Les enquêtes d’opinion auprès des professionnels constituent un élément important dans la construction des modèles de prévisions économiques.
L’INS a commencé à fournir ce type de données depuis quelques années. Les chiffres pour l’industrie manufacturière ont montré qu’il y a du bon et du moins bon pour la fin de l’année. Le moral des industriels tunisiens s’est relativement dégradé au cours du troisième trimestre de l’année. L’enquête de l’INS révèle en effet que le solde d’opinion, calculé sur la base d’un sondage auprès de ces professionnels, a reculé à 8 fin septembre 2022 contre 13 trois mois plus tôt. Les estimations plaçaient ce solde à 30. Ce qui montre l’ampleur de la déception par rapport à la réalité d’un secteur vital pour l’économie tunisienne.
Les problèmes de fonds persistent
En outre, le troisième trimestre connait également une hausse du solde des opinions sur le niveau de la production industrielle, passant de 1 fin juin 2022 à 6. Cette tendance explique la hausse du niveau de la demande de matériaux industriels, bien que 49,6 % des entreprises aient reconnu qu’elles trouvent des difficultés dans l’approvisionnement de matières premières.
« Le moral des industriels tunisiens s’est relativement dégradé au cours du troisième trimestre de l’année »
Les attentes en matière de prix sont restées stables sur la période. Il ne s’agit pas de la seule difficulté à laquelle les industriels font face. Il y a également: la taille du marché; la faiblesse de la demande; le financement;, le manque de pièces de rechange et des équipements. Cela a fait que les entreprises n’utilisent pas toutes leur capacité de production. Celle-ci reste en dessous de sa moyenne historique, soit 78 %.
La seule bonne nouvelle concerne le solde d’opinion concernant la main-d’œuvre, avec une hausse de 3 points par rapport au second trimestre 2022 pour s’établir à 14. C’est mieux de 2 points par rapport aux estimations.
Une dose d’optimisme
Toutefois, les industriels restent positifs pour le dernier trimestre 2022. Il y a une quasi stabilité dans l’évaluation du contexte global. Et ce, avec un solde d’opinion à 29. Bien qu’ils soient unanimes sur une baisse du niveau de la production industrielle au cours du quatrième quart de l’exercice (perte de 8 points du solde d’opinion).
La demande de matériaux industriels serait stable selon les estimations des chefs d’entreprises. Le recul de la demande extérieure se poursuivrait. Les entreprises continueraient à souffrir des mêmes problématiques.
Les prix des matières premières baisseraient, avec un indice qui est désormais à 66. Idem pour la demande qui a vu son solde d’opinion passer à 28. Et ce, en dépit d’un carnet de commande en chute au cours du troisième trimestre (solde d’opinion à 6 seulement contre 18 au cours du deuxième trimestre 2022).
« Le recul de la demande extérieure se poursuivrait et les entreprises continueraient à souffrir des mêmes problématiques »
La demande extérieure devrait s’inscrire en baisse puisque le score s’est établi à 26 contre 48 au cours du trimestre précédent. Mais malgré cela, le solde d’opinion en matière d’emploi continuera sa tendance haussière, passant à 19 pour le quatrième trimestre de l’an.
Les soucis des industriels prouvent que la croissance sera molle au cours des mois à venir. Le point le plus inquiétant reste la morosité du carnet de commandes qui risque de toucher de plein fouet les exportations. Il ne faut pas oublier qu’il y a déjà le problème des barrières vertes à l’entrée aux marchés de l’Union Européenne. Sachant que ces barrières vont entrer progressivement en vigueur dès le 1er janvier 2023 et continueront jusqu’à fin 2025.
Pendant toute cette période de transition, les importateurs devraient déclarer les émissions carbone des produits importés sans payer de pénalités. Ils ne commenceraient à supporter de tels frais qu’à partir de 2026. Les clients de nos industriels ont certainement commencé à penser à cela; alors que nous sommes loin d’être des producteurs qui respectent l’environnement.