Après son audition, hier jeudi, durant 14 heures, en tant que suspect dans l’affaire Instalingo par le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Sousse 2, Rached Ghannouchi a été maintenu en état de liberté; et ce, faute d’un « dossier vide ». A quoi cela rime-t-il? Et à quand la prochaine parodie de justice?
Comme l’a dit un jour Mark Twain, « l’histoire ne se répète pas, elle rime ». Ainsi, le mardi 19 juillet 2022, au terme d’une audition qui durait plus de 9neuf heures, le juge d’instruction près le Pôle judiciaire antiterroriste décidait de maintenir Rached Ghannouchi en « état de liberté ». Et ce, dans le cadre de l’affaire de l’Association Namaa Tounès. Alors que sur lui et plusieurs dirigeants nadhaouis pesaient des soupçons de blanchiment d’argent et de financement d’activités terroristes.
Puis, hier, jeudi 10 novembre à 23h 53, le sourire triomphant, levant le V de la victoire, debout dans sa berline à toit ouvert pour saluer une foule venue en soutien, R. Ghannouchi se pavoisait manifestement d’être « maintenu en état de liberté ».
Une vague expression hybride qui signifie qu’aucune charge n’a été retenue contre lui; mais qu’il reste à la disposition de la justice. Bref, qu’il n’est pas acquitté pour autant, n’étant ni innocent ni coupable. Allez comprendre quelque chose!
Rached Ghannouchi blanc comme neige
En effet, le chef historique du mouvement islamiste Ennahdha et ex-président du Parlement dissout a été libéré dans la nuit de jeudi 10 novembre. Et ce, après avoir été interrogé durant 14 heures d’affilée par le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Sousse. « Le dossier était vide, le juge d’instruction n’ayant noté aucune preuve reliant mon client ou Ennahdha au dossier Instalingo ». C’est ce que déclarait aussitôt Maître Sami Triki.
Théorie du complot
Déjà, le même avocat annonçait, mercredi 9 novembre 2022, sur les ondes de Diwan Fm, que son client n’avait aucun rapport avec cette affaire. Tout en ajoutant que son nom avait été « sciemment introduit » dans le dossier. « A chaque fois qu’il est impliqué dans une affaire, il est aussitôt innocenté par la justice. Rached Ghannouchi n’était même pas au courant de cette affaire. Il en avait pris connaissance après sa convocation avec d’autres personnalités. Il est évident que le pays est en train de négocier un tournant bien grave », poursuivait-il.
Pour sa part, à sa sortie de l’audience, Rached Ghannouchi, 81 ans, les traits tirés, le sourire forcé, affirma sans rire que le juge d’instruction n’avait retenu aucune charge contre lui. Son dossier était « vide », dixit l’intéressé.
« Il n’y avait aucun élément de preuve dans le dossier justifiant les poursuites contre ma personne ainsi qu’Ennahdha. Le juge, par ailleurs intègre, m’a questionné sur des personnes que je ne connais même pas avant de décider ma remise en liberté ».
Ghannouchi : « Les jours de la dictature sont désormais comptés »
Et de sauter sur l’occasion pour épingler indirectement l’hôte du palais. « Nous assistons aujourd’hui à des pratiques qui nous rappellent celles déjà vécues sous Bourguiba et Ben Ali. Mais, les jours de la dictature sont désormais comptés », avertit-il.
Pour rappel, avant de comparaitre jeudi matin, en sa qualité de suspect devant le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Sousse 2 dans le cadre de l’affaire Instalingo, Rached Ghannouchi n’a pas manqué de fustiger la main du pouvoir en place pour se poser, encore une foi, en victime.
« A l’instar de la dite affaire Namaa Tounès, mon dossier, de toute évidence, a été monté de toute pièce. Le pouvoir en place a monté un écran de fumée afin de détourner l’attention sur les préoccupations réelles de nos concitoyens ». Et d’ironiser : « En quoi ma présence ici peut-elle résoudre la pénurie récurrente du sucre, de la farine ou de d’huile végétale; sans parler de la régulation des prix, l’absence de la sécurité dans nos rues et les élections falsifiées »?
Une affaire explosive
Il convient de rappeler que le ministère public près le Tribunal de première instance de Sousse 2 ordonnait, le 20 juin dernier l’ouverture d’une enquête contre 28 personnes dans l’affaire Instalingo. A savoir une société implantée à la Kalaa Kébira et spécialisée dans la création de contenu et la communication numérique.
Elles sont accusées d’attentat ayant pour but de changer la forme du régime, d’incitation des gens à s’armer les uns contre les autres et à provoquer le désordre. Ainsi que de meurtre et de pillage sur le territoire tunisien et d’outrage au président de la République; et ce, conformément aux articles 67, 68 et 72 du Code pénal.