Kamel Akrout, amiral à la retraite et ancien conseiller à la sécurité nationale du président de la République défunt, Béji Caïd Essebsi, a posté, mercredi 2 novembre 2022, une publication sur les réseaux sociaux.
Il a souligné qu’il faut « se garder de jouer dans la cour des grands (…) car on finit très souvent broyé par les enjeux que d’autres vont vous prêter ». « Cette importance ne sera que momentanée et provisoire. Les grands finissent toujours par réguler leurs relations, les petits paient toujours lourdement la note », a-t-il précisé, encore.
Abbou : La solution ne peut inclure Kaïs Saïed
Mohamed Abbou a affirmé que Kaïs Saïed a « trahi les Tunisiens et a démontré qu’il n’était pas à la hauteur. Il a considéré que le chef de l’Etat a failli à sa tâche et a dévié de sa mission à partir du mois de septembre de l’année 2021. Le pouvoir en place est devenu une autorité illégitime… « Il n’y a pas de constitution de 2022…Il y a un coup d’Etat réalisé par la force… Ce qui importe, c’est de choisir un président qui respecte l’Etat et ses institutions… La solution ne peut pas inclure Kaïs Saïed…Il a commis un crime : un coup d’Etat », a-t-il martelé, en substance lors de son passage mercredi sur les ondes d’une radio de la place.
L’ancien dirigeant à Nidaa Tounes et avocat, Lazhar Akremi a annoncé, en ce même mercredi 2 novembre 2022, que « la section de Tunis de l’Ordre national des avocats lui avait signifié qu’il serait interrogé pour une déclaration politique qu’il avait accordée à une radio parce qu’il avait adressé une lettre au président de la République l’appelant à mettre un terme à cette période avant qu’il ne soit lui-même fini… ».
« L’État est en faillite » a écrit, mercredi 2 novembre 2022, pour sa part, le secrétaire général du parti Ettayar, Ghazi Chaouachi, dans un post rendu public sur sa page officielle Facebook.
Appels pressants pour des élections législatives et présidentielles anticipées
Ces citations, toutes récentes, de personnalités de premier plan et loin de toute collaboration avec le mouvement islamiste d’Ennahdha ou du front dit de salut, viennent confirmer l’isolement du chef de l’Etat qui semble vivre, comme il l’avait reconnu, lui-même, sur une autre planète.
En effet, à part ses fans inconditionnels qui, tout en avouant ses multiples déviations, continuent à voir en lui le « messie sauveur », les diverses composantes du paysage politique et de la société civile considèrent qu’il ne bénéficie plus de la légitimité dont certains l’affublent.
Ces voix estiment qu’il devrait, par voie de conséquence, se soumettre ; de nouveau, aux urnes pour une élection présidentielles anticipée alors que d’autres voix vont jusqu’à réclamer des élections générales, législatives et présidentielles, en 90 jours, comme le stipule la Constitution de 2014, mais sans la participation de l’actuel président de la République.
Il faut dire que Kaïs Saïed ne fait rien, pour le moment, en vue de rassembler les Tunisiens et se poser dans la posture du Président de tous les Tunisiens.
Au contraire, les observateurs affirment qu’il est en train de diviser les citoyens entre bons et mauvais, entre patriotes sincères et traitres comploteurs, entre sincères menteurs et entre constructeurs et démolisseurs.
Gestion socioéconomique et financière « calamiteuse »
Même lors de son long discours de 37 minutes au Sommet arabe d’Alger, il a trouvé le moyen de retourner à l’ère et à la terminologie nassériennes du « peuple arabe » et de la « patrie arabe » tout en restant dans les généralités à part, bien entendu, un accent particulier sur la priorité absolue à la cause palestinienne.
Il a certes mis en relief l’obligation de revenir à l’unité de la nation arabe oubliant son geste, lors du sommet de la TICAD 8 à Tunis au cours duquel il avait accueilli le chef du Polisario…
Il reste admis par tous que le point le plus négatif durant les trois ans depuis le début de son mandat reste la gestion calamiteuse de la situation socioéconomique et financière, déjà désastreuse par la faute du legs laissé par les huit ans de pouvoir de la Troïka dominée par Ennahdha, et ensuite par Nidaa Tounès conduit par feu Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed, tous deux pernicieusement « chapeautés » par l’inévitable et incontournable Ennahdha.
En tout état de cause, les opposants à Saïed, plus dispersés que jamais, avouent leur impuissance à « sortir de l’auberge » dans la mesure où toute action de contestation a de très faibles chances d’aboutir face à un pouvoir dirigé par un chef d’Etat qui gouverne avec l’aide et le soutien des forces porteuses d’armes…