Beaucoup s’interrogent sur la manière dont le Gouvernement va pouvoir mener correctement l’exercice budgétaire 2022, notamment avec les incertitudes concernant la date de l’encaissement de la première tranche de l’emprunt FMI. Un petit exercice de calcul s’impose pour comprendre le vrai du faux.
Tout d’abord, il faut se mettre d’accord sur un principe : l’Etat ne va pas faire d’efforts exceptionnels d’ici la fin de l’année en matière de remboursement des différents fournisseurs. En d’autres termes, et vu les tensions de liquidités que personne ne peut nier, l’accent sera mis sur l’optimisation de l’allocation des ressources, même si elle sera réalisée au détriment de ces pauvres prestataires de services. Le train des dépenses serait donc le même, avec quelques exceptions que nous allons détailler.
La structure des dépenses des six premiers mois de l’année dégage une moyenne mensuelle de 3 163 MTND. Dans la loi de finances 2022, la moyenne s’élève plutôt à 3 930 MTND. Nous allons partir de ce dernier chiffre. Ce qui signifie que pour novembre et décembre, les caisses de l’Etat doivent générer aux alentours de 8 000 millions de dinars.
« L’Etat ne va pas faire d’efforts exceptionnels d’ici la fin de l’année en matière de remboursement des différents fournisseurs »
Ce montant n’inclut pas le remboursement du principal de la dette publique due durant la dernière ligne droite de l’année. Sur le front interne, il y a le paiement de la première tranche de l’avance accordée par la BCT en 2020 pour 910 MTND au cours du mois de décembre.
A cela, il faut ajouter le paiement des échéances de 1 829 MTND de bons du Trésor à court terme (BTCT). En tout, c’est donc 2 739 MTND de dettes libellées en dinar. Pour la dette extérieure, l’essentiel a été payé mais il y a 25 milliards de yens, l’équivalent de 550 MTND, à rembourser en décembre également.
En tout, il faudra donc mobiliser des ressources d’environ 11,149 milliards de dinars pour le reste de l’année.
Et autant de recettes
Côté recettes, il faut tenir compte du fait que le mois de décembre enregistre l’encaissement des acomptes prévisionnels à côté de la recette fiscale habituelle. Pour le mois de décembre, nous pouvons prendre comme proxy les revenus du mois de juin 2022 qui coïncide avec la première déclaration d’acomptes, soit 3 311 MTND. Pour le mois de novembre, nous allons prendre la moyenne des recettes fiscales des cinq premiers mois de 2022, soit 2 832 MTND.
De plus, nous supposons que l’Etat va encaisser 676 MTND sur les deux mois. Ce qui correspond à une moyenne mensuelle qui permettra à l’Etat d’encaisser ses prévisions de recettes non fiscales budgétisées pour l’exercice 2022. Au total, nous estimons les recettes propres à 6 819 MTND. Il faudra donc mobiliser 4 330 MTND.
A la fin de la journée du 3 novembre 2022, le compte courant du Trésor affiche un solde de 1 456 MTND. De plus, le Trésor encaissera 700 MTND levés, également le 3 novembre, dans le cadre d’une adjudication de BTC 52 semaines. Cela réduit le besoin à 2 174 MTND.
« Il faudra mobiliser des ressources d’environ 11,149 milliards de dinars pour le reste de l’année »
D’où l’importance de l’emprunt national qui devrait contribuer significativement à la résolution de tous ces problèmes de manque de liquidité. Nous nous attendons à la réussite de cette opération et à un minimum de souscriptions de 500 MTND. Il reste donc toujours un trou de 1 674 MTND, ce qui correspond quasiment au montant à rembourser au titre des bons du Trésor. Il est donc clair qu’il y aura de nouvelles adjudications de BTCT pour des montants équivalents à ceux dus.
Le gouvernement pourra donc terminer son exercice et respecter le minimum d’engagements. L’encaissement d’une première tranche du prêt FMI lui facilitera la tâche, mais il n’est pas vital. Maintenant, il faudra se pencher sur la question de la régularisation de la situation des fournisseurs et des entreprises publiques qui pèsent lourdement sur le Trésor. C’est primordial pour obtenir la confiance des opérateurs économiques et assurer la continuité des services publics.