En approuvant le dernier versement d’un retrait record de 180 millions de barils de la réserve stratégique américaine de pétrole, l’administration américaine a signé une « nouvelle ère » d’interventions militantes sur les marchés pétroliers internationaux. La Maison-Blanche étant de plus en plus disposée à utiliser ses stocks stratégiques de pétrole brut pour orienter les prix mondiaux.
Le président Joe Biden a approuvé la semaine écoulée le dernier versement d’un retrait record de 180 millions de barils de la réserve stratégique américaine de pétrole (RSP). Exhortant ainsi les responsables à se préparer à de nouvelles libérations. Alors que la Maison-Blanche cherche à maîtriser les prix, avant les élections de mi-mandat du mois prochain.
D’ailleurs, les acteurs du marché ont déclaré que de nouvelles baisses cet hiver devraient compenser une hausse des prix causée par une répression des exportations russes.
« Je pense que nous sommes dans une nouvelle ère où le RSP est utilisé de manière beaucoup plus agile et adroite; et ce, à la fois comme un marché et un outil géopolitique ». C’est ce que déclare David Goldwyn, ancien haut responsable de l’énergie dans l’administration de Barack Obama.
Faire face à l’OPEP+ et à la Russie
Selon les analystes, la volonté de Washington d’intervenir directement sur les marchés pétroliers signifie que la gestion des risques de prix, qui étaient auparavant principalement associés à des gouvernements producteurs volatils ou au cartel Opep+, émanent désormais également du bureau ovale.
Joe Biden s’est appuyé sur la réserve stratégique américaine de pétrole (RSP) plus que sur n’importe lequel de ses prédécesseurs depuis la création de l’installation, après le choc pétrolier de 1973, comme outil pour faire face aux perturbations majeures du marché.
L’utilisation des réserves- stockées dans d’immenses cavernes de sel le long de la côte américaine du Golfe- a permis au président d’atténuer une partie des turbulences du marché causées par la guerre russe en Ukraine.
Enjeux électoraux
Le retrait initial de Biden des réserves en novembre a été qualifié de décision politique scandaleuse visant à réduire les prix de l’essence. Et ce, pour apaiser les électeurs, à une époque un peu perturbée. Beaucoup ont établi des comparaisons avec l’utilisation du SPR par le président Bill Clinton. Lorsqu’il voulait faire baisser les prix à la pompe à essence, avant l’élection présidentielle de 2000 entre son vice-président Al Gore et son challenger républicain George W. Bush.
Selon les analystes, la promesse de la Maison-Blanche de commencer à racheter du pétrole pour reconstituer les réserves à un prix de 67 à 72 dollars le baril était également importante. Une autre forme d’intervention qui a alimenté les prix du pétrole et affectera de nombreux mois à l’avenir. Pour Joe Biden, cette décision « contribuerait à fournir une certitude quant à la demande future de brut », a-t-il déclaré.
Après avoir montré sa volonté d’utiliser les stocks pour influencer les prix du pétrole, la Maison-Blanche devrait exploiter davantage de barils plus tard cette année si un embargo européen imminent sur les exportations russes– et d’éventuelles représailles du Kremlin– déclenche un resserrement du marché. Les analystes ont déclaré que les restrictions à l’exportation de produits pétroliers tels que l’essence et le diesel restaient également sur la table.
« Entre les armes occidentales à prix plafonné et les armes énergétiques russes, Joe Biden aura probablement besoin de ces barils ». C’est ce qu’en conclut Kevin Book, analyste chez ClearView Energy Partners à Washington.