La Réserve fédérale (Fed) a approuvé hier une quatrième hausse consécutive de son taux d’emprunt à court terme de 75 points de base, pour atteindre une fourchette cible de 3,75% – 4%, le niveau le plus élevé depuis janvier 2008. Le régulateur américain a signalé un changement potentiel dans la manière dont il abordera la politique monétaire dans sa guerre contre l’inflation.
La décision de la Fed n’est pas une surprise pour des marchés bien préparés. L’élément le plus important était la confirmation qu’il pourrait s’agir du dernier mouvement de 0,75%.
La nouvelle déclaration a fait allusion à ce changement de politique, en indiquant que lors de la détermination des futures hausses, la Fed « tiendra compte du resserrement cumulatif de la politique monétaire, des délais avec lesquels la politique monétaire affecte l’activité économique et l’inflation, et des développements économiques et financiers ».
Cela pourrait se traduire par une hausse des taux d’un demi-point lors de la réunion de décembre, puis par quelques hausses moins importantes en 2023.
Il y a une conviction qu’il faut de la patience pour faire baisser l’inflation et que cela risque de passer par un niveau final des taux d’intérêt plus élevé que prévu initialement. L’atterrissage en douceur que la Fed a évoqué auparavant risque donc d’être une illusion.
Inquiétudes pour les effets à long terme
Cette hausse de taux intervient alors que les récentes mesures de l’inflation montrent que les prix restent proches des niveaux les plus élevés depuis 40 ans. Un marché de l’emploi historiquement tendu pousse les salaires à la hausse, une tendance que la Fed cherche à enrayer en resserrant la masse monétaire.
Les craintes sont une récession comme prix pour la baisse du coût de la vie. L’économie américaine n’a pratiquement pas connu de croissance cette année, alors que les hausses de taux n’ont pas encore produit tous leurs effets.
À Wall Street, les marchés se sont redressés dans l’attente d’un assouplissement prochain de la politique monétaire. Toutefois, l’inquiétude grandit quant à l’impact à long terme de la hausse des taux.
Le Dow Jones a gagné plus de 13% au cours du mois dernier, en partie en raison d’une saison des bénéfices qui n’a pas été aussi mauvaise qu’on le craignait, mais aussi en raison des espoirs croissants d’un recalibrage de la politique de la Fed.
« Cette hausse de taux intervient alors que les récentes mesures de l’inflation montrent que les prix restent proches des niveaux les plus élevés depuis 40 ans »
Les rendements du Trésor ont également quitté leurs niveaux les plus hauts depuis le début de la crise financière, mais ils restent élevés. Le Treasury Bond de référence à 10 ans se situait récemment autour de 4,09%.
Il n’y a guère d’espoir que les hausses de taux s’arrêtent bientôt, bien que l’on s’attende à un ralentissement.
Les prix actuels indiquent également que le taux des fonds fédéraux (taux auxquels les banques se facturent mutuellement pour les prêts au jour le jour) culminera à près de 5% avant que les hausses de taux ne cessent.
Pour la Tunisie, cela signifie un dollar encore fort en 2023, donc une facture d’importations salée pour les matières premières et alimentaires.
Les conséquences sur l’inflation sont faciles à anticiper. Cela signifie aussi que même avec l’accord avec le FMI, il serait difficile de sortir sur les marchés internationaux. Car le coût à supporter serait à deux chiffres. L’exercice 2023 est celui de tous les risques.