L’arrestation de quelques individus, qui auraient tenté de provoquer un soulèvement à Kasserine, région toujours prompte à se soulever, et du frère d’un ex-candidat à la présidentielle, qui était en contact avec le fils de Rached Ghannouchi « toujours en voyage entre Londres et Istambul », n’est que la partie émergente de l’Iceberg.
En attendant que la police révèle l’étendue de ce réseau insurrectionnel, Ennahdha s’est fendu d’un communiqué disculpant le fils du gourou, tentant de jeter le discrédit sur les révélations faites par le Ministère de l’intérieur!
Quoi de plus normal, venant d’une organisation comme Ennahdha, qui a toujours suivi une stratégie de prise du pouvoir par la force; même au plus fort moment de sa domination totale sur les rouages de l’Etat.
Rappelons-nous de l’épisode de l’hospitalisation de BCE et la tentative des députés de ce parti de placer l’ex-premier ministre Chahed, à la tête de l’Etat. N’eût été la vigilance de l’armée et du Président du Parlement, Mohammed Ennasser, qui ont déjoué le complot.
« L’arrestation de quelques individus, qui auraient tenté de provoquer un soulèvement à Kasserine […] n’est que la partie émergente de l’Iceberg »
Le 8 juin 1987 les islamistes préparaient aussi un coup d’Etat contre Bourguiba qu’ils auraient assassiné; ainsi que la tentative d’assassiner le Président Ben Ali en ciblant son avion par un missile Stinger, en 1991.
Ennahdha a évidement toujours nié son implication n’eût été les révélations des ex-dirigeants Salah Karker et Moncef Ben Salem qui de leur vivant ont, non seulement reconnu les faits, mais ils en ont revendiqué la paternité. Il n’y a que Rached Ghannouchi qui a toujours nié l’évidence, comme pour les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohammed Brahmi.
Affaires pour lesquelles Rached Ghannouchi comparait toujours devant le juge d’instruction du pôle judiciaire anti-terroriste. Ces dernières affaires sont encore en cours d’instruction malgré les neuf ans qui nous séparent des faits. C’est dire combien était puissante la nébuleuse islamiste.
« Il n’y a que Rached Ghannouchi qui a toujours nié l’évidence, comme pour les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohammed Brahmi »
La nature subversive revient au galop
Un proverbe arabe dit que : « La nature prends toujours le dessus sur les formes empruntées », (al tab3ou yaghlibou al tatabou3). Or, la nature du parti islamiste est inscrite dans son ADN, les textes et le crédo fondateur de cette organisation par essence insurrectionnels. Encore plus quand elle continue à être dirigée par le même « guide » , mourshid, lui même fondateur depuis bientôt cinquante ans.
En attendant les résultats de l’enquête menée par les services compétents et qui peut révéler l’étendue de la toile d’araignée des réseaux subversifs, nous pouvons tout simplement revenir à l’histoire récente et aussi plus ancienne de ce qui est appelé un parti islamiste. Mais qui est en réalité une nébuleuse de structures secrètes, illégales ou légales, politiques ou paramilitaires, syndicales ou caritatives qui œuvrent pour le même objectif.
A savoir : prendre le pouvoir par les urnes ou par la force, sous la houlette du même chef, fondateur et éternel dirigeant, qui regroupe sous son commandement toutes une panoplie de structures qui travaillent sans relâche, pour le tamkin, le contrôle total, de l’Etat et la société et en faire une sorte de Califat. Comme le stipule l’utopie destructrice créée par Hasan al-Banna, le fondateur de la secte des Frères Musulmans, il y a bientôt un siècle (1926).
Rached el Ghannouchi n’en est que le représentant local et l’ensemble des structures qu’il contrôle ne sont que des instruments d’exécution de cette stratégie planétaire. Si la décapitation de la secte en Egypte l’a totalement anéantie dans le pays des Pharaons, ses succursales à travers les autres pays musulmans sont souvent intactes, dont celle, principale et essentielle pour sa reconstruction, qui est très bien implantée en Tunisie.
« La nature du parti islamiste est inscrite dans son ADN, les textes et le crédo fondateur de cette organisation par essence insurrectionnels »
L’erreur des démocrates a toujours été de considérer la formation islamiste comme un parti politique. Lequel peut, dans un environnement démocratique, se muer en parti politique conservateur et abandonner son idéologie fondatrice, comme pour les partis des démocraties chrétiennes en Europe.
Or, les partis de l’islam politique ne sont nullement des partis comme les autres. Car ils sont fondés sur un crédo, aqida, qu’ils considèrent comme divin et ne peuvent le trahir; sous peine de brûler dans l’au-delà, dans les limbes de l’enfer.
Tout au plus, peuvent-ils s’adapter pour afficher les idées dominantes de l’époque comme la démocratie, la liberté et les droits de l’Homme. Tout en continuant à professer en cachette les croyances les plus anti-démocratiques et les plus rétrogrades.
