Tout autour de la Méditerranée, la seule voie sécuritaire prend en matière de migration illégale le dessus sur tout. S’il est vrai qu’elle est incontournable, elle ne doit pas être privilégiée.
C’est de deux choses l’une, comme on le dit en pareil cas : concrètement soit on fait peu de cas de la question; soit on n’entend pas agir pour arrêter l’hémorragie. De quoi s’agit-il? Tout simplement de la migration illégale.
De ce côté de la Méditerranée ou de l’autre, il y a comme une politique qui ressemble bien à celle de l’autruche. Le comportement de celle-ci est connu : elle enfouit sa tête dans le sable en se croyant ainsi complètement cachée.
Pourtant le mal ne fait que grandir et ne pourra pas s’arrêter de sitôt. Ainsi, chaque jour apporte son lot de réfugiés qui arrive à joindre les côtes de l’Italie ou de la Grèce. Et ce, lorsqu’ils ne meurent pas en Méditerranée, devenue un cimetière à ciel ouvert.
Une politique honteuse
Et les politiques sécuritaires n’arrivent pas à décourager des milliers de gens qui tentent chaque jour d’aller en Europe. Là où, pensent-ils, l’herbe est plus verte. Défiant alors la police des frontières et la mort.
Un récent reportage diffusé sur la chaîne qatarie Al Jazeera (de la série d’investigation « Ma khafia Aadham », Ce qui est caché est pis encore) nous montre que le monde civilisé ne recule devant rien pour appliquer une politique des plus honteuses. On y découvre que la Grèce, un des berceaux dit-on de l’humanité, a inventé une armée de « l’ombre » pour chasser brutalement les migrants qui tentent de rentrer sur le territoire grec.
Une armée faite de migrants. Une version qui a été confirmée par un député et un ancien ministre grec, Yanis Varoufakis. D’ailleurs, il assure que « les institutions européennes, l’Union Européenne et d’autres gouvernements » ont commis « des crimes contre l’humanité ». Et d’ajouter qu’il « existe une politique en vue de dissuader les migrants ».
Du côté sud, et sans que l’on atteigne évidemment ces horreurs, la politique poursuivie est celle de la prédominante sécurité. Les autorités tunisiennes, qui n’ont réagi au drame de Zarzis, à en croire le Forum Tunisien des Droits Economique et Sociaux (FTDES), qu’après 20 jours, privilégient un tant soit peu la solution sécuritaire.
« Construire un espace de prospérité »
Là aussi, celle-ci est bien nécessaire. Même obligatoire. Mais n’y a-t-il que cela? Que ce soit de ce côté de la Méditerranée ou de l’autre, il faut agir aussi sur d’autres terrains. Et notamment celui de la communication, pour expliquer le phénomène de la migration et dissuader par le verbe les partants. Tout en apportant des solutions pour assurer le développement.
On se souvient qu’il y a maintenant près de trente ans, on avait parlé d’un « Processus de Barcelone ». Lequel était initié entre l’Union européenne (UE) et dix autres États riverains de la mer Méditerranée. A savoir : l’Algérie, la Palestine, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. Avec pour crédo « construire ensemble un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée ». Chimères!
Certains pensent encore qu’il s’agit d’un vœu pieux. Cependant une chose est sûre : si on n’avance pas durablement sur cette voie, il est on ne peut plus admis que la Méditerranée restera encore, et pour des années, un cimetière à ciel ouvert. Et les migrants, dont beaucoup n’ont rien à perdre et tout à gagner, continueront leur escapade!