Mais qu’est-ce qui empêche le chef de l’Etat de convoquer d’urgence, à Carthage, son ministre de la Jeunesse et du Sport et le président de la Fédération Tunisienne de Football (FTF), afin de les sommer de mettre de côté leurs conflits personnels avant que le couperet de la Fifa ne tombe ?
Comme si les Tunisiens baignaient dans la béatitude totale, Il ne manquait plus qu’une tuile qui risque de nous tomber sur la tête. Car, dans le pire des scénarios-catastrophes, la Tunisie pourrait être interdite de prendre part à la Coupe du Monde qui démarre dans moins d’un mois au Qatar. Et ce, à cause d’une stupide guéguerre entre le ministre de la Jeunesse et du Sport et le président de la FTF, dont les relations sont aux bas mots exécrables.
Et si par malheur la Fifa finissait par prendre cette lourde décision, l’Italie, première équipe du classement international non qualifiée pour la Coupe du Monde, serait repêchée, et ce, pour compléter le groupe D et affronter le Danemark, l’Australie et la France.
A qui la faute ?
Qui est responsable de cette option cauchemardesque qui nous donne tous des sueurs froides ? Dans une récente déclaration, le ministre de la Jeunesse et du Sport, en conflit ouvert avec la Fédération Tunisienne de Football, évoquait la possibilité de « dissoudre les bureaux fédéraux de différentes disciplines ». La FIFA aurait interprété ces propos comme une éventuelle « tentative d’ingérence » dans la FTF et demandé par conséquent à cette dernière des éclaircissements sur sa position sur les commentaires du ministre au plus tard vendredi dernier.
Epée de Damoclès
Ainsi, la Fifa du président italien, Gianni Infantino a officiellement écrit à la FTF pour lui demander de faire la lumière sur cette affaire. « Il a été porté à notre attention que les autorités étatiques sembleraient vouloir s’immiscer dans les affaires de la FTF, notamment en envisageant la dissolution du Bureau fédéral de la FTF. A cet égard, nous souhaiterions vous rappeler que les associations membres de la Fifa sont statutairement tenues de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans influence indue de tiers » ; lit-on dans une lettre fuitée en date du 24 octobre et destinée au président de la Fédération Tunisienne de football Wadii Jarii.
Ceci-dit, avant de prendre cette mesure extrême, la Fifa a accordé quelques jours à la FTF pour éclaircir sa situation.
Une manière diplomatique de signaler aux « autorités étatiques » que si l’ingérence du gouvernement tunisien dans les affaires de la gestion de FTF était avérée, la plus haute instance du football mondial pourrait décider de suspendre la participation de la Tunisie de toutes les compétitions, y compris la Coupe du monde qui aura lieu du 20 novembre au 18 décembre au Qatar. Et même la CAN.
Face à cette épée de Damoclès, le gouvernement est-il conscient des retombées catastrophiques de la menace brandie par la Fifa d’exclure les Aigles de Carthage de cette grandiose messe de football ; alors que gronde le spectre d’une explosion sociale qui pourrait éclater à tout moment, eu égard à la conjoncture que l’on sait, marquée par la détérioration sans précédent de la situation économique, sociale et politique de notre pays ?
C’est le dernier de leurs soucis
En attendant que le couperet de la Fifa ne tombe, le ministre de la Jeunesse et du Sport et le président de la FTF, englués dans un stérile conflit personnel nourri par un égo surdimensionné de part et d’autre, campent sur leurs positions comme si l’intérêt national et le rayonnement de la Tunisie dans le monde étaient les derniers de leurs soucis. Triste et révoltant !
Car, que dire aux Tunisiens qui attendent fébrilement le rendez-vous du Qatar pour s’offrir des moments furtifs de plaisir, oubliant pour quelques semaines, leur amer quotidien. Avec son triste lot d’inflation galopante, d’insupportable cherté de la vie, de pénuries à répétitions des produits alimentaires de base. Sans oublier l’angoisse des parents de la probabilité d’une année blanche pour leurs enfants.
Or, nos concitoyens ne sont pas les seuls à attendre cette messe grandiose du football international, le gouvernement compte également sur cette trêve pour mieux nous faire avaler la pilule amère des réformes consécutives aux accords prévus avec les bailleurs de fonds.
Enfin, juste une petite pensée pour les joueurs de l’équipe nationale qui portent l’espoir de tout un peuple, lesquels, au lieu de se préparer sereinement pour affronter les terribles danois ainsi que l’ogre français, se retrouvent malgré eux dans un tourbillon d’incertitudes.