levier pour réduire le déficit de la balance commerciale est de booster les exportations.
Par ailleurs, la deuxième partie du débat a porté sur la manière de repenser une stratégie d’équilibre de la balance commerciale.
A cet égard, les panélistes présents sont conscients de la nécessité de réduire le déficit de la balance commerciale. Ils insistent aussi sur l’idée de cibler les importations. Et ce, en concertation avec le secteur privé et de booster les exportations. Lesquelles restent un axe central de développement économique.
Refaire de la Tunisie un hub des opportunités
Selon les participants à ce débat, la décision commune des trois ministères ne fera qu’encourager le marché parallèle, réduire le marché officiel, augmenter immédiatement l’inflation.
Et pour finir, les panélistes soulignent que les solutions existent. Et ce, en allant vers la digitalisation. Ils prônent de refaire de la Tunisie un hub des opportunités et non des opportunités perdues et d’instaurer un climat des affaires plus serein et plus stable.
En somme, les participants à ce débat ont, au final, recommandé de s’inscrire dans un écosystème économique plus digitalisé; repenser la manière visant à réduire le déficit de la balance commerciale et de redynamiser les exportations. Plus encore, un dialogue avec le secteur privé et un consensus s’imposent.