Entre aspirations et réalités, la RSE représente un levier de l’économie circulaire et de l’investissement durable. C’est ce qui ressort de la 8ème conférence nationale sur la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), organisée aujourd’hui par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), en collaboration avec ses partenaires.
L’objectif de cette 8ème édition permet d’ouvrir le débat sur les perspectives collectives, locales et régionales. Tout en identifiant les préoccupations des différents acteurs territoriaux, mais aussi de faire converger leurs actions en faveur de la préservation de l’environnement, la promotion et le soutien de l’entrepreneuriat vert et circulaire.
Or la question essentielle est: en quoi consiste la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ? Par définition, elle est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités et leurs relations avec les parties prenantes (acteurs internes, externes, directs et indirects de l’entreprise). Autrement dit, la RSE se définit comme la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.
Même si les entreprises RSE sont déjà ancrées en Europe depuis plus d’une quinzaine d’années, cela n’empêche qu’elles sont appelées à se préparer dès 2023 à de nouvelles exigences de RSE. Or quelle est donc la position des entreprises tunisiennes en matière de RSE ?
Souvent évoquée comme un modèle d’intégration permettant de combiner les objectifs de développement économique, social et environnemental, la RSE a pour préoccupation d’installer au sein de l’entreprise une relation durable entre les parties prenantes afin d’avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable, comme l’a rappelé Tarek Chérif, président de la Conect.
Selon lui, le lien évident entre RSE et économie verte est tel qu’on ne peut parler de politique RSE d’une entreprise sans tenir compte du mode opératoire de cette dernière qui s’inscrit dans un processus de développement durable.
Il a fait savoir que les problèmes de la Tunisie sont par excellence économiques. Car pour relancer l’économie, il est important de promouvoir et de soutenir l’entrepreneuriat vert et circulaire. Et ce, en adoptant des lois conformes aux standards européens. « Tout comme j’insiste sur l’importance de miser sur l’export qui est, à mon sens, la meilleure solution pour une relance économique « , martèle-t-il.
De son côté, Douja Gharbi, membre fondatrice de la Conect, soulève l’importance de l’adhésion des entreprises aux modèles RSE, en les encourageant via la création d’un fonds dédié à l’économie verte, ou encore à moins de taxes pour les entreprises qui s’orientent vers l’économie verte.
Ce qui veut dire que l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources et en tenant compte de l’impact social et économique de l’entreprise. Il s’agit, en filigrane, de rompre avec le modèle de l’économie linéaire pour un modèle durable.
Une chose est sûre, aujourd’hui, cette 8ème conférence a porté sur deux panels. Dans un premier panel intitulé « La RSE et l’économie verte et circulaire, au profit du développement durable« , ont été évoqués, entre autres, la question du label RSE, son impact sur les parties prenantes, les exigences des institutions financières en matière de responsabilité et d’impact des entreprises dans la prise de décision de financement.
Présente lors du second panel, Melodie Merenda, responsable de projets RSE, ISR & Economie circulaire, Département RSE-Groupe Afnor, a souligné les enjeux du développement durable pour les entreprises.
Selon elle, il y a eu cette prise de conscience sauf que les entreprises ne savaient pas comment trop s’y prendre. Et c’est là qu’intervient le groupe Afnor qui a développé des solutions de diagnostic, de labellisation pour accompagner les entreprises à identifier leurs enjeux RSE. Tout en ayant les meilleures actions à déployer pour atteindre les objectifs RSE et de transition durable, de l’économie verte et circulaire.
Plus encore, un diagnostic RSE d’une entreprise est bien souvent lié au secteur d’activité ainsi qu’à ses flux d’investissement. Ce qui sous-entend aller vers moins de consommation d’eau et d’énergie, améliorer la qualité de vie des collaborateurs pour éviter l’absentéisme et le turnover.
Pour le cas de la Tunisie, aujourd’hui il y a 400 entreprises labellisées dans le monde, dont trois entreprises tunisiennes (l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie, Proway Consulting et Advancia Teleservice en cours).
Cela prouve que les entreprises tunisiennes sont en train d’évoluer en devenant ainsi des entreprises leaders et extrêmement exemplaires en matière de RSE à l’échelle tunisienne. Ces retours d’expériences permettent de propager un peu le concept et enfin donner aux autres entreprises tunisiennes la possibilité de faire la même chose.
RSE: mettre les mécanismes nécessaires
Pour sa part, Bilel Sahnoun, directeur général de la BVMT, a fait savoir que pour que le pays adopte la RSE, il est important de mettre les mécanismes nécessaires. A l’instar de plus de politiques publiques, plus d’investissements, tout en adoptant une économie verte, à travers des infrastructures adaptées à cette économie. Il estime à cet effet que la Tunisie peut être une locomotive en matière d’économie verte. Et ce, en ayant des partenaires stratégiques, des bailleurs de fonds…
Citant entre autres l’exemple du marché du carbone qui s’élève à 100 milliards de dollars dans le monde: « Je reste convaincu que la Tunisie a tous les ingrédients de la réussite pour être un marché carbone régional. Et qui peut rapporter beaucoup », conclut-il.
Par ailleurs, dans le cadre du projet Cluster4Green, mis en œuvre par le programme ENI CBC MED et avec l’appui de l’UE, le département RSE de la Conect a l’opportunité de réaliser un programme de soutien à l’investissement durable afin de promouvoir des projets d’investissement responsables, de créer des opportunités économiques par la promotion de l’économie circulaire. Mais aussi de voir comment les institutions de l’État, les associations et les ONG ainsi que les entreprises privées abordent les questions de «l’écologisation».
Par souci de soutenir la mise en œuvre des actions de promotion des investissements durables aux niveaux national et international, Cluster4Green cherche ainsi à identifier et à développer les synergies existantes entre ces acteurs, afin de créer une alliance pour l’investissement durable basée sur des partenariats divers et variés.
Ouvrir le débat sur le concept d’économie circulaire
Cette conférence a permis également d’ouvrir le débat sur le concept d’économie circulaire/verte. Lequel désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources et en tenant compte de l’impact social et économique de l’entreprise. Il s’agit, en filigrane, de rompre avec le modèle de l’économie linéaire pour un modèle durable.