Après la Tunisie, le FMI a trouvé un terrain d’entente au niveau des experts avec l’Egypte. Le Caire est dans une situation beaucoup plus critique que celle de Tunis. Il peut être soulagé, bien que les réformes ne soient pas faciles à mettre en place. L’accord est soumis à l’approbation du Conseil d’administration du FMI. Il devrait examiner la demande des autorités en décembre.
Le programme, au titre du mécanisme élargi de crédit, aura comme durée 46 mois et portera sur un total de 3 milliards de dollars. Le principal objectif est de soutenir la balance des paiements et le budget, ainsi que de permettre aux autorités en Egypte de trouver d’autres sources de financements.
Un engagement supplémentaire d’environ 5 milliards de dollars est attendu des partenaires multilatéraux et régionaux pour l’exercice 2022-2023. Ce qui contribuera à renforcer la position extérieure du pays.
Le gouvernement égyptien a également demandé un financement au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité nouvellement créée. Ce financement vise à fournir un financement abordable et à long terme pour aider à renforcer la résilience, notamment contre le changement climatique. Les discussions sur l’accès à cette facilité, qui pourrait débloquer jusqu’à 1 milliard de dollars supplémentaires, auront lieu dans les mois à venir.
L’armée en ligne de mire
A travers cet accord, les autorités tentent de maintenir la stabilité économique, de remédier aux déséquilibres macroéconomiques et aux retombées de la guerre en Ukraine.
Pour cela, des réformes structurelles profondes sont nécessaires, y compris au niveau de la gouvernance, pour promouvoir une croissance tirée par le secteur privé et la création d’emplois. Le FMI fait référence, entre les lignes, au surpoids des entités économiques de l’armée égyptienne qui opèrent quasiment dans tous les secteurs et ne permettent pas à la concurrence de fonctionner correctement.
Le Caire a déjà pris des mesures saluées par l’institution financière internationale. Parmi ces décisions, l’extension de la protection sociale ciblée, la mise en œuvre d’un régime de taux de change flexible et la suppression progressive de l’utilisation obligatoire des lettres de crédit pour le financement des importations.
Les engagements du gouvernement Medbouli portent sur des ajustements macroéconomiques, avec une politique budgétaire axée sur la réduction de la dette publique et des besoins de financement bruts, et l’amélioration de l’efficacité du système fiscal. Cela ne touchera pas immédiatement le filet de protection sociale. Celle-ci continuera d’être renforcée, comme l’extension temporaire de l’aide d’urgence aux détenteurs de cartes de rationnement.
La livre paie le prix
En particulier, il y aura le passage à un régime de taux de change flexible. Il devrait, selon le FMI, résorber les déséquilibres extérieurs, stimuler la compétitivité de l’Égypte et attirer les investissements directs étrangers. La livre a librement chuté. Il faut désormais plus de 23 livres pour s’offrir un dollar. Cela aura, certes, un impact inflationniste que les autorités monétaires doivent gérer.
La situation est très compliquée socialement. C’est loin d’être simple à maîtriser. L’Egypte devrait accueillir la 27e Conférence des Parties sur le changement climatique (COP 27). Le pays risque de connaître de larges manifestations à cette occasion. Cette dévaluation ne semble pas aussi être appréciée par une population en souffrance.