Puis, en cas de victoire, comme ils l’ont fait en 2011, ils mettent de côté leur masque et s’attèlent à appliquer les lois dites issues de la charia musulmane. Alors que ce ne sont que des lois éditées par les hanbalites et les wahhabites, courants extrémistes dans l’Islam.
Pour les islamistes d’Ennahdha, ou de leurs alliés d’el-Karama, ou d’autres islamistes, lutter pour la démocratie n’est qu’une tactique. En effet, elle permet de s’allier avec les libéraux et les démocrates pour combattre leur adversaire politique, en l’occurrence et actuellement Kaïs Saïed.
« L’erreur des démocrates a toujours été de considérer la formation islamiste comme un parti politique »
La subversion comme stratégie
Nous n’avons pas attendu les révélations du MI pour dire que les islamistes, et notamment Rached Ghannouchi, vont recourir aux actions déstabilisatrices et même insurrectionnelles pour renverser le régime établi par KS. Ils vont même activer leurs organisations clandestines et paramilitaires, comme Ansar-al-charia, qui peut même changer de nom.
Qui étaient ansar-al-charia, littéralement, les partisans de la loi charaïque? Sinon le bras armé d’Ennahdha, qu’il a aidé à se développer et à recruter des milliers de djihadistes envoyés en Syrie et qui se préparaient à revenir reconquérir le pouvoir par les armes comme l’avait déclaré à l’époque le tristement célèbre Abu Bakr al-Hakim, assassin direct de Chokri Belaïd et formé depuis longtemps dans les écoles coraniques contrôlées jadis par Ennahdha à Paris. Il était aussi recherché avant 2011 par la police tunisienne.
Ainsi, il rejoignit le pays, après avoir quitté la prison en France, juste après le coup d’Etat de 2011. Et il y séjourna, alors que Ali Larayedh était ministre de l’Intérieur sans qu’il soit inquiété; malgré le mandat d’amener qui était lancé à son encontre.
C’est à partir de Tunis, et avec la complicité des nahdhaouis, qu’il lança la plus grande opération de recrutements de djihadistes, aidé par Abu Iadh et avec la complicité des services de renseignements étrangers vers la Syrie.
« Nous n’avons pas attendu les révélations du MI pour dire que les islamistes, et notamment Rached Ghannouchi, vont recourir aux actions déstabilisatrices… »
Leur nombre avait atteint 12 000 et étaient parmi les combattants les plus féroces contre les forces régulières syriennes. C’est à peine il y a quelques semaines que ce dossier fût ouvert et que Rached Ghannouchi et Ali Larayedh comparurent devant le juge d’instruction anti-terroriste.
Pendant ce temps, et depuis des années, les islamistes préparaient cette phase qu’ils redoutaient, mais qu’ils prévoyaient. Comme le démontre la vidéo fuitée où R. Ghannouchi demandait aux dirigeants salafistes de Ansar al-Charia de patienter car « l’armée et la police ne sont pas garanties » ! Et il avait totalement raison et il l’a su à ses dépends le 25 juillet 2021.
Ce n’est pas seulement la découverte de réseaux subversifs dépendant de Rached Ghannouchi en personne qui prouve que ce dernier n’a jamais renoncé à sa stratégie subversive. Ce sont ses discours publics, depuis le coup de force de KS, qui prouvent ce choix.
Les déclarations où il annonçait que « bientôt KS ne sera plus au pouvoir », prophétie évidemment démentie par les faits; mais qui fût reprise récemment par Nejib El Chebbi chef d’une obscure organisation nommée « le front du salut » ( comme pour le FIS algérien ). Laquelle annonce « que la victoire est pour bientôt ».
Tous ces éléments prouvent qu’une conspiration de type putschiste se prépare dans l’ombre.
Alors quoi de plus normal que le fils en personne de celui qui a fait ces déclarations soit impliqué dans une tentative de provoquer une insurrection, financée à partir de Londres ou d’Istanbul, là où opèrent les services secrets les plus dangereux?
Les discours triomphaux de Rached Ghannouchi et de son gendre qui ne manquent pas un jour sans menacer les tenants du pouvoir actuel, prouvent que la proche famille du chef islamiste est totalement impliquée dans les tentatives insurrectionnelles des islamistes. Ajouté à cela l’implication d’Ennahdha dans les réseaux d’intoxication cybernétique et de blanchiments d’argent, affaires qui sont désormais devant la justice.
Alors, les islamistes passent résolument au plan B. Ils veulent renverser le régime, non par la rue comme ils le prétendent, sachant qu’ils en sont désormais incapables, mais par les coups tordus et les tentatives insurrectionnelles.
Sauf que le peuple tunisien n’est pas dupe, lui qui a toujours répugné la violence. Encore, une fois de plus, le fond conspirateur et putschiste des islamistes est mis à nu. Seuls les opportunistes de tout poil et les aventuriers peuvent les suivre dans ce chemin dangereux et destructeur. Sauf qu’il y a toujours d’irréductibles imbéciles.